Rechercher
Rechercher

Liban - Le commentaire

La Syrie championne de la politique du mercure

Toujours la même question : que veut la Syrie, quelles sont ses intentions ? Elle ne se démasque pas, et vous glisse entre les doigts, comme du mercure. En condensé, l'on recense trois thèmes sur lesquels elle ne livre aucune franche indication :
- D'abord, sa vraie ligne par rapport à ce qui se passe dans la région et au Liban. A-t-elle modifié son comportement, comme l'Amérique a tenté de le faire, ou s'est-elle contentée de nuancer certains tracés de son parcours, pour parvenir aux mêmes objectifs à un moindre coût ? Il est évident qu'un changement syrien ne peut être pris en compte que dans la mesure où il concerne bien d'autres pays de la région que le Liban. Ce qui le rend encore plus douteux.
Visitant les États-Unis vers la fin du mandat de Bush fils, Walid Joumblatt avait prévenu les Américains : le régime syrien étant de nature idéologique, crispé sur ses dogmes, ne peut pas facilement changer de comportement. Il leur a indiqué des moyens déterminés pouvant l'y forcer. Mais ces conseils n'avaient pas été suivis, parce qu'ils avaient déplu à certains décideurs US de l'époque.
Et la Syrie avait pu continuer à pratiquer le même travail de sape par rapport au Liban. Elle s'est contentée d'accepter l'établissement de relations diplomatiques, qui ne changent rien à rien puisque que le Conseil mixte, un instrument entre ses mains, est maintenu. Elle a prétendu qu'elle traiterait avec le Liban d'État à État, mais elle continue à cornaquer ouvertement l'un des deux camps principaux du pays, en négociant ou en récupérant d'autres composantes encore. Sans aucun apport positif, puisque lorsque des différends éclatent sur la scène locale, la Syrie laisse aux autorités du cru le soin de les traiter sans aide, sous prétexte qu'elle ne s'ingère pas dans les détails des affaires intérieures libanaises. Elle n'offre donc aucune conciliation, quand elle ne jette pas de l'huile sur le feu par alliés interposés.

Le TSL
Cependant, pour le moment, la Syrie a tout intérêt à ce que le Liban politique et sécuritaire ne se déglingue pas, qu'il reste raisonnablement cohérent et stable. Elle montre de la sorte patte blanche aux Occidentaux et aux Arabes. Ce qui s'est traduit par un accord avec l'Arabie saoudite que le sommet tripartite tenu à Baabda, puis la visite de l'émir de Qatar, ont consacré.
Mais antérieurement un autre sommet tripartite avait réuni à Damas le chef de l'État syrien, Bachar el-Assad, le président iranien Ahmadinajad et le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah. Et l'on se demande dans quelle mesure il existe un lien avec le clash de Bourj Abi Haïdar puis avec le cirque armé de dimanche à l'AIB. Une farandole qui avait couronné la dégradation politique accentuée initiée par les fidèles libanais de l'Iran et de la Syrie, lancés dans des attaques sans retenue contre le pouvoir des loyalistes et des centristes. On sait que le TSL, après avoir été la bête noire de la Syrie, est devenu celle du Hezbollah, et ils se rejoignent donc, au fond, à son sujet. Bref, la Syrie joue sur deux tableaux : ménager l'Arabie saoudite sans s'éloigner de l'Iran.

Perspectives
- Et les négociations directes israélo-palestiniennes ? Jusqu'à présent, la Syrie ne se déclare ni pour ni contre. Elle attend les résultats. S'ils sont positifs, cela voudrait dire que la Syrie et le Liban entreraient à leur tour dans la danse, l'une pour récupérer le Golan, l'autre pour reprendre Chebaa. À ce moment, ce serait à l'Iran que le dilemme se poserait. Il lui faudrait ou bien rejoindre le train de la paix régionale, ou trouver moyen d'en entraver la marche. Pourrait-il aller jusqu'à entrer en conflit avec son allié organique, la Syrie ? Quoi qu'il en soit, rencontrant Ahmadinajad à l'aéroport de Damas, à l'occasion du voyage à l'ONU, Assad a discuté avec lui de ce qu'il faudrait faire dans les deux cas de succès ou d'échec des négociations israélo-palestiniennes. Selon toute probabilité, la Syrie et l'Iran auraient intérêt au maintien du statu quo actuel, tout comme l'État hébreu du reste, et contrairement aux États-Unis, au Liban et à la Palestine.
Une certitude : l'Iran demanderait à la Syrie de préserver l'armement du Hezbollah même si elle devait récupérer le Golan. Car c'est un atout majeur pour Téhéran, une carte de pression principale dans le cadre de conflit avec les Occidentaux sur son nucléaire. Comme par rapport à ses ambitions régionales, méditerranéennes plus précisément. En principe, la Syrie se montrerait d'accord avec la demande iranienne. Dernièrement, lors de ses pourparlers avec les Israéliens par le truchement des Turcs, elle a rejeté leur exigence de faire cesser le transit à travers sa frontière avec le Liban, des armes iraniennes destinées au Hezbollah. La Syrie a expliqué que l'armement d'une résistance légitime, libanaise ou palestinienne, ne peut être aboli que le jour où une paix globale effective, incluant la Palestine, le Liban et elle-même, aura été établie dans la région.
- Même ambiguïté de la Syrie en Irak qu'au Liban. Tantôt elle soutient Allaoui et tantôt elle ne voit pas d'inconvénient à ce que Maliki dirige le gouvernement. Elle insiste pour que le gouvernement irakien englobe toutes les forces politiques principales du pays. Un cabinet d'union, comme elle en a fabriqué un au Liban, où elle appuie Nasrallah mais également Sleiman, et accessoirement Hariri. En laissant le Hezbollah en mesure de provoquer des troubles de rue à tout moment et paralyser l'État par la menace. Ou par le tiers de blocage, ou par la décision de ne rien décider qu'à l'amiable, sans recours au vote, en Conseil des ministres. Une instabilité qui convient également à l'Iran, qui s'en montre aussi friand en Irak. En attendant la publication de l'acte d'accusation dans l'affaire de l'assassinat du président Rafic Hariri et de ses compagnons de destin, un événement qui peut précipiter les choses dans un sens ou dans l'autre, la Syrie renforce au Liban toutes ses cartes. Et s'efforce de le faire en Irak et en Palestine.
Toujours la même question : que veut la Syrie, quelles sont ses intentions ? Elle ne se démasque pas, et vous glisse entre les doigts, comme du mercure. En condensé, l'on recense trois thèmes sur lesquels elle ne livre aucune franche indication :- D'abord, sa vraie ligne par rapport à ce qui se passe dans la région et au Liban. A-t-elle...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut