Rechercher
Rechercher

Liban - La situation

L’imbroglio juridique des mandats d’arrêt syriens alimente la tension, Sayyed jette de l’huile sur le feu

L'actualité politique a continué hier à être dominée par l'affaire des mandats lancés la veille par la Syrie, dans l'affaire des « faux témoins », qui ont créé un véritable imbroglio juridique.Le Hezbollah continue de son côté à alimenter la tension par des tentatives de pression sur Saad Hariri. Ce dernier, selon les services américains cités par le journal koweïtien « al-Raï », serait en danger de mort, ses adversaires n'étant plus convaincus qu'il va céder aux pressions pour désavouer le TSL.

Curieusement, la justice militaire syrienne a convoqué hier les quatre généraux libanais, Jamil Sayyed, Raymond Azar, Moustapha Hamdane et Ali Hajj, dont elle a écouté les dépositions dans l'affaire des « faux témoins », a rapporté une dépêche AFP. Le parquet syrien, par la voix du premier juge d'instruction militaire, Abdel Razzak Homsi, a affirmé que leurs dépositions ont été recueillies dans l'affaire « des deux faux témoins, Mohammad Zouheir Siddiq et le journaliste libanais Farès Khachan ». Ces dépositions ont été jointes au dossier d'instruction numéro 424.
Les témoignages des quatre généraux ont été recueillis « pour les détails et précisions utiles à l'instruction qu'ils apportent », a affirmé à Damas le premier juge d'instruction militaire, dont les propos sont également cités par l'AFP.
Le bureau de l'ancien directeur de la Sûreté générale, Jamil Sayyed, a opposé, dans un communiqué, un démenti à cette information détaillée de l'AFP. Le communiqué précise que la déposition de l'ancien officier au premier juge d'instruction a été effectuée il y a environ un an.
Par ailleurs, ce bureau a publié une mise au point affirmant que les noms de l'ancien député Bassem el-Sabeh et du magistrat Ralph Riachi ne figurent pas sur la liste des personnalités recherchées par la Syrie.
De son côté, le ministre de la Justice, Ibrahim Najjar, a affirmé hier que « l'État libanais n'a encore accusé réception d'aucun mandat d'arrêt » et que les réactions à cette nouvelle « sont fondées sur des informations de presse et des déclarations ».
Et M. Najjar d'ajouter que de tels dossiers sont exclusivement traités « d'État à État », conformément à une certaine procédure.
« Il ne me revient pas de faire échec aux démarches de l'État syrien, a affirmé M. Najjar. Je ne peux m'ingérer dans des relations d'État à État, pour éviter toute ambiguïté et tout commentaire. »
« En tant que gouvernement, a-t-il ajouté, il nous importe de préserver les bons rapports établis par le président Saad Hariri avec l'État syrien, dans le respect de la souveraineté et du droit ; ces choses sont régies par les accords passés entre les deux pays. Il est du reste beaucoup d'autres aspects du dossier que nous ne rendrons pas publics. »
Et d'ajouter que le dossier des « faux témoins » sera abordé par lui « sans jugements personnels ».
Selon M. Najjar, « il est absolument clair qu'entre moi-même et le ministre de la Justice syrien un débat est nécessaire, selon les règles légales », ajoutant qu'il lui importe de « bâtir sur du positif, pour déboucher sur des solutions, et non sur une impasse ».
Et le ministre de conclure en annonçant qu'il communiquera son rapport sur les faux témoins aujourd'hui, en Conseil des ministres, en prévision d'un débat sur ce sujet « dans les délais légaux ».

Refoulement et violence
Par ailleurs, les pressions exercées sur Saad Hariri pour qu'il renonce au tribunal international exacerbent les sentiments de sa communauté, de jour en jour un peu plus convaincue que le Hezbollah a, effectivement, quelque chose à se reprocher.
À Tripoli, ville sunnite par excellence, des calicots sont à nouveau tendus ou accrochés au long des rues, en appui au Premier ministre, ou encore au directeur général des FSI, le général Achraf Rifi, réclamé par la justice syrienne. En soirée, un incident entre Baal Mohsen (alaouite) et Bab el-Tebbané (sunnite) est venu confirmer les appréhensions nourries par certains.
« Ce que ne comprend pas le Hezbollah, explique le directeur d'une ONG qui a requis l'anonymat, c'est que chaque insulte, chaque menace alimente le cycle infernal de la violence. »
« Certes, au nom de la raison d'État invoquée par un Walid Joumblatt ou un Sleimane Frangié, la communauté sunnite pourrait finir par renoncer à la justice internationale, mais en fait, ce renoncement serait un refoulement qui, tôt ou tard, resurgirait sous des formes maladives, et notamment la haine sectaire et le terrorisme », estime cet expert, qui compare ce qui s'est passé avec Saad Hariri à un « Kerbala sunnite ».
« Le Hezbollah a trahi le geste de bonne volonté effectué par le Premier ministre, quand il a reconnu l'existence de faux témoins et admis avoir fait du tort aux relations du Liban avec la Syrie », ajoute-t-il.
Cette situation met le pays « devant une impasse », selon Paul Salem, directeur du centre Carnegie pour le Moyen-Orient.  « Au Liban, on parvient généralement à des compromis. Le problème dans cette question est qu'il n'y a pas de compromis », ajoute M. Salem.
Le Hezbollah, en effet, continue de claironner sa confiance dans la victoire finale de son combat. C'est ainsi que le chef du conseil politique du Hezb, Ibrahim el-Sayyed, a annoncé hier s'attendre à des « développements inattendus » favorables à sa cause.

Inquiétudes arabes et internationales
Les divisions au Liban au sujet du TSL ont déteint sur les relations dans le monde arabe. C'est ainsi que l'on constate la résurgence d'un axe égypto-saoudien, face à la Syrie. En effet, l'Égypte et l'Arabie saoudite soutiennent le tribunal international et estiment que les tentatives visant à le déstabiliser échoueront. Ces assurances ont été répétées lundi par le porte-parole des Affaires étrangères égyptiennes Hossam Zaki, qui s'exprimait à son retour de Djeddah, où le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmad Aboul Gheit avait rencontré son homologue saoudien le prince Saoud el-Fayçal. « Les deux hommes ont parlé de plusieurs sujets, en tête desquels la situation au Liban », a indiqué M. Zaki.
Cette concordance de vues devrait se répercuter sur le Liban, estiment les observateurs, qui évoquent la création d'une « cellule de crise » diplomatique par l'ambassadeur saoudien, qui reste en contact avec le président Sleiman et MM. Nabih Berry et Walid Joumblatt.
L'ombrelle syro-saoudienne s'est-elle effondrée pour autant ? Il est trop tôt pour le dire, mais les mandats d'arrêt émis inconsidérément par la Syrie sont un coup sévère au parrainage syro-saoudien de la stabilité au Liban.
Aux inquiétudes arabes s'ajoutent des inquiétudes internationales, notamment celles de la France, qui a renouvelé lundi l'expression de son attachement au TSL
Toutefois, dans un souci de discrétion, les autorités françaises ont reporté sine die la reconstitution, grandeur nature, de l'attentat du Saint-Georges qui devait se produire les 5 et 6 octobre sur une base militaire près de Bordeaux, sous la supervision de l'ONU. Des programmes télévisés consacrés à cet événement ont également été annulés.
Signalons enfin que le quotidien koweïtien al-Raï a répercuté hier dans ses pages, sous la plume de son correspondant à Washington, des « craintes arabo-occidentales » d'une tentative d'assassinat de Saad Hariri, comme alternative à des troubles analogues à ceux de mai 2008, qui ne conduiraient pas très loin.
Toutes ces considérations influeront sur le climat du Conseil des ministres qui se tient aujourd'hui, mais le président Sleiman et le chef du gouvernement Saad Hariri continuent à tenir les débats à l'écart des deux thèmes explosifs du moment : les faux témoins et le financement du TSL.
Curieusement, la justice militaire syrienne a convoqué hier les quatre généraux libanais, Jamil Sayyed, Raymond Azar, Moustapha Hamdane et Ali Hajj, dont elle a écouté les dépositions dans l'affaire des « faux témoins », a rapporté une dépêche AFP. Le parquet syrien, par la voix du premier juge...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut