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Liban - Société civile

250 intellectuels appellent Sleiman à conduire un débat en profondeur pour refonder le vivre-ensemble des Libanais

À la veille de la relance du dialogue national, demain, près de 250 intellectuels ont adressé à Sleiman une lettre ouverte soulignant que le dialogue sur la stratégie de défense est devenu inutile car la visite d'Ahmadinejad à Beyrouth a montré que le Hezbollah n'est pas maître de son arsenal militaire. Le document appelle le président à conduire un débat en profondeur afin de refonder le vivre-ensemble aux conditions de l'État.

La visite à Beyrouth du président Ahmadinejad a prouvé que l’arsenal du Hezbollah est iranien et non libanais.

Près de 250 intellectuels - universitaires, journalistes, cadres supérieurs, membres de professions libérales - ont adressé au président Michel Sleiman, à la veille de la relance du dialogue national, demain, jeudi, une lettre ouverte dans laquelle ils soulignent que les circonstances de la visite du président iranien Ahmadinejad au Liban ont apporté la preuve que le Hezbollah n'est pas maître de son arsenal militaire, lequel revêt un caractère iranien plutôt que libanais. Le document souligne que par voie de conséquence, la poursuite du dialogue sur la stratégie de défense est devenue inutile. Les signataires appellent ainsi le président Sleiman à superviser un dialogue en profondeur afin de refonder le vivre-ensemble des Libanais aux conditions de l'État et non pas aux conditions d'une faction politique, d'une communauté ou d'un État étranger.
Nous publions ci-dessous le texte intégral de cette lettre ouverte au chef de l'État :
« Monsieur le Président,
« Depuis votre accession à la magistrature suprême, vous avez déployé de louables efforts pour mettre en application ce qui est stipulé dans l'accord de Doha (2008), à savoir l'interdiction du recours aux armes ou à la violence comme moyen de régler des différends, quels qu'ils soient et quelles que soient les circonstances (...), et la limitation à l'État du pouvoir sécuritaire et militaire exercé sur les Libanais et les résidents, de manière à garantir la pérennité de la formule de coexistence et la paix civile. Vous avez tenu plusieurs réunions du comité de dialogue, en présence des factions qui avaient participé à la conférence de Doha, afin d'aboutir à une stratégie de défense qui mettrait un terme à la dualité au niveau de la force armée. Vous avez fixé au 4 novembre la date de la nouvelle réunion.
« Les prises de position proclamées par le président iranien Ahmadinejad au cours de sa visite au Liban ne laissent planer aucun doute sur le fait que l'arsenal militaire qui est au centre des débats au sein du comité de dialogue n'est pas un arsenal libanais, mais plutôt iranien, tant en ce qui concerne son autorité de référence que sa fonction régionale. Tel est le cas également de l'arsenal palestinien en dehors des camps pour ce qui a trait à ses rapports avec le pouvoir syrien. Le président Ahmadinejad a fixé à cet arsenal militaire, avec l'accord de ceux qui le détiennent, la mission de changer la physionomie de la région. Il s'est permis, en outre, d'inclure le Liban dans le front des résistances armées, sous la conduite de l'Iran. Il a considéré ainsi que le Liban est l'avant-poste de ce front, faisant fi de la souveraineté de notre État et de la volonté de l'écrasante majorité du peuple libanais. Il a de ce fait contredit, quelques petites heures après s'être réuni avec vous, ce qu'il avait entendu de votre part concernant l'attachement du Liban aux résolutions internationales et à l'initiative de paix arabe.
« Vous n'ignorez sans doute pas que, de jour en jour, et après chaque séance de dialogue, les Libanais sont de plus en plus convaincus de l'inutilité du dialogue interne visant à régler le problème des armes illégales. Le problème ne réside pas dans l'impatience manifestée par les Libanais et leur État, d'autant qu'ils ont accordé toutes les chances possibles (pour régler le problème) et qu'ils ont beaucoup enduré, notamment en se retrouvant dans une position embarrassante face à la communauté internationale qui désire aider le pays. Le problème à la base réside dans le fait que la faction armée avec laquelle les négociations sont engagées n'est pas maître de sa décision pour ce qui a trait au sort de son arsenal militaire, même si elle peut l'utiliser comme bon lui semble, plus particulièrement sur le front interne. Par voie de conséquence, il n'est plus nécessaire de tenir de nouvelles réunions du comité de dialogue pour débattre de ce dossier. Ce qui est nécessaire, c'est une décision claire et franche d'appliquer l'accord de Taëf et les résolutions internationales relatives à la souveraineté du Liban.
« Le président Ahmadinejad rejoint ceux qui en Israël s'opposent au projet de paix arabe visant à édifier un État palestinien indépendant. Il n'a pas, pour autant, le droit d'utiliser le Liban pour aider cet obstructionnisme israélien à faire face aux pressions auxquelles il est soumis, prenant ainsi pour prétexte que l'État qui proclame sa détermination à éradiquer Israël se trouve désormais à sa frontière nord. Dans une lettre ouverte adressée au président iranien et publiée dans la presse le jour de son arrivée à Beyrouth, nous avons mis en garde contre l'émergence d'une question chiite au Liban et dans la région, à l'instar de la question d'Orient au début du siècle dernier. Nous avions affirmé que les chiites libanais constituent une composante essentielle de la société libanaise et un partenaire fondamental dans notre patrie définitive. Ils ont d'ailleurs été les premiers à proposer que le caractère pérenne de notre patrie soit mentionné dans le préambule de notre Constitution.
« La visite du président iranien est venue confirmer nos appréhensions car elle a mis en relief, tant au niveau des propos tenus que des allusions ou de son symbolisme, que derrière le clivage politique actuel se profile un clivage d'une autre nature : celui qui se manifeste entre ceux qui font acte d'allégeance au Liban et ceux qui font acte d'allégeance à un autre État. Par voie de conséquence, nous vous appelons à conduire un débat en profondeur auquel seraient associées toutes les composantes libanaises, qu'elles soient politiques, communautaires ou civiles, dans le but de consolider le contrat social stipulé dans le préambule de la Constitution et qui nous impose à tous de refonder notre vivre-ensemble aux conditions de l'État et non pas aux conditions d'une faction politique, d'un groupe communautaire ou d'un État étranger. »
Près de 250 intellectuels - universitaires, journalistes, cadres supérieurs, membres de professions libérales - ont adressé au président Michel Sleiman, à la veille de la relance du dialogue national, demain, jeudi, une lettre ouverte dans laquelle ils soulignent que les circonstances de la visite du président iranien Ahmadinejad au Liban ont...

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