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Liban - La situation

La polémique sur le TSL s’envenime, le pire est-il à craindre ?


C'est une véritable tempête politique qui souffle sur le pays depuis samedi, consécutivement à l'arrivée intempestive de l'ancien directeur de la Sûreté générale, Jamil Sayyed, à Beyrouth.
L'accueil « officiel » réservé à M. Sayyed au salon de l'aéroport où des députés du Hezbollah et du CPL l'attendaient, la démonstration de force du parti de Dieu, qui a déployé son service de sécurité autour et à l'intérieur de l'aéroport, a eu pour effet d'enflammer la majorité et notamment le Courant du futur, dont les députés ont réagi au quart de tour.
La contre-attaque était d'une violence singulière comme en témoignent particulièrement la déclaration du député Mohammaed Kabbara et le communiqué des députés du Akkar. Pour M. Kabbara, les positions du Hezbollah et de son « protégé » sont l'expression d'une guerre menée simultanément contre le leadership sunnite et l'État dans le but de les affaiblir. Pour les députés du Akkar, le Hezbollah est devenu pratiquement « une milice ». Les deux positions se recoupent autour d'une même idée : le fait que le Hezbollah ne tienne plus compte de ce que la déclaration ministérielle et la conférence nationale du dialogue prévoient au sujet du Tribunal spécial pour le Liban donne à la majorité la latitude de revenir elle aussi sur son engagement en faveur du trinôme prôné par le Hezbollah : Résistance-armée-peuple.
Faut-il craindre le pire ? Le pire est ce qu'on redoute dans certains milieux de la majorité, où l'on voit pointer à l'horizon un deuxième 7 mai, partant du principe que le Hezbollah est prêt à tout pour défaire l'engagement du Liban en faveur du TSL et empêcher la publication de l'acte d'accusation dans l'affaire de l'assassinat de Rafic Hariri. Sauf que cette fois, les sunnites ne se laisseront pas faire, note-t-on dans ces milieux.
Dans d'autres milieux, on estime au contraire que la polémique, aussi violente soit-elle, ne dépassera pas le seuil des échanges d'accusation, aussi bien la Syrie et l'Arabie saoudite étant soucieuses d'empêcher que la guerre verbale ne dégénère. C'est ce discours qu'un émissaire du Hezbollah a entendu récemment à Damas. C'est aussi ce même discours que M. Sayyed aurait également entendu dans la capitale syrienne.
La montée en flèche des positions de part et d'autre a ainsi eu pour effet d'accélérer les contacts politiques menés loin des feux de la rampe pour atténuer la tension politique. Signe que ces contacts ont abouti, sans qu'on ne sache exactement sur quoi pourrait reposer une entente : le Premier ministre, Saad Hariri, qui a prolongé son séjour à Riyad sur conseil de l'Arabie saoudite, sera de retour aujourd'hui et le Conseil des ministres se tiendra demain à Baabda. Au cours de cette réunion, le président Michel Sleiman mettrait de nouveau l'accent sur le respect des institutions et tiendrait de la sorte presque le même discours qu'il avait tenu au lendemain des attaques du chef du CPL, le général Michel Aoun, contre les services de sécurité.
Le bloc parlementaire du président de la Chambre, Nabih Berry, qui tiendra une réunion aujourd'hui est appelé à faire écho au chef de l'État. Il est intéressant de noter dans ce cadre que le ton virulent du Hezbollah qui a poursuivi sa campagne contre les faux témoins au cours du week-end tranchait avec celui, apaisant et pondéré, des ténors du mouvement Amal, mais pas avec celui du général Aoun, qui a affirmé, dans une déclaration à la chaîne satellitaire al-Jazira qu'il « conduit une révolution intellectuelle au Liban pour changer la manière avec laquelle le pays est gouverné et pour imposer le respect des lois ». Le respect des procédures judiciaires ne devrait pas en faire partie ? La question se pose.
Quoi qu'il en soit, de sources informées, on assure que la procédure judiciaire engagée contre M. Sayyed suit son cours normalement et qu'il n'est pas question de faire machine arrière, quitte à ce que les ministres du 8 Mars se retirent du gouvernement en signe de protestation. L'ancien directeur de la Sûreté estime qu'il n'a pas été notifié de la convocation du parquet mais, de sources judiciaires, on souligne que le fait qu'il en parle publiquement, à travers les médias, est une reconnaissance de cette notification.
Étant donné la détermination dont chacun des deux camps fait montre, il est légitime de s'interroger sur la forme que prendrait un règlement. Selon les mêmes sources, la solution ne peut être que politique.
Toute l'attention est ainsi portée sur Damas où un émissaire saoudien est attendu aujourd'hui pour des contacts qui seront axés principalement sur le Liban. Riyad souhaite que la Syrie assume un rôle plus actif auprès de ses alliés, de peur d'une discorde sunnito-chiite qui éclabousserait en premier les pays de la région.

C'est une véritable tempête politique qui souffle sur le pays depuis samedi, consécutivement à l'arrivée intempestive de l'ancien directeur de la Sûreté générale, Jamil Sayyed, à Beyrouth.L'accueil « officiel » réservé à M. Sayyed au salon de l'aéroport où des...

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