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Liban - Passion

Quand des Libanais rejoignent le club très exclusif des producteurs de vin dans le Bordelais

Tony Asseily s'est payé un rêve en achetant le château Biac. Le sujet le captive. Il s'y investit de plus en plus et il est en mesure de vous décliner dans le menu détail le pourquoi du comment de chacun des travaux engagés, de chacun des facteurs qui contribuent à la qualité du vin.

Installation des piquets et des nouveaux plants de vigne.

L'histoire commence en 1990: les Asseily louent tous les étés la même propriété pour les vacances familiales dans le Bordelais. En 2000, la propriété n'est pas disponible; la famille loue alors la maison d'hôtes de château Biac où ils se plaisent tout particulièrement. En 2005, ils décident d'acheter une maison de famille, destinée à rassembler ses membres dispersés ici et là en Europe. Ils cherchent entre Bordeaux et le Liban. De passage dans le pays de la vigne, ils vont saluer leurs anciens hôtes de Biac, les Rossini. M. Rossini s'y trouve seul, sa famille ayant bougé sur Paris. Il évoque alors son souhait de céder Biac. Les négociations durent un an et demi - les Asseily ne voulant acheter au départ qu'une propriété et non un vignoble - à l'issue desquelles la famille libanaise acquiert la propriété et le vignoble, en juillet 2006.
Le château porte une histoire: il aurait appartenu entre autres à deux vieilles filles, les sœurs Andrieu, qui l'auraient perdu au jeu au bénéfice d'un parent du célèbre peintre Bonnard, pour échouer au final aux mains d'un couple corse-allemand. Vieux de plus de deux cents ans, mentionné dans la seconde édition du XIXe siècle du Féret, la bible des vins de Bordeaux - depuis 1868 -, Biac se trouverait au croisement d'anciennes voies romaines. « C'est plus qu'un terroir, dit Patrick Léon, l'œnologue du château, c'est un véritable lieu.» Un lieu qui se dévoile petit à petit - on ne voit pas la propriété en arrivant - un secret que les Asseily ont voulu éclairer. C'est ainsi qu'ils ont choisi d'appeler leur liquoreux «Le Secret».
Pour révéler ainsi tout le potentiel de Biac, qui se trouve dans les Côtes de Bordeaux, appellation moins glamour que les autres, les nouveaux propriétaires se sont associés à l'œnologue Patrick Léon, qui fit la gloire des vins d'Alexis Lichine puis des Rothscild, qu'il s'agisse de Mouton ou d'Opus One, ou encore d'Alma Viva au Chili, et qu'ils rencontrèrent à dîner par hasard chez des amis bordelais. M. Léon avait alors pris sa retraite et choisi de faire du conseil à l'international. Lorsque les Asseily lui révèlent que c'est Biac qu'ils veulent raviver, il est immédiatement séduit: c'est bien le seul domaine qui l'interpelle dans la région. Le hasard fait bien les choses et les Asseily choisissent de foncer dans l'aventure viticole, dans laquelle le soutien de leurs amis du coin s'avère précieux. Christine Sourdes, une des œnologues les plus estimés pour les liquoreux, se joint également à l'équipe.
Tony Asseily ne prend pas ici la logique du financier - il est le fondateur de la banque d'affaires Schroders Asseily, devenue GT Asseily par la suite: la Communauté européenne voulait octroyer des subventions pour arracher les vignes et y substituer d'autres plantations. Il opte alors pour l'investissement et non pour les subventions, pour un grand vin et non pour un vin de masse. On ne fait pas de la rentabilité avec un grand vin. Les rendements sont volontairement très faibles: 35 hectolitres/hectare pour le rouge à Biac et 11 hl/ha pour le liquoreux. La rentabilité à terme devrait se situer aux alentours de 3%. Seules 18000 à 20000 bouteilles sont produites actuellement. Les Asseily ont fait le pari de la qualité: le vignoble est petit (9 ha), il a quarante-sept ans, la topographie du terroir capture les moindres rayons du soleil tout en canalisant la fraîcheur humide de la rivière, l'exposition sud/sud-ouest face à la Garonne est privilégiée. Il est dit géologiquement que les meilleurs terroirs sont ceux qui regardent la rivière... Autant d'éléments qui ont motivé les Asseily à tabler sur la renaissance d'un Biac de la classe d'un grand cru. Telle est leur ambition et ils ne lésinent pas sur les moyens qui restent cependant minutieusement réfléchis. Un plan décennal de replantation est engagé: seules trois ou quatre grappes par pied de vignes sont conservées pour la qualité du fruit et du sucre; les vendanges se font à la main... Investissement et persévérance à l'appui, ce sont 40000 bouteilles de rouge qui sont visées sur un horizon de huit ans.
Au Liban, Château Biac est vendu chez Aziz. En France, le vin est commercialisé par les établissements Duclot, maison de négoce bordelaise appartenant à la famille Moueix, propriétaire et distributeur des Château Petrus, Magdelaine et Trotanoy. Le vin est également vendu au Royaume-Uni et servi dans les plus grands restaurants londoniens.
Avec cette aventure, les Asseily ont pour souhait d'inscrire Biac dans une histoire de transmission, non seulement d'un patrimoine mais aussi d'une passion. Le «challenge», selon l'expression même de Youmna Asseily, attire aussi leurs trois enfants: Yasmina, Gabriel et Antonia, qui vaquent pour l'instant chacun à ses activités mais se rendent à Biac régulièrement et en suivent le développement. Et la famille est heureuse de faire partager sa passion du vignoble et de la région en accueillant les visiteurs dans sa maison d'hôtes du Vieux Biac. Dans un environnement et un espace ouvert sur des centaines de kilomètres vers les Pyrénées, qui ne peuvent qu'inspirer le peintre qu'est Youmna Asseily laquelle, pour l'instant, n'a d'yeux que pour sa vigne.
L'histoire commence en 1990: les Asseily louent tous les étés la même propriété pour les vacances familiales dans le Bordelais. En 2000, la propriété n'est pas disponible; la famille loue alors la maison d'hôtes de château Biac où ils se plaisent tout particulièrement. En 2005, ils décident d'acheter une maison de famille, destinée à rassembler ses membres dispersés ici et là en...

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