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Liban - La situation

Message sanglant à la Finul et début de sortie de crise pour les Télécoms

Qui veut précipiter le Liban dans le chaos ? Alors que l'une après l'autre les institutions de l'État s'effritent et se transforment en petits royaumes en guerre les unes contre les autres sur fond d'exacerbation confessionnelle, la violence fait sa réapparition par le biais d'une attaque contre un convoi italien de la Finul à Saïda, faisant six blessés, dont deux graves. C'est comme si soudain, après des mois de stagnation, les événements s'emballèrent, menant le pays au bord du gouffre.
Hier toutefois, et après une longue journée de contacts discrets effectués en grande partie par le président de la République - pris d'ailleurs à partie par le général Michel Aoun - et par le ministre de l'Intérieur Ziyad Baroud, dont le coup d'éclat de jeudi a largement contribué à accélérer la conclusion d'un compromis, un accord a été conclu qui a permis à l'armée de se déployer autour du bâtiment des communications internationales à Tahwita, devenu la nouvelle arène d'affrontement interne, avant d'en prendre la charge en attendant que les choses se calment. Ce déploiement de l'armée doit désamorcer la bombe qui risquait d'exploser entre le département des informations aux FSI qui contrôle l'intérieur du bâtiment, et en particulier le mystérieux deuxième étage, et le département de la sécurité des ambassades chargé de la protection du ministère et de ses bâtiments. Les journalistes postés depuis jeudi sur place ont pu ainsi voir hier en début de soirée une unité de l'armée avec un véhicule blindé s'installer devant l'entrée du bâtiment alors que plus d'une quarantaine d'éléments du département des informations en sortaient. Selon un journaliste, un 4 x 4 aux vitres fumées est resté longtemps garé devant la porte de l'immeuble, sans qu'on sache exactement s'il avait pour mission de transporter du matériel ou des personnes restées à l'intérieur du bâtiment et qui préféraient en sortir dans la plus grande discrétion. Plus tard en soirée, l'armée a affirmé qu'elle contrôlait désormais l'ensemble du bâtiment, dont le fameux deuxième étage.
Interrogé par L'Orient-Le jour, le ministre des Télécommunications, Charbel Nahas, a précisé que le déploiement de l'armée est le fruit d'un accord conclu visant à désamorcer la bombe et à mettre un terme à « la situation d'insurrection » qui s'était produite dans ce local. Nahas a expliqué que sa décision de se rendre au bâtiment jeudi avait été annoncée à l'avance et qu'elle reposait sur le fait que le réseau LBN Ogero, offert par les Chinois en 2006 et accepté par une décision du Conseil des ministres qui a confié au ministère la charge de le faire fonctionner, devait, au bout de quatre ans, avoir achevé sa fonction de test et de formation des équipes. Il était donc temps d'y mettre un terme et de passer à une autre étape, d'autant que les Chinois avaient accepté de reprendre le dispositif pour le mettre à jour et l'adapter au système 3G. Nahas avait donc annoncé son intention de se rendre sur place pour démanteler le réseau en vue de le rendre aux Chinois par le biais d'une note interne rédigée le 31 mars. Pourtant, à son arrivée, il s'est heurté à l'opposition des éléments du département des informations aux FSI qui avaient, selon l'officier sur place, l'ordre d'empêcher quiconque, sauf le ministre et les directeurs généraux, d'entrer dans cet étage et de démanteler le dispositif. Selon Nahas, la réaction disproportionnée des éléments du département des informations et leur détermination à se battre pour empêcher l'accès au deuxième étage du bâtiment ont suscité sa suspicion. Pourquoi vouloir protéger de cette façon violente ce réseau? Était-il mis en fonction pour des buts lucratifs ou pour des objectifs sécuritaires, comme l'affirment des voix au sein du 8 Mars, qui vont même jusqu'à dire qu'il était destiné à couvrir le littoral syrien ?... Le ministre Nahas refuse de confirmer ou de démentir ces théories, précisant que le plus important à ce stade, c'est de mettre un terme à la situation d'insurrection et de rendre à ce bâtiment, qui comporte des équipements très sophistiqués (un central majeur, un centre de communications internationales, le noyau du réseau d'interception légale des communications aux sixième et septième étages qui devrait regrouper les FSI, les renseignements de l'armée et les magistrats, mais qui n'a jamais encore opéré en raison des zizanies que tout le monde connaît), son caractère civil. Pour le réseau controversé, il se pourrait qu'on ne sache rien de précis car il pourrait avoir été démantelé avant l'arrivée de l'armée. Une solution à la libanaise en somme, où aucun problème n'est réglé sur le fond et où une polémique en chasse l'autre...
Toutefois, le dossier politique ne semble pas devoir se fermer de sitôt. En effet, le général Michel Aoun a réclamé que le directeur général des FSI, le général Achraf Rifi, qui, à ses yeux, s'est rebellé contre les directives de son ministre, soit démis de ses fonctions et traduit devant le parquet militaire. Nahas réclame à son tour des sanctions contre Abdel Menhem Youssef, et les députés du Bloc du changement et de la réforme menacent de tenir un sit-in jusqu'à obtenir gain de cause. En même temps, des manifestations d'appui au général Rifi ont eu lieu à Tripoli, alors que les députés et les médias du Courant du futur attaquaient violemment Aoun et Nahas, les accusant de vouloir régler des comptes personnels et de chercher à mettre la main sur l'ensemble de l'État.
Bref, le pire a été évité, mais la polémique se poursuit. Entre-temps, un nouveau dossier s'est ouvert et il risque de replonger le Liban dans le cycle de la violence.
En effet, une charge explosive a été actionnée, hier, au passage d'un convoi de la Finul brandissant le drapeau italien, faisant six blessés dont deux graves, à l'entrée nord de Saïda dans la région de Rmeïlé. Or, c'est aussi à ce même endroit qu'une autre charge avait explosé, toujours au passage d'un convoi de la Finul, en 2008. Selon les premières investigations, la charge d'hier était de 10 kg de TNT et elle n'était pas posée sur la route même, mais sur le bas-côté, ayant été actionnée à distance au moyen d'une télécommande. Cette région est pratiquement située entre deux fiefs palestiniens, les collines de Naamé et le camp de Aïn el-Héloué ; et déjà les soupçons vont vers diverses formations utilisées lorsque le besoin s'en fait sentir par différentes parties politiques, libanaises ou non. Le Hezbollah s'est empressé, dans un communiqué, de condamner l'attaque et de réclamer que les criminels soient démasqués. Les condamnations se sont d'ailleurs multipliées. Mais ce qui est sûr, c'est qu'à travers cette agression, le Liban redevient une boîte postale sanglante, sur fond de vide gouvernemental et de division profonde du pays. Cette politique du bord du gouffre, que la classe politique affectionne tant, risque cette fois de faire tomber tout le monde, au moment où l'ensemble de la région est en pleine zone de turbulences.

Qui veut précipiter le Liban dans le chaos ? Alors que l'une après l'autre les institutions de l'État s'effritent et se transforment en petits royaumes en guerre les unes contre les autres sur fond d'exacerbation confessionnelle, la violence fait sa réapparition par le biais d'une attaque contre un convoi italien de la Finul à Saïda, faisant six blessés, dont deux graves. C'est comme si...

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