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Liban - Communautés

Assises islamo-chrétiennes à Dar el-Fatwa, pour redonner de la crédibilité au modèle libanais

À l’initiative du patriarcat maronite, un sommet interreligieux islamo-chrétien s’est tenu hier à Dar el-Fatwa auquel toutes les familles libanaises ont participé, et au cours duquel les présents ont réfléchi sur la meilleure manière de se réapproprier leur pacte national et de donner de la crédibilité au modèle libanais.

La table centrale des assises de Dar el-Fatwa : cheikh Naïm Hassan, le patriarche Raï, le mufti Kabbani et cheikh Abdel Amir Kabalan. Photo Sami Ayad

Voulues par le patriarche Raï comme une suite à un premier sommet qui s’était tenu à Bkerké, les assises d’hier ont permis au chef de l’Église maronite d’expliciter à ses interlocuteurs ses prises de position controversées devant le président Nicolas Sarkozy et d’autres officiels français.
Le patriarche avait notamment paru défendre le régime syrien, en affirmant qu’il fallait « lui donner une chance », et accorder au Hezbollah un droit permanent à posséder des armes.
En reprenant pour ses interlocuteurs les propos qu’il a tenus en France, le patriarche a replacé ses propos dans leur contexte global et rectifié la caricature qui en avait été faite, et l’impression qu’il prenait parti en matière de politique interne. Ce dont tous les partis prosyriens n’ont pas manqué de tirer avantage.
L’allocution du patriarche est intervenue après un mot d’introduction du mufti Kabbani dans lequel se dernier s’est félicité « de la victoire du Liban sur la discorde » et la guerre civile.
Selon M. Sammak, qui a dirigé la réunion, le patriarche a affirmé dans son mot « avoir décrit une situation » à l’adresse de ses interlocuteurs français, qu’il a « placés devant leurs responsabilités ».
« Le patriarche Raï n’a, à aucun moment, été mis en demeure de s’expliquer ou de se justifier, a ajouté le secrétaire du Comité national pour le dialogue. Il a affirmé que l’Église n’appuie aucune régime politique particulier, mais qu’elle est en droit de s’inquiéter des dérives confessionnelles qui menacent le vivre ensemble et l’avenir de ses fidèles ».
Devant le Sénat français, le 5 septembre dernier, le patriarche Raï avait affirmé : « Oui aux réformes, à la démocratie, à la liberté et à la modernité dans le respect des valeurs. Mais soyons vigilants contre toute dérive vers l’extrémisme, ou l’effritement sur des bases religieuses ou confessionnelles. »
« À la fin de son exposé, les choses étaient si claires et évidentes qu’aucune question ne lui a plus été posée », a conclu M. Sammak.
À aucun moment le patriarche n’a évoqué la visite qu’il doit effectuer aux États-Unis, et dont l’étape de Washington a été éliminée, ou la visite qu’en principe, un jour ou l’autre, il doit effectuer en Syrie dans le cadre de ses charges pastorales, qui lui imposent de visiter tous les diocèses, et si possible, toutes les paroisses de l’Église maronite.

Incident
Les assises chrétiennes ont quand même été marquées par un incident. Celui-ci aurait pu embarrasser le patriarche Raï, mais a fini par jouer en sa faveur. En effet, après la retransmission de la séance d’ouverture des assises islamo-chrétiennes et le bienvenue du mufti de la République par la radio La Voix du Coran, les micros devaient en principe être débranchés. Erreur involontaire du directeur technique, ceux-ci sont restés branchés et une grande partie de l’allocution du patriarche Raï, soumise en principe à un embargo, a été retransmise sur les ondes. Une aubaine dont se sont immédiatement saisis de nombreux sites en ligne. Toutefois, certains de ces sites ont notamment fait dire au patriarche : « J’ai demandé au président Sarkozy le renforcement de l’armée, afin que l’on puisse se débarrasser du Hezbollah. »
Cependant, selon Camille Menassa, membre du Comité national pour le dialogue islamo-chrétien, la phrase exacte prononcée par le chef de l’Église maronite se présentait comme suit : « J’ai demandé à la France de nous aider à renforcer notre armée, pour que le maintien des armes du Hezbollah ne se justifie plus. »
À l’issue des assises interreligieuses, un communiqué définissant les convictions communes de toutes les communautés a été publié. Le texte réaffirme notamment le principe de la parité entre députés musulmans et chrétiens au Parlement, mais occulte les questions controversées du Tribunal international et des armes du Hezbollah, au centre d’une vie polémique entre la majorité et l’opposition. Une opposition qui voit d’un mauvais œil Dar el-Fatwa, après Bkerké, s’éloigner de ses thèses les plus affirmées.
Voulues par le patriarche Raï comme une suite à un premier sommet qui s’était tenu à Bkerké, les assises d’hier ont permis au chef de l’Église maronite d’expliciter à ses interlocuteurs ses prises de position controversées devant le président Nicolas Sarkozy et d’autres officiels français.Le patriarche avait notamment paru défendre le régime syrien, en affirmant qu’il...

commentaires (16)

Mon cher Anastase, "Coexistence" je le dis avec un peu d'amertume mais c'est la formule que je trouve la plus objective à ce jour, car..eh oui!!... nous devons encore bâtir une nation!!! Nation basée sur la citoyenneté et la laïcité! Nous avons seulement (ce n'est pas peu si l'on considère les Palestiniens!) un pays, une patrie, un habitat (mawtan) que nous chérissons jusqu'à la moelle, certes! En attendant d'y arriver à une vrai Nation, si les volontés y convergent, la coexistence pacifique et cordiale, un peu comme entre colocs, est requise avec force et est indispensable. Ainsi, les notables religieux sont appelé à converger dans ce sens, d'où l'intérêt de Dar-el-Fatwa. La passage de la coexistence à l'intérieur une patrie, à la NATION requerrait l'ajout de: l'abolition du confessionnalisme, le respect et l'acceptation de l'autre et de la différence, la fraternité et l'EGALITE entre tous les citoyens...Y arriveront-nous un jour?? In challah!!

Ali Farhat

17 h 40, le 29 septembre 2011

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Commentaires (16)

  • Mon cher Anastase, "Coexistence" je le dis avec un peu d'amertume mais c'est la formule que je trouve la plus objective à ce jour, car..eh oui!!... nous devons encore bâtir une nation!!! Nation basée sur la citoyenneté et la laïcité! Nous avons seulement (ce n'est pas peu si l'on considère les Palestiniens!) un pays, une patrie, un habitat (mawtan) que nous chérissons jusqu'à la moelle, certes! En attendant d'y arriver à une vrai Nation, si les volontés y convergent, la coexistence pacifique et cordiale, un peu comme entre colocs, est requise avec force et est indispensable. Ainsi, les notables religieux sont appelé à converger dans ce sens, d'où l'intérêt de Dar-el-Fatwa. La passage de la coexistence à l'intérieur une patrie, à la NATION requerrait l'ajout de: l'abolition du confessionnalisme, le respect et l'acceptation de l'autre et de la différence, la fraternité et l'EGALITE entre tous les citoyens...Y arriveront-nous un jour?? In challah!!

    Ali Farhat

    17 h 40, le 29 septembre 2011

  • Mon ami Ali, vous avez bien raison. Mais, c'est plutôt les désaccords, à l'intérieur des communautés, qui renforcent leur rôle et le transforment de spirituel en politique. Les spirituels donnent l'exemple en se réunissant et se dialoguant pour apaiser les âmes. Les politiciens devraient le faire. Deux voies se présentent au Liban : 1 ) celle de la laïcité, que je ne vois point possible au Liban. 2 ) celle de la co-existence des communautés, que vous chérissez, et moi de même, si : un pacte national irrévocable, bien défini et sans failles, y est établi et ratifié par toutes les communautés. Et qu'on ne parle plus de confession dans nos cates d'identité. Cordialement Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    09 h 39, le 29 septembre 2011

  • Merci Anastase, vos paroles sont claires et me réconfortent!! pour revenir au sujet, je pense quand même que les hommes de dieux, du moins monothéistes, ont toujours eu un rôle politique par excellence qui est certainement amplifiée au Liban pour des raisons que nous tous connaissons parfaitement! Cordialement

    Ali Farhat

    08 h 46, le 29 septembre 2011

  • Monsieur Ali Farhat, excusez si vous avez trouvé mes phrases un peu brusques. L'intention n'y était pas. Vous pouvez toujours m'appeler Anastase, ou même Tasso tout court, et si vous le permettez j'en ferai autant. Nous échangeons des idées, c'est tout. Mon amitié va à tout le monde, qu'ils soient des 8 ou 14 Marsiens ou non. Pour moi, il n'est pas adéquat qu'on affuble sa Béatitude de qualificatifs politiques. Son approche est spirituelle et ses devises déclarées : Dialogue ! Amour ! Entente ! Cela dit tout. Car, il s'avère que je crie les mêmes devises depuis que j'ai commencé à écrire sur ce forum. Cordialement. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    05 h 52, le 29 septembre 2011

  • M. Tsiris, je vous trouve un peu exclusif et un tantinet agressif! Je n'entendais surtout vous offusquer mais plutôt échanger simplement des points de vue... J'espère de ne pas avoir froissé en appelant "Anastase" dans une de mes récente interventions car il est vrai, comme qui dirait, que nous n'avions pas élevés de cochons ensemble!! Ceci dit, non hélas je ne suis dans les confidences de Sa Béatitude mais je pense que certains signes ne trompent pas et puis la richesse spirituelle et son épaisseur culturelle ne peuvent que le placer aux dessus des petites mêlées partisanes, ce qui lui permet, à mon huble avis, de voir plus loin...très loin!

    Ali Farhat

    04 h 26, le 29 septembre 2011

  • Et, Monsieur Farhat, que savez-vous sur ce que sa Béatitude a compris et essaie d'appliquer ? Vous l'a-t-il confié ? Pouvez-vous nous en éclairer , Merci. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    03 h 12, le 29 septembre 2011

  • Et je tiens bien sûr à m'excuser à Monsieur Farhat pour avoir mentionné son nom dans mon commentaire où je parlais de laïcité. Et pour toute autre personne qui ne le partage pas non plus. Cordialement à tous Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    02 h 46, le 29 septembre 2011

  • Ah oui, Monsieur Farhat ? Eh bien, en Europe les musulmans, même si leur nombre sera de 25pct, ils vivent sous un système laïc. Et, ils ont tous les droits de citoyens. Chez nous, le confessionnalisme est ancré dans les esprits. Si on préfère ce système alors donnons le droit à toutes les communautés de s'armer comme une communauté le fait. Cela ne vous va pas bien sûr. La co-esistence vous la comprenez quand elle est à votre avantage seulement. Sa béatitude le Cardinal Sfeir était mauvais car il ne partageait pas vos vues. Le Patriarche Al Raï est bon car il a émit certaines idées que ( vous voulez comprendre ) à votre avantage. C'est cela la co-existence dont vous nous chantez. Non merci. Cordialement Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    02 h 27, le 29 septembre 2011

  • M. Tsiris, détrompez-vous! Je n'avais émis de commentaire sur cet argument qui ne m'intéressait que relativement, mais je ne partage pas votre pessimisme sur la question! Je pense encore que Liban porte en soi une véritable "mission" pour l'humanité et que nous aurons à enseigner dans les années futures le respect de l'autre religion aux plus avancés d'aujourd'hui (l'Europe en 2020 contera environ 25% de sa population d'origine musulmane), sinon la coexistence et pourquoi pas la fraternité entre religions sous le toit de la citoyenneté, on peut y arriver si chacun y met un peu de vrai bonne volonté...Mgr Rai et certains autres l'on bien compris et essaient de l'appliquer!

    Ali Farhat

    19 h 05, le 28 septembre 2011

  • Oui Anastase, c'est là mais je ne pousserais pas le pessimisme jusqu'à dire que c'est pour de bon. C'est à cause du laxisme de tous nos précédents gouvernements que nous subissons cette situation, et nous en sommes tous responsables. Mais ce n'est pas une raison pour laisser nos dirigeants actuels resserrer encore plus l'étau autour de ce qui reste comme monde libre dans la région. Je réagissais en fait à la "crédibilité du modèle libanais", modèle qui n'est finalement qu'une fusion d'ingérences et d'influences. Il est bien évident qu'un changement ne s'opèrera pas du jour au lendemain d'un claquement de doigts, mais c'est dans le sens d'une laïcisation qu'il faut oeuvrer pour espérer vivre un changement plus tard, et non pas continuer à nous baser sur nos différentes religions qui nous mèneront vers l'irréparable extrême. On peut toujours rêver me direz-vous mais je crois que ce rêve est réalisable. Je dis souvent qu'un début de déconfessionnalisation de notre système politique n'aurait que des effets positifs et j'en suis convaincu.

    Robert Malek

    17 h 55, le 28 septembre 2011

  • Et, prière lire à la ligne 6 : nous sommes obligés. Merci. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    14 h 45, le 28 septembre 2011

  • Et mon commentaire finissait ainsi : avec un système en lequel nous ne croyons plus. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    14 h 27, le 28 septembre 2011

  • Monsieur Robert Malek, tous, nous voulons un Etat laïc. Mais, ce qui est là, est là, malheureusement, et pour de bon. Le confessionnalisme est à son comble, comme il ne le fut jamais avant. Toutes les communautés ont des appréhensions les unes contre les autres. Surtout les non armées. Les politiciens, les religieux, cette situation leur sied bien sûr. Ils se voient indispensables. Nos voix sont perdues dans les dédales d'un ténébreux labyrinthe. Nous sommes abligés de vivre ce que nous vivons et de nous chamarrer les Kamel, Christian, Farhat, Issal, Malek, Jabbour, Tasso etc... pour un système auquel nous ne croyons plus. Cordia

    Anastase Tsiris

    14 h 26, le 28 septembre 2011

  • Le modèle libanais actuel, c'est-à-dire un système politique confessionnel, ne sera jamais crédible. Tout ce que l'on fait là c'est tourner autour du pot en évoquant la place de chacun par rapport à celle de l'autre, en essayant de s'identifier par rapport à l'autre, assujettis que nous sommes au bon vouloir de ceux qui ont le pouvoir, c'est-à-dire de gens armés qui ne représentent ni l'armée, ni la police, ni aucune force de sécurité légale. Tous les Libanais ont les mêmes droits et doivent être soumis à un Code civil sous garantie de la législation et de la juridiction de l'Etat. Et non pas aller chercher des textes et des articles à Dar El Fatwa ou à Bkerké ou dans des bunkers, sans parler des conseils avisés et éclairés de dictateurs en sursis ! Le modèle libanais sera crédible le jour où le Liban sera un Etat de droit où le communautarisme sera synonyme de cohabitation pacifique et non pas de division, garant de la liberté et de la sécurité de tous les Libanais.

    Robert Malek

    08 h 42, le 28 septembre 2011

  • Je crois que toutes ces assises ne serviraient à rien si : 1) L'une des moitiés du peuple Libanais ne se demande pas pourquoi l'autre moitié ne lui fait pas confiance et a peur de ses armes, et, essaie, par le dialogue, d'y remédier. 2) L'autre moitié du peuple Libanais ne se demande pas pourquoi la première moitié ne lui fait pas confiance et veut garder ses armes comme garantie, et, essaie, par dialogue, d'y remédier. Et, les deux moitiés, de se demander si elles ont jamais été honnêtes l'une envers l'autre. Point d'assises ne pourraient y remédier si les deux moitiés, elles-mêmes, n'en prennent l'initiative de le faire. Très amicalement Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    08 h 27, le 28 septembre 2011

  • Les assises islamo-chrétiennes à Dar el-Fatwa,encore une fois un ressort spirituel essentiel pour se situer à la charnière entre la religion et la politique et préserver la totale raison entre toutes les confessons libanaises pour faire face à la chute du pouvoir syrien . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    04 h 54, le 28 septembre 2011

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