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Liban - La situation

Hariri en Iran : dans la gueule du loup ?

Que va donc faire Saad Hariri en Iran, en pleine crise gouvernementale, alors que les ministres de l'opposition ne siègent plus en Conseil des ministres et n'assistent plus aux réunions du dialogue ? Que va-t-il faire, en particulier, après avoir espacé ses visites à Damas, sourd au chant des sirènes venus de Syrie qui répètent, sur le plus doux des tons : les portes de Damas sont ouvertes à tous, et un mois et demi après la visite triomphale de Mahmoud Ahmadinejad au Liban (13 octobre) ? Se jette-t-il un peu dans la gueule du loup ou cherche-t-il à jouer la rivalité syro-iranienne sur la scène libanaise ?
Les choses sont, évidemment, moins simples qu'il n'y paraît. C'est ainsi que la télévision du Hezbollah, al-Manar, a affirmé hier que le numéro deux du mouvement Amal, le député Ali el-Khalil, et le conseiller politique du secrétaire général du Hezbollah, Hussein Khalil, se sont rendus hier séparément à Damas, et en sont revenus tout à fait rassurés sur le cours des pourparlers syro-saoudiens au sujet de l'acte d'accusation.
Cette impression est confirmée par Ghazi Aridi qui, dans une déclaration, a affirmé que « de grands progrès » ont été accomplis sur la voie d'un compromis. Une déclaration qui ne plaît pas à tout le monde, et en tout cas pas à Michel Moawad et Samy Gemayel. Ce dernier s'est même dit prêt à descendre dans la rue pour empêcher la cause de Rafic Hariri et de son frère, Pierre Gemayel, d'être sacrifiée sur l'autel de la realpolitik.
Est-ce donc désormais la course de vitesse entre le compromis et l'acte d'accusation ? C'est ce qu'ont laissé croire hier des sources qui ont fixé aux premiers jours de décembre la publication de l'acte d'accusation. Mais compte tenu de la structure du TSL, il semble douteux que les choses aillent si vite, étant donné qu'avant sa publication, l'acte d'accusation doit être approuvé par le juge de la mise en état.
Au demeurant, il semble un peu curieux que le TSL, qui doit faire la vérité sur l'attentat contre Rafic Hariri, ne prenne pas en considération le pays qu'il est censé servir et n'ait la courtoisie d'informer le gouvernement libanais de l'état d'avancement des choses, et notamment de la date probable à laquelle pourrait être achevé l'acte d'accusation. Or, rien n'est encore parvenu au Liban par voie diplomatique à ce sujet.
En tout état de cause, M. Hariri n'est certainement pas assez naïf pour croire qu'il pourrait contourner aussi facilement Damas. À Téhéran, il aura déjà fort à faire pour momentanément repousser les offres d'armes si généreuses - et si désintéressées - que lui feront les Iraniens, en particulier les roquettes antichars qui ont fait leurs preuves en juillet-août 2006 au Liban.
Selon des sources qui ont participé aux préparatifs de la visite, la crise libanaise dominera certainement les entretiens de M. Hariri en Iran, mais les Iraniens ne tenteront pas de court-circuiter la médiation syro-saoudienne. Par contre, ils insisteront à leur façon sur l'importance de préserver la résistance et de ne pas tomber dans le piège israélien d'un retrait de Ghajar, où ils voient un grand danger : celui de ressortissants syriens détenant la nationalité israélienne et qui pourront circuler librement aussi bien en Israël qu'au Liban...
Ce que la visite de Saad Hariri en Iran va certainement faire, c'est prolonger la situation de trêve actuelle et faire gagner au Liban une nouvelle semaine de calme - renouvelable - puisqu'elle sera suivie nécessairement des classiques conciliabules entre alliés qui la suivront inéluctablement, avec des visites iraniennes, à Damas, et d'autres libanaises, à Riyad. Pour ne rien dire des points que Paris et Le Caire voudront faire avec les responsables libanais.
C'est d'ailleurs à Paris que se rendra mardi le Premier ministre, après sa visite en Iran. M. Hariri y sera reçu par Nicolas Sarkozy, François Fillon, ainsi que par le président du Sénat et le ministre des Affaires étrangères. Il repartira de là vers le Qatar, croit-on savoir, puis sera de retour au Liban, après un crochet par Riyad.

Que va donc faire Saad Hariri en Iran, en pleine crise gouvernementale, alors que les ministres de l'opposition ne siègent plus en Conseil des ministres et n'assistent plus aux réunions du dialogue ? Que va-t-il faire, en particulier, après avoir espacé ses visites à Damas, sourd au chant des sirènes venus de Syrie qui répètent, sur le plus...

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