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Liban

Nasrallah dévoile des « images israéliennes » représentant le site du meurtre de Hariri

Durant deux heures et demie d'affilée, le numéro 1 du Hezbollah a fourni à son public une pléthore d'indications, dont des images de reconnaissance israéliennes du site de l'assassinat de Rafic Hariri, prises avant le drame. Tout en cherchant à montrer du doigt Israël, Hassan Nasrallah a passé en revue l'historique de l'espionnage israélien au Liban, qui, selon lui, n'est qu'un « prélude pour l'exécution d'une opération ».
C'est à partir d'aujourd'hui seulement que le public libanais et international saura si le secrétaire général du Hezbollah a été convaincant ou non, et si, comme il a insisté à le dire, « l'image du parti chiite » qu'il cherche vraisemblablement à restaurer aura bénéficié de cette conférence de presse tant attendue localement et internationalement. Le leader chiite s'exprimait par vidéoconférence devant des journalistes et des hommes politiques réunis dans un complexe appartenant au parti chiite dans la banlieue sud de Beyrouth.
Bien que conscient qu'il « ne détient pas des indications concluantes » mettant en cause Israël, Hassan Nasrallah affirme qu'il n'en espère pas moins que les faits relatés, avec des éléments audiovisuels à l'appui, soient pris en considération par une commission libanaise qui serait mise en place pour éluder le mystère de l'assassinat de l'ancien Premier ministre. S'il affirme au passage qu'il ne demandera pas à Saad Hariri de renoncer au Tribunal spécial pour le Liban, encore moins à l'acte d'accusation, il indique clairement qu'un des objectifs de cette démonstration est de restaurer l'image du parti chiite, à l'issue d'une « guerre d'opinions publique », comme il dit.
Avançant ses pions un par un, Hassan Nasrallah a tenu à dévoiler ses cartes progressivement, en commençant par des révélations concernant un espion israélien, Ahmad Nasrallah, qui fournissait aux services de sécurité de Rafic Hariri de fausses allégations concernant un complot d'assassinat que le Hezbollah serait en train de fomenter contre l'ancien Premier ministre. Arrêté par les autorités libanaises en 2000, Ahmad Nasrallah a été ensuite relâché avant d'aller se réfugier en Israël où il recrute actuellement des espions libanais pour le compte d'Israël.
La seconde partie développée par le secrétaire général a été axée sur les accusations lancées par l'État hébreu en direction du parti chiite, étayées par les différentes déclarations faites par les responsables israéliens depuis le 14 février 2005. « Depuis cette date, les Israéliens se sont empressés de nous montrer du doigt, leurs accusations ayant été ensuite relayées par le Der Spiegel », a-t-il dit.
Quant au motif, il se résume par l'adversité de l'État hébreu au Hezbollah, « qu'il cherche à anéantir ou à désarmer à chaque fois qu'il en a l'occasion ».
Le chef du Hezbollah a passé en revue les techniques utilisées à cette fin « qui nous aideront à mieux comprendre les preuves avancées », a-t-il dit, en citant les missions de reconnaissance, réalisées principalement à l'aide des drones, ou MK, les équipements d'écoute et de surveillance ainsi que les réseaux de téléphonie mobile, les renseignements obtenus sur place par le biais des espions ou des commandos, et, enfin, les éléments logistiques, c'est-à-dire les armes et les explosifs.
Hassan Nasrallah s'est ensuite attaqué au dossier des espions, en décrivant leur mission dans ses moindres détails. De Phillipos Hanna Sader, chargé de surveiller la résidence du chef de l'État Michel Sleiman à Jbeil, jusqu'à Fayçal Mokalled, qui introduisait des explosifs au Liban, en passant par Saïd el-Alam dont la mission consistait à surveiller les déplacements de Samir Geagea et de Saad Hariri, Mahmoud Rafeh, qui a à son crédit quatre opérations d'assassinat et qui a facilité l'infiltration au Liban de plusieurs Israéliens, bref, autant de personnages qui n'ont malheureusement pas retenu l'attention de la commission d'enquête internationale, déplore Hassan Nasrallah.
« La commission d'enquête internationale est-elle jamais venue interroger Mahmoud Rafeh sur ces Israéliens et sur ce qu'ils sont venus faire au Liban ? » s'interroge-t-il avant de lancer un appel aux responsables les invitant à mettre en place un comité chargé de réunir les aveux faits par cette pléthore d'agents pour les analyser. « Celui qui cherche véritablement la vérité sur l'assassinat de Rafic Hariri devrait commencer par là », a-t-il dit.

