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Liban - Crise

Le président Sleiman inspectera aujourd’hui Adaïssé et la frontière sud

Le chef de l'État aujourd'hui au Sud pour rehausser le moral de la troupe et réaffirmer les droits du Liban.

Un blindé de la Finul à la frontière.Photo Saïd Malaoui

À l'heure où les spéculations vont bon train sur la catastrophe à laquelle aurait pu conduire l'incident de Adaïssé, et alors que la polémique se poursuit au sujet de l'emplacement de l'arbre dont l'abattage est à l'origine de l'accrochage, le chef de l'État, le président Michel Sleiman, se rend aujourd'hui au Liban-Sud, où il inspectera le site de l'incident ainsi que le grillage de sécurité qui s'étend de la porte de Fatmé à Naqoura.
Dans une démarche typique de sa façon de faire, le président Sleiman envisage aussi d'intensifier ses contacts avant la prochaine réunion de la commission nationale de dialogue, le 19 août, qu'il va mettre à profit pour prêcher, plus que jamais, l'importance de la cohésion du front interne et la nécessité de cultiver les fruits du sommet tripartite de la semaine dernière.
Dans le même esprit, les réunions du Conseil des ministres répercuteront la volonté d'apaisement interne que partagent le président Sleiman et le Premier ministre, Saad Hariri.
Le chef de l'État ajoutera à ses atouts une visite à Dimane, qu'il prévoit d'effectuer avant le 15 août, fête de l'Assomption.
Ce faisant, le chef de l'État court deux lièvres à la fois. Il cherche d'abord à confirmer la volonté politique du Liban, et en particulier de l'armée, de « modifier les règles d'engagement » entre les armées libanaise et israélienne, de part et d'autre de la frontière. Des règles d'engagement qui sont le fruit de « mauvaises habitudes » prises depuis des années, plutôt que des décisions concertées, et qui consistent à laisser faire Israël, dans la limite d'une certaine convention militaire bâtie sur l'inégalité des forces.
Parallèlement, le chef de l'État cherche à exploiter ce thème rassembleur et la fierté que certaines forces tirent de l'acte de résistance de l'armée, pour cimenter les rangs internes, disloqués par les soupçons que le tribunal international semble vouloir faire peser sur le Hezbollah dans l'affaire de l'assassinat de Rafic Hariri.

Les règles du jeu
Le député Nouhad Machnouk (Courant du futur) a confirmé l'existence d'une volonté politique de modifier les règles du jeu au Sud et d'empêcher les Israéliens de se conduire « comme s'il n'existait personne en face ».
Les Israéliens savent désormais que leurs mouvement à la frontière ne peuvent plus se faire selon leur bon plaisir, unilatéralement et moyennant un tardif appel à la Finul, a-t-il fait valoir, tout en oubliant que les violations israéliennes répétées de l'espace aérien libanais se poursuivent impunément, comme cela s'est encore produit hier.
« Une nouvelle règle du jeu » est en train de s'instaurer, a affirmé Machnouk qui a quand même tenu à critiquer une fantaisiste chaîne de commandement qui place sur un même plan « l'armée, la Résistance et le peuple », en oubliant que l'armée est l'une des composantes essentielle de cet élément fédérateur qu'est l'État.
Cette volonté de fermeté a déclenché en Israël toute une campagne diplomatique censée intimider l'État libanais et le faire reculer. Ainsi, certaines personnalités en Palestine occupée ont évoqué la possibilité d'un arrêt de la fourniture d'armes américaines au Liban. Une perspective qui a poussé Fayez Chokr, le patron du parti Baas libanais, en visite à Rabieh, à ironiser sur les Hummer livrés à l'armée libanaise, qui épuisent financièrement le budget militaire par leur exorbitante consommation d'essence.
De source indépendante, on rappelait hier qu'autrement utiles seront, pour le Liban, les hélicoptères que la Russie est sur le point de lui livrer, en remplacement des Mig dont il s'est avéré qu'ils étaient aussi inutiles que coûteux à l'entretien.
Le Financial Times, pour sa part, a été franchement alarmiste hier, affirmant que l'incident de vendredi aurait pu déclencher une guerre régionale si le Hezbollah était intervenu mardi. Le Raï koweitien a renchéri en affirmant que l'incident aurait pu « embraser la région, de Téhéra à Gaza ».
La presse israélienne, pour sa part, n'a pas hésité à accuser le commandement de la brigade déployée dans le secteur d'être chiite et lié au Hezbollah, manifestant son inquiétude de voir 60 % de la troupe libanaise appartenir à cette communauté.

Réactions
Entre-temps, au Liban, les réactions à l'incident de Adaïssé se sont poursuivies.
Tandis que le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, recevait à son bureau deux délégations druzes, dont l'une représentant le Parti démocratique de M. Talal Arslane, en visite de condoléances, le député Hani Kobeyssi, proche du Hezbollah, proposait hier la création d'un mouvement national d'appui à l'armée dont le but serait de lever des fonds pour l'achat d'armes puisque les États-Unis refusent que l'armement livré au Liban soit utilisé contre Israël.
Le mufti jaafarite de Saïda, cheikh Mohammad Osseirane, a demandé à la Finul de ne pas être de parti pris et de s'en tenir à sa mission, telle que définie par la résolution 1701.
L'ancien président de la commission pour le tracé des frontières, après le retrait israélien de mai 2000, l'officier Amine Hoteit, a affirmé que les trois arbres déracinés par Israël sont bien en territoire libanais, sur une profondeur de 15 mètres, rappelant que le Liban avait exprimé ses réserves, à l'époque, au sujet de trois sections du tracé : Adaïssé, Mtoullé et Rmeich.
Pour Hoteit, il ne fait pas de doute que l'ONU défend les intérêts d'Israël.
Pour le Watan saoudien, l'affaire de l'arbre n'est qu'un prétexte pour faire oublier ou compromettre les fruits du sommet tenu au Liban entre le roi Abdallah, et les présidents Michel Sleiman et Bachar el-Assad.

Fréderic Hoff au Liban
Du reste, comme, au Moyen-Orient, tout est lié à tout, la fermeté dont l'armée libanaise a fait preuve, à Adaïssé, pourrait être liée à des changements politiques prévus au Moyen-Orient, en rapport avec les pourparlers de paix directs vers lesquels les États-Unis veulent pousser l'Autorité palestinienne, la Syrie et le Liban.
On apprend, à ce sujet, que Fréderic Hoff, l'adjoint de George Mitchell, l'émissaire spécial américain au Moyen-Orient, est attend lundi prochain à Beyrouth, venant de Syrie, pour une visite de quelques jours.
Les entretiens de M. Hoff pourraient notamment porter sur la possibilité de l'ouverture de pourparlers de paix directs entre Israël d'une part, la Syrie et le Liban d'autre part.
À l'heure où les spéculations vont bon train sur la catastrophe à laquelle aurait pu conduire l'incident de Adaïssé, et alors que la polémique se poursuit au sujet de l'emplacement de l'arbre dont l'abattage est à l'origine de l'accrochage, le chef de l'État, le président Michel Sleiman, se rend aujourd'hui au Liban-Sud,...

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