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Liban - Coups d’épingle

Fossoyeurs à l’œuvre

L'un des aspects les plus désolants des incidents survenus ces derniers jours au Liban-Sud et mettant aux prises la Finul avec ce qu'on appelle insidieusement « les habitants » est que, dans le contexte libanais, ce type de crise est non seulement prévisible, il est programmé.
C'est au Sud que l'État libanais a commencé à creuser sa propre tombe, il y a de cela une quarantaine d'années. Et c'est au Sud qu'il continue aujourd'hui de la creuser, avec l'aide active des acteurs régionaux et du maître des lieux, le Hezbollah.
Pourtant, le Liban est censé disposer d'une arme, la résolution 1701 du Conseil de sécurité, dont la Finul est le corollaire immédiat. Celle-ci n'est, certes, qu'une force d'appoint, le premier responsable de la mise en œuvre de la résolution onusienne étant bien sûr l'État libanais, par le biais de ses forces armées légales.
Mais combien sont-ils les Libanais qui se doutent que, derrière ces quatre chiffres qui forment la résolution 1701, se tient la destinée du Liban tout entière ? Que jusqu'à nouvel ordre, ce texte est, pour ce pays, plus précieux que tous les gisements d'hydrocarbures de la Méditerranée ? Et parmi ceux qui savent, combien sont-ils à être prêts à aller jusqu'au bout de la logique des choses ?
Car le problème qui se pose aujourd'hui est que le Hezbollah, n'ayant pu s'opposer à l'acceptation par le Liban de la 1701, qualifiée un jour d' « injuste » par son secrétaire général, s'emploie tout bonnement à la détourner à son profit, à ajouter cette arme à son arsenal. Ce faisant, ce n'est nullement Israël qu'il contrarie ; c'est, une fois de plus, l'État libanais.
Pendant que les « habitants » se chargent, à coups de pierres et d'œufs pourris, de faire savoir aux patrouilles de la Finul qu'il existe des itinéraires autorisés et d'autres interdits, les intellectuels du Hezbollah ne chôment pas : ils élaborent des théories dont l'objectif est de saper les fondements de la 1701.
Il en est ainsi du député Ali Fayad, l'un des plus brillants théoriciens du Hezbollah, et dont les sophismes, livrés dans un langage élégant et reflétant une pensée parfaitement subtile en apparence, sont autrement plus meurtriers que les pierres et les œufs de l'« habitant ».
« Il n'y a pas de conflit autour de la 1701. Il y a simplement deux lectures de cette résolution : l'une libanaise et l'autre israélienne. Nous ne permettrons pas que soit imposée aux Libanais la lecture israélienne », a-t-il déclaré à la suite du nouvel incident survenu au cours du week-end au Liban-Sud. Et d'ajouter qu'il est faux de croire, dans ce cadre, qu'il existe une dualité, une différence, entre les vues du Hezbollah et celles du Liban officiel.
Cette dernière précision résume à elle seule l'attitude d'un parti politique qui persiste à vouloir méconnaître, voire mépriser l'existence au Liban d'une opinion contraire à la sienne, même lorsqu'elle est majoritaire.
Mais revenons à la première idée émise par le député du Hezbollah, celle de l'existence de deux interprétations de la 1701. Dans le principe, un texte émis par le Conseil de sécurité ne peut être interprété que par le Conseil de sécurité. Et c'est précisément ce qui se passe lorsque le Conseil discute du rapport de mise en œuvre, qui lui est soumis de manière cyclique par le secrétaire général de l'ONU. Or on peut facilement constater que jamais les conclusions du Conseil ne coïncident sur ce plan avec les vues du Hezbollah. Pas plus d'ailleurs, quoi qu'en dise ce parti, avec celles d'Israël.
Dans la pratique, Ali Fayad s'est quelque peu trompé dans ses calculs. Il n'y a pas deux lectures de la 1701, il y en a trois : le député a tout simplement feint d'oublier l'iranienne (ou l'irano-syrienne, si l'on veut).
Et le pire, c'est que de ces trois lectures, la plus éloignée des deux autres n'est pas celle que l'on croit. Car qui donc a intérêt, depuis des années, à maintenir un certain degré de tension au Liban-Sud ? Est-ce l'État libanais ? Bien sûr que non. Le voudrait-il qu'il ne le pourrait pas, puisque depuis plus de quarante ans, il est pour ainsi dire l'acteur le moins présent dans cette région.
Pour le Liban, il ne saurait y avoir qu'une seule fonction objective de la 1701 : celle qui consiste à mettre un terme définitif à la tension au Sud et à rétablir la souveraineté entière de l'État sur l'ensemble de cette région. Or clairement, ce programme simple n'a jusqu'ici jamais convenu ni à Israël ni à l'axe irano-syrien.
C'est l'une des raisons qui expliquent pourquoi ce sont eux, les alliés objectifs.
L'un des aspects les plus désolants des incidents survenus ces derniers jours au Liban-Sud et mettant aux prises la Finul avec ce qu'on appelle insidieusement « les habitants » est que, dans le contexte libanais, ce type de crise est non seulement prévisible, il est programmé.C'est au Sud que l'État libanais a commencé à creuser sa...

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