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Liban - Départ

Le pape accepte la démission de Nasrallah Sfeir, "le patriarche qui n'a courbé sa tête que devant Dieu"

Avec beaucoup de tristesse, les chrétiens libanais, et surtout les maronites d'entre eux, ont appris hier que le pape Benoît XVI avait accepté la démission que lui avait presentée il y a de longs mois le patriarche Nasrallah Sfeir. En effet, c'est au lendemain d'une réunion cruciale entre le souverain pontife et Mgr Sfeir vendredi, à Rome, que le Saint-Père a exaucé le vœu du père de l'Église maronite en lui adressant une lettre dans laquelle il acceptait sa démission.

"De toute façon, je reste avec vous et supporterai ce que vous supportez. Si vous traversez des jours heureux, je serai heureux avec vous", c'est avec ces mots que Mgr Sfeir avait choisi de mettre un terme à sa mission, aspirant au "repos éternel..."

Le patriarche Sfeir, qui a franchi le seuil de 90 ans, avait lucidement fait face à la réalité en formulant par écrit, dans un mot adressé au pape, il y a quelques mois, le souhait de se démettre de ses charges patriarcales au bénéfice d'un homme moins exposé aux aléas de l'âge. Sfeir avait observé que "tout a une fin". "J'ai fait tout ce qui est en mon pouvoir, mais j'ai aujourd'hui 90 ans et je dois penser à mon repos éternel avant tout autre chose. C'est pourquoi j'ai trouvé opportun de présenter ma démission à Sa Sainteté le pape Benoît XVI". C'est par ces mots dignes que Mgr Sfeir avait expliqué, quelques semaines plus tôt, les raisons derrière sa décision, mettant ainsi un terme aux spéculations et à la "politisation" de sa requête. Commentant la décision, un haut dignitaire maronite a exprimé sa tristesse en soulignant que "le patriarche Nasrallah Sfeir n'avait courbé la tête que devant son Dieu et a vécu les 25 ans qu'il a passés à la tête de l'Église maronite à défendre sa communauté ainsi que le Liban face aux dangers multiples auxquels notre pays fait face".

 

Conformément aux règles de la courtoisie les plus élémentaires, le patriarche a reçu une lettre du Saint-Père dans laquelle il lui faisait part de son intention d'accepter sa démission. Cette lettre, dans le même temps, a été publiée dans "L'Osservatore Romano", l'organe officiel du Vatican.

 

"L'année consacrée au mille-six-centième anniversaire de la mort de Saint Maron arrive à sa conclusion: un temps de grâce a été accordé à l'Église Maronite pendant ce jubilé exceptionnel. C'est aussi le couronnement de votre service pour la plus grande gloire de Dieu et le bien de tous ses fidèles (...)Vous avez pu fêter l'an dernier soixante ans de sacerdoce: preuve de fidélité et d'amour pour Jésus-Christ, le Souverain Prêtre. En juillet prochain, vous aurez de nouveau l'occasion d'élever une action de grâce à la Trinité Sainte pour l'accomplissement de cinquante ans d'épiscopat.

Pendant presque vingt-cinq ans, vous avez collaboré avec vos deux prédécesseurs sur le Siège d'Antioche, avant d'être choisi par le Synode pour leur succéder le 19 avril 1986: un moment décisif qui vous place aujourd'hui au seuil de votre jubilé d'argent dans cette charge.

Vous avez commencé ce noble ministère de Patriarche d'Antioche des Maronites dans la tourmente de la guerre qui a ensanglanté le Liban pendant de trop longues années. C'est avec l'ardent désir de la paix pour votre pays que vous avez conduit cette Eglise et sillonné le monde pour consoler votre peuple contraint à l'émigration. La paix enfin est revenue, toujours fragile, mais toujours actuelle (...) Ces derniers jours j'ai béni la statue de Saint Maron placée auprès de la Basilique Saint-Pierre à la fin de l'année jubilaire et j'ai pu vous saluer ainsi que le Président de la République Libanaise et de nombreux Evêques et fidèles.

Vous avez choisi de renoncer à la charge de Patriarche d'Antioche des Maronites en cette circonstance très particulière. Maintenant, j'accueille votre décision libre et magnanime qui est l'expression d'une grande humilité et d'un profond détachement. Je suis sûr que vous accompagnerez toujours le chemin de l'Église Maronite par la prière, le sage conseil et les sacrifices.

Je demande à Dieu Tout-Puissant, par l'intercession de Saint Maron et de Notre-Dame du Liban, de vous combler de ses bienfaits. De grand cœur, je vous adresse la Bénédiction Apostolique ainsi qu'aux évêques, aux prêtres, aux personnes consacrées et à tous les fidèles de l'Église Maronite, et à la bien-aimée Nation Libanaise!"

(Extraits de la lettre du pape Benoît XVI au patriarche Sfeir, tirée de "L'Osservatore Romano", le quotidien publié par le service officiel d'information du Vatican, et signée le 26 février 2011.)

 

 

 

Le patriarche en quelques lignes...

 

Né à Rayfoun au Liban le 15 mai 1920. Il suit sa formation au séminaire maronite de Ghazir au Liban et à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth. Il est ordonné prêtre maronite le 7 mai 1950 par le cardinal Pierre-Paul Méouchi. Il exerce son ministère à la paroisse de Rayfoun et auprès du patriarche maronite comme secrétaire. Nommé évêque auxiliaire maronite d'Antioche le 19 juin 1961, il est consacré le 16 juillet suivant. Il est élu Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient pour l'Église Maronite le 19 avril 1986 suite à la démission du cardinal Antoine Khoraiche et est effectivement consacré le 27 avril 1986. Il a été nommé cardinal de l'Église catholique par le pape Jean-Paul II lors du consistoire du 26 novembre 1994.

Patriarche des maronites d'Antioche et de tout l'Orient, il est également une importante personnalité politique du Liban.

Lors de la crise présidentielle libanaise de 2007-2008, il a tenté une conciliation entre les parties opposées ; à une occasion il a rencontré le président Bush pour résoudre le conflit. Aussi, après la nomination de Michel Sleiman, il fit un voyage en Australie où il fut reçu avec les dignités de chef d'État. Il a participé en 2008 aux journées mondiales de la jeunesse en Australie et a été accueilli dans un stade de Parramatta devant 20 000 personnes.

Il est le 3e cardinal maronite et le 76e patriarche de l'Église maronite.

Pour la Curie romaine, il est membre de la Congrégation pour les Églises orientales.

Le patriarche Sfeir, qui a franchi le seuil de 90 ans, avait lucidement fait face à la réalité en formulant par écrit, dans un mot adressé au pape, il y a quelques mois, le souhait de se démettre de ses charges patriarcales au bénéfice d'un homme moins exposé aux aléas de l'âge. Sfeir avait observé que "tout a une fin". "J'ai fait tout ce qui est en mon pouvoir, mais j'ai aujourd'hui...

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