Rechercher
Rechercher

Liban - Réactions

Aux yeux de la majorité, Ahmadinejad a « deux discours »

La première journée de la visite du président iranien Mahmoud Ahmadinejad au Liban a été hier au centre des commentaires dans les divers milieux politiques, notamment au sein du 14 Mars.

La nette différence de tonalité et de teneur entre les interventions du président iranien dans les cérémonies officielles, d'une part, notamment à Baabda, et dans le rassemblement populaire organisé par le Hezbollah dans la banlieue sud, de l'autre, a été relevée par plusieurs commentateurs au sein de la majorité.
L'ancien président de la République Amine Gemayel a relevé à la chaîne al-Arabiya que le président iranien a adopté « deux discours au Liban ». « Le premier, prononcé au palais présidentiel devant le chef de l'État, le Premier ministre et le président de la Chambre, est conventionnel et conforme aux normes. Il fait valoir la volonté d'établir les meilleures relations possibles entre le Liban et l'Iran. Quant au second, dans la banlieue sud, il est mobilisateur et met l'accent sur les positions iraniennes notoires », a indiqué M. Gemayel.
« L'essentiel est que le Liban soit ouvert en direction de tous les États », a-t-il ajouté, souhaitant « la bienvenue à tout chef d'État qui vient pour la paix et la stabilité au Liban ».
« Ce qui est inquiétant, ce n'est pas la visite (de M. Ahmadinejad) en soi, ce sont les échéances attendues après la visite, étant donné que les alliés de l'Iran au Liban restent attachés à des positions défiantes à l'égard d'une partie des Libanais, en particulier pour ce qui est du Tribunal spécial pour le Liban et de l'acte d'accusation », a-t-il souligné.
Le député Ahmad Fatfat (Courant du futur) a estimé à la chaîne OTV que jusqu'à hier soir, « le côté positif (de la visite du président iranien) reste dominant malgré quelques aspects négatifs ».
« L'inimitié à l'égard d'Israël est une affaire entendue. Mais cela ne signifie pas qu'on peut exploiter cette question pour améliorer sa position à l'intérieur et pour imposer des politiques par la force des armes en provenance d'Iran ou d'ailleurs », a ajouté M. Fatfat.
« J'avais 17 ans quand j'ai porté les armes pour combattre Israël. Que nul ne vienne me faire des surenchères à ce sujet, ni Ahmadinejad ni personne d'autre », a-t-il dit, affirmant que le Hezbollah « n'est pas une véritable résistance face à Israël, car la plus grande partie de son arsenal est désormais pointée en direction de l'intérieur ».
Par ailleurs, interrogé par le site nowlebanon.com, M. Fatfat a souligné la nécessité pour le Liban de prendre en compte, dans la conclusion d'accords avec l'Iran, des sanctions imposées par le Conseil de sécurité de l'ONU contre ce pays. « Le Liban ne peut signer avec un quelconque État des accords en violation des résolutions du Conseil de sécurité », a-t-il dit.
Dans un commentaire similaire à celui de M. Gemayel, le député Ammar Houry a noté à la LBC que « les paroles prononcées par le président iranien en journée ont été effacées par la nuit ». « Nous avons constaté de la modération à Baabda et du radicalisme dans la banlieue sud », a-t-il déclaré. De fait, a-t-il dit, « ce qui altère l'image de cette visite, c'est qu'il y a deux visites, deux accueils et deux discours ».
Le même constat a été fait par le député FL Antoine Zahra à la Voix du Liban, relevant la simultanéité entre la visite officielle au Liban et « la visite au Hezbollah ».
Pour M. Zahra, les propos tenus par M. Ahmadinejad « à Baabda, à l'aéroport et au cours du dîner chez le président de la Chambre, Nabih Berry, étaient positifs, logiques et sages ». « Mais au cours de la visite parallèle, dans la banlieue sud, le président Ahmadinejad a réitéré ses positions politiques notoires en y ajoutant une seule chose, l'adoption du point de vue du Hezbollah au sujet du TSL. »
L'ancien député Samir Frangié, membre du secrétariat général du 14 Mars, a estimé pour sa part sur le site du Courant du futur que la visite du président iranien au Liban « ne vise pas à faire peur à Israël, mais plutôt à la communauté internationale ». Pour M. Frangié, « les Israéliens attendent des provocations pour justifier leur position actuelle à l'égard des négociations avec les Palestiniens ».
Toutefois, selon lui, l'objectif politique de la visite a été modifié au cours des dix derniers jours. « Auparavant, il était question pour M. Ahmadinejad de dire au monde : ou vous négociez avec moi ou je provoque une nouvelle guerre régionale », a-t-il dit.
Quant au secrétaire général du 14 Mars, Farès Souhaid, il a souligné, dans une interview à Magazine et Ousbouh al-Arabi, que la visite de M. Ahmadinejad « revêt à la fois une importance extrême et une gravité extrême ». Face aux efforts exceptionnels du système arabe officiel et de la communauté internationale en faveur des négociations de paix israélo-palestiniennes, l'Iran conduit un autre projet, celui du radicalisme et de l'hostilité aux négociations, a-t-il relevé.
Or, a ajouté M. Souhaid, « l'Iran dit que la sécurité du Golfe est entre ses mains, qu'il tient aussi en main celle d'Israël, par le biais du Hamas et du Hezbollah, et enfin celle du Liban, à travers le rejet du TSL ».
Le chef de l'Option libanaise, Ahmad el-Assaad, a, de son côté, salué les propos « modérés » tenus par le chef de l'État iranien, souhaitant que ces propos « se reflètent en pratique sur les relations d'État à État entre le Liban et l'Iran ».
Du côté de l'ex-opposition, le député Yassine Jaber, membre du bloc berryiste, a évoqué hier, dans une déclaration à la presse, la « visite exceptionnelle d'un homme exceptionnel ». « Sans aucun doute, cette visite est de nature à renforcer et consolider les relations entre les deux États et leurs peuples, d'autant que l'Iran est l'un des États qui ont soutenu le Liban et sa résistance dans la reconstruction de ce qui a été détruit par Israël en juillet 2006 », a dit M. Jaber.
Le ministre du Tourisme, Fady Abboud, a estimé pour sa part à la Voix du Liban que les propos tenus par M. Ahmadinejad dans la banlieue sud « n'auront pas d'impact sur l'équilibre politique intérieur ». Pour ce qui est du discours de Baabda, M. Abboud a souligné qu'il était « positif et ouvert en direction de tout le monde, notamment du Premier ministre Saad Hariri ».
« La visite est très positive, en particulier sur le plan économique », a encore dit le ministre, estimant qu'il ne faut pas « lui donner une signification qu'elle n'a pas ».
La nette différence de tonalité et de teneur entre les interventions du président iranien dans les cérémonies officielles, d'une part, notamment à Baabda, et dans le rassemblement populaire organisé par le Hezbollah dans la banlieue sud, de l'autre, a été relevée par plusieurs commentateurs au sein de la...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut