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Liban - Éclairage

Pour devenir une ligne rouge, la ligne bleue doit être redessinée

C'est révoltant. Un jeu sanglant, pour rien. Après avoir abattu trois Libanais, et causé la mort d'un de ses officiers, Israël se soumet à l'injonction de la Finul de n'approcher l'arbre de Adaïssé qu'après autorisation du Liban en bonne et due forme. Ce qui a été finalement fait. L'arbre a été déraciné, avec forte présence des Casques bleus. Mardi, les Israéliens avaient informé la Finul qu'ils se passeraient de cette permission, et ils étaient passés à l'action pour arracher l'arbre dans une zone contestée, au sud de la ligne bleue, où le Liban affirme des droits cartographiés. D'où la riposte de l'armée libanaise et l'affrontement meurtrier.
Pour le fond, c'est le tracé de la ligne bleue qui pose problème. Dès le départ, en 2006, le Liban a formulé des objections documentées sur un fil onusien dit de trêve provisoire, allant de Majidiya à Chebaa, qui est loin de respecter la ligne de sa frontière méridionale internationalement reconnue. En d'autres termes, ce tracé plaque dans le no man's land, ou même carrément en Palestine occupée, des terres bien libanaises. De plus, la parcelle en question à Adaïssé se trouve derrière la ligne bleue, du côté sud. Israël ne peut donc pas prétendre l'incruster dans son territoire. Tout au plus, il peut la revendiquer pour le principe. Et c'est d'ailleurs pourquoi l'ONU a décidé de placer cette terre sous sa propre autorité, ni le Liban ni Israël n'en disposant, en attendant un arbitrage final. C'est ce que rappelle le communiqué de la Finul qui, par là même, condamne l'incursion israélienne.
Le dossier dans son ensemble est confié aux cartographes et topographes de l'ONU, qui ont effectué plusieurs missions de reconnaissance sur le terrain. Leurs instructions étant de réajuster la ligne bleue pour qu'elle colle à la frontière internationalement reconnue séparant les deux pays. Et ne reste pas une ligne de cessez-le-feu et de retrait israélien, théâtre fréquent de frictions que la Finul ne cesse de traiter depuis quatre ans. 
Mais pourquoi tant de retard dans la correction de trajectoire ? Parce que, répondent des sources autorisées, le service cartographique du Palais de Verre ne peut pas rendre ses conclusions avant qu'Israël ne se soit retiré de la partie orientale, libanaise, du village de Ghajar, dont les habitants, détenteurs de la double nationalité syrienne et israélienne, protestent. Ainsi que, bien entendu, des hameaux de Chebaa et des hauteurs surplombant Kfarchouba. À noter que le site de l'incident de mardi à Adaïssé se trouve à l'exacte jointure de la triple frontière israélienne, syrienne et libanaise.

Briefing
Après le clash, le commandant en chef de la Finul, le général Asarta, a interrompu ses vacances pour diriger à Naqoura une réunion groupant Libanais et Israéliens, en présence de Michael Williams, qui a transmis un message de Ban Ki-moon appelant les parties à la retenue. Les militaires libanais ont assuré que leur gouvernement milite pour le calme et pour la stabilité, mais ne peut laisser Israël bafouer la souveraineté du Liban et continuer à violer, de plus en plus gravement, la 1701. Le général Asarta a conclu la rencontre en pressant les Libanais et les Israéliens de contrôler la situation, et de dialoguer par l'intermédiaire de la Finul pour régler tout différend.
Du côté des loyalistes, on estime que ce qui s'est passé est très important pour tous les Libanais. L'armée, malgré la modicité de ses moyens, a contré une tentative israélienne de violer la souveraineté libanaise. Elle a prouvé qu'elle assume pleinement la mission de défendre cette souveraineté, et partant, le pays et les Libanais. Dès lors, poursuivent les majoritaires, plutôt que d'avancer l'équation peuple-armée-Résistance, il faut s'armer de la devise peuple-État-armée. Car tout le peuple et toutes les institutions de l'État soutiennent l'armée dans la protection de la patrie, de sa souveraineté et de sa dignité.
Cela étant, il en est qui continuent à s'opposer à l'armement de l'armée et mettent systématiquement des bâtons dans les roues de l'État quand il conclut, ou tente de conclure, des accords pour des aides à cet effet. Il en a été ainsi, par exemple, quand le ministre de la Défense, Élias Murr, est revenu de Russie, il y a un an avec un cadeau de 10 Mig 28.
Par contre, un député du Sud signale que toute la région applaudit l'armée à tout rompre, ajoutant que la région se considère comme le foyer même de l'armée, et que les habitants se sentent maintenant encore plus enracinés à leur terre.
Un autre parlementaire minoritaire reconnaît que l'armée a prouvé qu'elle est bien combattante, malgré ses capacités réduites, sa détermination suffisant à dissuader Israël, en dépit de la disproportion dans les rapports de force. Bien que venant des rangs du 8 Mars, ce député souligne qu'il faut assurer en toute priorité les fonds nécessaires à l'armement et à l'équipement de l'armée auprès de n'importe quel État. Ce qui signifie que la fourniture de matériel sophistiqué américain et français est la bienvenue. D'autant, du reste, qu'elle a été vivement décriée par le ministre israélien de la Défense.
C'est révoltant. Un jeu sanglant, pour rien. Après avoir abattu trois Libanais, et causé la mort d'un de ses officiers, Israël se soumet à l'injonction de la Finul de n'approcher l'arbre de Adaïssé qu'après autorisation du Liban en bonne et due forme. Ce qui a été finalement fait. L'arbre a été déraciné,...

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