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Liban - Patrimoine

Témoin de la grande époque de la coexistence, la synagogue de Beyrouth reprend forme

La décision de la sauver ayant fait l'objet de l'unanimité de la classe politique, la grande synagogue de Beyrouth, sérieusement endommagée par les bombardements de la guerre du Liban (1975-1990), est depuis un an en cours de restauration. Une enveloppe d'un million et demi de dollars a été débloquée pour les travaux, qui devraient être achevés dans les six mois prochains.

Rosaces et étoiles de David peintes à la feuille d’or.

Témoin de la grande époque de la coexistence des 17 communautés religieuses au Liban, dont la communauté juive, la synagogue Maghen Abraham (bouclier d'Abraham en hébreu) fait partie du patrimoine culturel et historique de Beyrouth. Située dans le quartier Wadi Abou Jmil, cette construction, à l'instar d'autres bâtiments et lieux de culte du centre-ville de Beyrouth, n'a pas été épargnée par la guerre et les longues années d'abandon. Le toit avait volé en éclats, les façades criblées par des éclats d'obus, les peintures à motif décoratif rongées par la pluie et, selon le responsable chargé de la surveillance des travaux de restauration, « l'autel a été démonté et emporté, les banquettes ont disparu, les fenêtres en bois massif et leurs cadres en marbre pillés, et tout ce qui n'a pas pu être volé a été saccagé ».
Les lampes, les trompettes et les tapis ont pu être sauvés in extremis, et, selon une source qui a voulu garder l'anonymat, les rouleaux sacrés (ou Sefer Torah) ont été acheminés à Genève où ils ont été remis au célèbre banquier libanais juif, Edmond Safra. Ce dernier se chargea de les expédier à une synagogue séfarade d'Israël... Signalons qu'un Sefer Torah, copie du texte hébreu des Cinq Livres de Moïse, est un véritable trésor pour la communauté. Réalisé à la main, c'est-à-dire à la plume, sur une sorte de parchemin, il contient 304 805 lettres, chacune scrupuleusement reproduite par un scribe accompli (le processus peut durer 18 mois). La moindre erreur lors de l'inscription, tant qualitative que quantitative, rend la copie non valide.

L'Arche sainte reprend ses droits
Inaugurée en 1926, la synagogue de Beyrouth a été construite - à l'initiative d'Abraham Sasson, un juif aisé venu des Indes, et de Josef David Farhi - sur un terrain offert en 1920 par Raphaël Levi Stambouli. Aujourd'hui, au terme d'une année de travaux, principalement financés par des juifs étrangers, elle reprend forme affichant de belles proportions et une noble simplicité. Des deux côtés du hall de prières, ouvert à la lumière par une série de fenêtres régulièrement espacées, se déploient d'élégantes colonnades en « marbre fossilisé » portant des arcs gracieux plein cintre, qui ont résisté à la destruction. Les murs sont revêtus d'un enduit de couleur bleu et blanc « comme à l'ancienne », expliquent Anthony et Zeina Awad, spécialistes dans la rénovation et la restauration de la peinture murale. Le jeune couple - qui a à son actif une dizaine de bâtiments dont la demeure ancienne de Youssef Akl et la villa Ghazi Hélou à Yarzé - a travaillé pendant des mois à 12 mètres au-dessus du sol pour décorer le plafond et les angles de rosaces et d'étoiles de David, dont les branches ont été peintes à la feuille d'or. S'appuyant ensuite sur des vieilles photographies et sur les traces d'un motif décoratif représentant des feuilles d'acanthe, ils ont restitué à l'identique la peinture murale de l'abside, au sein de laquelle sera disposée l'Arche sainte, c'est-à-dire le meuble renfermant les rouleaux de la Torah.
La séparation entre les sexes étant totale dans les synagogues, le hall de prières, qui fait quelque 28 mètres de long sur 15 mètres de large, est réservé aux hommes (il peut en accueillir 600) qui entrent par la porte principale pour s'installer au centre de la salle face à l'Arche sainte. Une porte latérale et des escaliers permettent d'accéder à la galerie des dames où les colonnes en stuc ont été entièrement repeintes pour reproduire l'effet marbre fossile du rez-de-chaussée, explique Anthony Awad.
L'ensemble est orienté nord-sud, direction Jérusalem...
Témoin de la grande époque de la coexistence des 17 communautés religieuses au Liban, dont la communauté juive, la synagogue Maghen Abraham (bouclier d'Abraham en hébreu) fait partie du patrimoine culturel et historique de Beyrouth. Située dans le quartier Wadi Abou Jmil, cette construction, à l'instar d'autres bâtiments et lieux de culte du centre-ville de Beyrouth, n'a pas été...

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