Survols de surveillance
Le secrétaire général du Hezb a ensuite attaqué la dernière partie de son discours, fondée sur des images de reconnaissance aériennes, un domaine dans lequel l'État hébreu excelle, a-t-il fait remarquer. Après avoir présenté un film vidéo sur l'affaire Ansariyeh de septembre 1997 dans laquelle le commando israélien s'est fondé sur des images de reconnaissance prises à l'aide des drones et interceptées par le Hezbollah, un autre exemple a été avancé, vidéo à l'appui également, montrant les opérations de surveillance israélienne de Ali Dib, un cadre du parti, ainsi que celles de Mahmoud el-Majzoub, que l'État hébreu a réussi à assassiner.
Deux exemples démonstratifs qui devaient servir à l'orateur de parvenir à son objectif principal, à savoir la vidéo montrant des images de reconnaissance israéliennes du site de l'assassinat de Rafic Hariri, prises avant le drame.
Sayyed Nasrallah a précisé qu'elles avaient été prises par un avion de reconnaissance de type MK. « Quand on prend ce genre d'images, c'est généralement une introduction pour l'exécution d'une opération », a-t-il estimé.
Les images montrent les routes proches du Parlement au centre-ville de Beyrouth, de la résidence de Rafic Hariri ainsi que celle longeant le front de mer, près duquel ce dernier avait été assassiné en 2005. Elles ne sont pas datées et ne présentent pas une marque israélienne claire. D'autres images retracent également le parcours de l'ancien Premier ministre jusqu'à sa résidence à Faqra, avec une insistance particulière sur les tournants, propices à l'exécution d'un assassinat, dans la mesure où le conducteur du véhicule est censé ralentir à ce niveau. Le dignitaire chiite n'a pas manqué de relever que la commission d'enquête internationale représentée par le procureur Daniel Bellemare pourrait obtenir, si elle le désirait, le plan retraçant les activités de ces drones et leurs itinéraires « en les demandant à Israël ou à un pays ami ».
Dernier argument avancé par le secrétaire général toujours en guise de preuve, la présence, la veille de l'assassinat de Rafic Hariri, d'un autre espion, Ghassan el-Jidd, dans la localité du Saint-Georges. Le parti en avait informé les forces de l'ordre, mais l'espion avait déjà fui le pays.
Hassan Nasrallah a conclu en disant ne pas détenir de preuves « concluantes » sur une implication d'Israël dans cet assassinat, mais que ces « données » pouvaient servir à parvenir à la vérité sur le meurtre de l'ancien Premier ministre.
En réponse aux questions des journalistes, le secrétaire général a insisté sur le fait que si le TSL devait ignorer la piste israélienne, ou les indications avancées par le parti, ce serait une preuve par mille que cette instance est « politisée ». À la question de savoir pourquoi il ne soumet pas ses données au TSL, il a affirmé qu'il « n'avait malheureusement pas confiance » dans ce tribunal. Cependant, a-t-il précisé, si le gouvernement libanais charge un comité ad hoc pour vérifier ces faits, il les lui soumettra.
Prié de dire pourquoi ces données n'avaient pas été auparavant remises à la commission d'enquête, il a répondu que les images satellitaires de l'activité aérienne n'ont pu être tirées au clair et décodées que récemment. À la question d'un journaliste qui se demandait pourquoi Israël, qui avait planté ses espions depuis longtemps au Liban, n'avait pas assassiné plus tôt Rafic Hariri, il a répondu que le contexte régional et international ne s'y prêtait pas encore. Quant à la question de savoir s'il allait à l'avenir coopérer avec le TSL, Hassan Nasrallah s'est abstenu de répondre, affirmant qu'il révélera sa position au lendemain de la fête du Fitr. Et d'indiquer enfin qu'il détient encore d'autres indications relatives à ce dossier, qu'il dévoilera par la suite.
C'est à partir d'aujourd'hui seulement que le public libanais et international saura si le secrétaire général du Hezbollah a été convaincant ou non, et si, comme il a insisté à le dire, « l'image du parti chiite » qu'il cherche vraisemblablement à restaurer aura bénéficié de cette...

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