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Liban - Éclairage

Scénario pour rééditer le modèle libyen en Syrie...

Le vendredi est désormais une journée attendue dans les médias pour prendre le pouls des « révolutions arabes ». Comme il se doit, la situation en Syrie vient en tête des préoccupations libanaises et les médias libanais lui accordent régulièrement la première place ; il y a ceux qui mettent en évidence l'horrible sort réservé au jeune Hamza el-Khatib et ceux qui préfèrent axer leur approche sur les réformes annoncées et qui commencent à être exécutées par le régime.
Ce qui est sûr pour l'instant, c'est que, deux mois après le déclenchement de la révolte populaire, le régime syrien résiste mais fait face à de sérieux problèmes. Lâché par le Qatar, il bénéficie encore de l'appui de la Russie, alors qu'avec la Turquie, les relations restent hésitantes. Selon des spécialistes libanais de la situation syrienne, la Turquie d'Erdogan tient à maintenir le régime actuel, tout en cherchant à inclure les Frères musulmans au sein du pouvoir. La réunion des opposants à Antalya a été ainsi financée et ouvertement appuyée par le régime turc qui a toutefois tenu à ce qu'il n'y ait pas parmi les opposants des représentants de l'ancien vice-président Abdel Halim Khaddam et de l'oncle du président, Rifaat el-Assad. Selon les spécialistes libanais, la Turquie chercherait en fait à contrôler l'opposition syrienne et à la canaliser, tout en se dotant d'une zone d'influence directe au nord de la Syrie, en vertu du principe selon lequel le tissu social syrien ressemble beaucoup à celui de Turquie et que, par conséquent, la situation en Syrie est considérée comme un problème interne à la Turquie. Mais c'est là que résiderait l'essence du conflit avec le régime d'Assad qui refuse de morceler le pays et d'en faire des zones d'influence qui échapperaient à son contrôle. Tout comme le rôle devant échoir aux Frères musulmans, qui représentent la base profonde du parti au pouvoir en Turquie, constitue aussi une divergence de taille entre les deux pays. Dans cette relation compliquée entre les deux régimes, Bachar el-Assad aurait ainsi exécuté une partie des conseils turcs en accélérant le processus de réformes tout en rejetant le principe des zones d'influence ainsi que la participation directe des Frères musulmans au gouvernement, se contentant de promettre de leur permettre de participer aux élections législatives. Il a en tout cas déjà libéré tous les prisonniers appartenant à cette confrérie.
Mais cela ne signifie pas pour autant que la partie a été remportée par le régime de Damas. Si, jusqu'à présent, il continue de bénéficier de l'appui de ses trois piliers (l'armée, les services de renseignements et la bourgeoisie commerçante), les derniers développements montrent que des pressions sont exercées sur l'armée pour la pousser à se désolidariser, au moins en partie, du régime. C'est ainsi qu'une grande partie des dernières émeutes se sont concentrées sur Rastan, la localité natale de l'ancien ministre de la Défense, Moustafa Tlass. Cette localité compte plus de cent officiers dans l'armée et, apparemment, ceux-ci n'ont pas fait défection. Bien au contraire, ils auraient demandé à la troupe d'intervenir pour mater les opposants qui voudraient provoquer des troubles à l'intérieur du village.
Concernant la Syrie, il y a donc toujours deux versions et plusieurs scénarios, mais le régime n'en continue pas moins de bénéficier de larges appuis, et trancher la situation, dans un sens ou dans l'autre, semble prendre du temps.
Selon des sources libanaises proches du pouvoir syrien, la situation est plus claire désormais avec les propositions concrètes du président Bachar el-Assad. Pour ces sources, certains opposants ont choisi de les accueillir favorablement, montrant ainsi que ce qu'ils veulent, c'est réellement plus de liberté et de démocratie, alors que d'autres les ont rejetées en bloc, montrant qu'ils s'inscrivent dans des complots étrangers contre la Syrie. Avec les premiers, un dialogue commence à se préciser ; avec les autres, le régime se défendra jusqu'au bout. Les mêmes sources font état d'un plan visant à utiliser le modèle libyen en Syrie, c'est-à-dire à créer une zone d'influence des opposants au nord du pays, qui ressemblerait au statut actuel de Benghazi. Ceux-ci auraient ainsi une base territoriale à partir de laquelle ils devraient former « un conseil révolutionnaire de transition » qui serait reconnu progressivement par les instances internationales. Le régime aurait alors recours à la force « pour libérer » Deir ez-Zor et ses environs, ce qui permettrait au conseil révolutionnaire de transition de réclamer une protection internationale. De même, cette région se situant à la frontière avec l'Irak, les tribus irakiennes voleraient au secours de leurs sœurs en Syrie et affaibliraient encore plus le régime.
La réussite de ce plan en Libye encouragerait les ennemis du régime à vouloir le rééditer en Syrie. Ce qui rappelle les propos du secrétaire général du Hezbollah au cours de son dernier discours, lorsqu'il a évoqué un plan de partition des pays de la région, allant de la Syrie jusqu'à l'Arabie saoudite. En passant par le Liban ? La question est d'autant plus inquiétante que Hassan Nasrallah a aussi précisé que le Liban n'est pas un îlot...
Le vendredi est désormais une journée attendue dans les médias pour prendre le pouls des « révolutions arabes ». Comme il se doit, la situation en Syrie vient en tête des préoccupations libanaises et les médias libanais lui accordent régulièrement la première place ; il y a ceux qui mettent en évidence l'horrible sort réservé au jeune Hamza el-Khatib et ceux qui préfèrent axer...

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