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Liban - Feuille de route

La prophétie Makhlouf

« S'il n'y a pas de stabilité ici, il n'y a aucun moyen qu'il y ait de la stabilité en Israël (...). Rien ni personne ne peut garantir ce qui se produira après, si quelque chose arrive à ce régime, Dieu nous en prévienne(...). Je n'ai pas parlé de guerre. Ce que je dis, c'est ne nous laissez pas souffrir, ne mettez pas trop de pression sur le président, ne poussez pas la Syrie à faire ce qu'elle n'est pas heureuse de faire. »
Cette mise en garde de Rami Makhlouf, cousin de Bachar el-Assad, le monde entier, de Washington à Tel-Aviv, a pu la lire dans les colonnes du New York Times, le 10 mai.
Pas moins de cinq jours plus tard, à la première occasion venue, la commémoration de la nakba, le front du Golan, silencieux depuis près de quarante ans, se réveille pour la première fois, ainsi que celui du Liban-Sud, dans le coma depuis près de cinq ans - et ce à l'heure où le régime syrien continue d'assiéger son propre territoire, ville par ville, rue par rue, impasse par impasse, maison par maison.
Mais il y a cette fois plus que la simple exploitation habituelle de la tragédie palestinienne - notamment par territoire libanais interposé - de la part du « front du refus » syro-iranien. Il y a beaucoup plus. Il y a en effet une remarque de Marx à l'égard de Hegel qui vient inexorablement à l'esprit pour accentuer encore plus le caractère tragiquement risible et caricatural de la situation. Pour Marx, « Hegel remarque quelque part que tous les grands faits et les grands personnages de l'histoire universelle adviennent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d'ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce. »
Car déjà en juillet 2006, à l'heure où, asphyxié et isolé au plan international, le régime syrien vacillait sérieusement dans la foulée de la révolution du Cèdre au Liban, il avait fallu une guerre entre le Hezbollah et Israël pour initier la contre-révolution de l'axe syro-iranien au Liban, dans l'objectif d'affaiblir le camp du 14 Mars à l'avantage du Hezbollah et, partant, de sauver le règne du Baas syrien.
L'intérêt iranien de saboter le 14 Mars et d'inverser les rapports de force au Liban et l'intérêt israélien de venir à la rescousse de son allié le plus docile dans la région s'étaient ainsi objectivement conjugués dans un tourbillon de feu et de sang, aux dépens de centaines d'innocents libanais. Il reste que les objectifs recherchés avaient été pleinement réalisés.
Aujourd'hui, c'est bien à la lumière de la prophétie Makhlouf qu'il faut lire ce réveil peu surprenant des fronts du Golan et du Liban. C'est dire tout ce que le régime de Damas est disposé à faire - épuiser toutes les cartes sécuritaires dont il dispose encore au niveau libanais et palestinien - pour éviter la victoire de son peuple contre l'oppression - en l'occurrence, rallumer les feux de l'enfer partout.
Mais, encore une fois, gageons que les moins surpris sont les Israéliens, dont la presse, aussi bien à gauche qu'à droite, n'a eu de cesse d'encenser Bachar el-Assad et ses hommes durant les deux derniers mois. Il est certain que Tel-Aviv a lu et bien compris l'appel au secours du cousin du président Assad cette semaine.
L'opération de sauvetage a-t-elle commencé hier ? Probablement. Mais il en faudra sans doute beaucoup plus, cette fois, pour duper le monde entier - Libanais compris - et « sauver le soldat Bachar ». Près d'un millier de morts, des milliers de blessés, de disparus et de prisonniers politiques, dans une répression sanglante de type soviétique, c'est dur, bien trop dur à effacer...
Un peu comme Rambo IV ou Rocky VI. Les vieux mythes, quand ça ne marche plus, ça commence - très sérieusement - à faire sourire. Ou grimacer, selon les goûts.
« S'il n'y a pas de stabilité ici, il n'y a aucun moyen qu'il y ait de la stabilité en Israël (...). Rien ni personne ne peut garantir ce qui se produira après, si quelque chose arrive à ce régime, Dieu nous en prévienne(...). Je n'ai pas parlé de guerre. Ce que je dis, c'est ne nous laissez pas souffrir, ne mettez pas trop de pression sur le président, ne poussez pas la Syrie à faire...

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