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Liban - Éclairage

Le Liban redoute les retombées de la révolte en Syrie

Le Liban, qui a subi la tutelle politico-militaire de Damas pendant 30 ans, suit de près la révolte en Syrie dont les implications influeront inéluctablement sur le pays du Cèdre divisé entre prosyriens, avec à leur tête le puissant Hezbollah, et antisyriens.

La télévision du Hezbollah, al-Manar, ignore les heurts à Deraa, sauf pour adopter la version du régime qui impute les manifestations à un "gang armé". Dans la photo, des pro-Assad et pro-Nasrallah défilent à Damas en soutien au président syrien./

"Tout changement en Syrie aura un grand impact sur l'équilibre de forces au Liban", affirme le politologue Raghid el-Solh, expert du monde arabe.
Selon lui, "une montée en puissance de la contestation se répercutera négativement sur le Hezbollah" chiite, principal allié de Damas qui prône la lutte contre Israël. La Syrie est accusée par Washington et l'État hébreu de lui faire parvenir des armes à travers son territoire.
"En revanche, cela va donner de l'espoir à ceux qui s'opposent à l'hégémonie syrienne au Liban", précise-t-il.
Dans la foulée de l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri en 2005, la Syrie a été forcée sous la pression de la communauté internationale de retirer ses troupes du Liban. Divisé en deux camps, le petit pays méditerranéen a sombré dans des crises politiques successives et Damas a continué de s'attribuer en coulisses le rôle d'arbitre entre les différentes parties.
"Si la révolte se poursuit à Deraa (sud de la Syrie) et se propage dans d'autres villes, le scénario probable est que le régime faiblisse et qu'il se concentre sur sa crise", estime Ziad Maged, professeur de sciences politiques à American University of Paris (AUP) à l'AFP. "Ceci déstabiliserait ses alliés au Liban".
D'après lui, les révoltes qui ont secoué et parfois fait tomber d'autres régimes arabes autoritaires "limitent la capacité de la Syrie à "exporter" les crises dans la région et notamment au Liban", en référence également au rôle de Damas dans les dissensions entre Palestiniens et en Irak.
Le Liban est sans gouvernement depuis janvier, lorsque le Hezbollah a fait tomber le cabinet de Saad Hariri, soutenu par Washington et Ryad, après des mois de bras de fer lié à l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri, dans lequel le parti chiite s'attend à être mis en cause.
Si la classe politique libanaise s'attendait à une intervention de Damas pour accélérer la formation du gouvernement du Premier ministre désigné Nagib Mikati, les événements en Syrie semblent accaparer l'attention du régime de Bachar el-Assad.
"Cette situation pourrait durer si Damas est pris totalement par sa crise", estime M. Maged. "Un deuxième scénario serait que la Syrie règle rapidement la crise gouvernementale au Liban pour se concentrer sur ses affaires intérieures".
Pour l'instant, les deux camps évitent de commenter les développements chez "le grand frère syrien", où les manifestations sont réprimées dans le sang.
Mais leurs médias respectifs se plaisent à minimiser l'importance ou à accorder une large couverture à la révolte, selon leur orientation politique.
Ainsi, la télévision du Hezbollah, al-Manar, ignore les heurts à Deraa, sauf pour adopter la version du régime qui impute les manifestations à un "gang armé". En revanche, elle couvre en long et en large le mouvement de contestation à Bahreïn, où l'opposition est en majorité chiite.
De leur côté, les médias plutôt antisyriens mettent en avant les événements de Syrie et diffusent la moindre information.
Tout comme les hommes politiques, les citoyens libanais sont divisés.
"Héros de Deraa, le printemps va fleurir chez vous", "hommage aux habitants du sud de la Syrie révoltés contre l'oppression et l'injustice", écrivent de jeunes Libanais antisyriens sur Facebook.
"Certains tentent de faire croire que le problème est un manque de démocratie, mais la situation en Syrie n'est pas inquiétante", lâche de son côté, Jamal Safieddine à Tyr, dans le sud du Liban, un bastion du Hezbollah.
"Tout changement en Syrie aura un grand impact sur l'équilibre de forces au Liban", affirme le politologue Raghid el-Solh, expert du monde arabe.Selon lui, "une montée en puissance de la contestation se répercutera négativement sur le Hezbollah" chiite, principal allié de Damas qui prône la lutte contre Israël. La Syrie est accusée par Washington et l'État hébreu de lui faire parvenir...

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