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Liban - Grand Sérail

Droits palestiniens : Hariri tente une synthèse des positions

Le Premier ministre, Saad Hariri, s'est employé hier à opérer une synthèse des diverses positions sur le dossier des droits civils palestiniens, tout en soulignant que ces droits ne sont pas en eux-mêmes matière à discussion.

 M. Hariri, hier, au cours de son allocution au Sérail. Photo Marwan Assaf

M. Hariri a présidé une réunion au Grand Sérail axée sur le thème des « relations libano-palestiniennes : acquis, vision et avenir », en présence de l'ancien chef de gouvernement Fouad Siniora, des ministres Mohammad Khalifé, Jean Oghassabian, Tarek Mitri et Akram Chehayeb, et de nombreux députés et diplomates.
Après les hymnes nationaux libanais et palestinien, des discours ont été prononcés par la présidente du Comité de dialogue libano-palestinien, Maya Majzoub, le représentant de l'Autorité palestinienne au Liban, Abdallah Abdallah, le directeur du bureau de l'Unrwa au Liban, Salvatore Lombardo, et le coordinateur spécial des Nations unies, Michael Williams.
« Je ne vais pas aborder cette question, qui nous préoccupe, sous l'angle des droits des réfugiés palestiniens au Liban, mais sous celui du devoir du Liban, en tant qu'État et en tant que peuple, envers des frères qui ont été forcés à quitter leur patrie », a déclaré M. Hariri. « La question des droits des Palestiniens n'est pas ouverte à la discussion. Et le Liban ne renoncera pas à son engagement national et humanitaire vis-à-vis du droit de retour du peuple palestinien dans le giron d'un État indépendant ayant Jérusalem pour capitale », a-t-il ajouté.
« Quant aux devoirs du Liban envers ses frères palestiniens habitant sur son territoire, c'est un sujet qui doit cesser de faire l'objet de tiraillements et ne pas devenir un point de litige entre Libanais ni entre Libanais et Palestiniens », a-t-il dit. Et le Premier ministre de poursuivre : « Je lance un appel sincère à toutes les parties concernées pour qu'elles mettent fin à la compétition politique et médiatique autour des droits civils, humanitaires ou sociaux des Palestiniens au Liban. »
« Il y a des droits humanitaires, sociaux et moraux, et il revient à l'État libanais d'assumer la responsabilité de les garantir aux Palestiniens. Le Liban ne fuira pas devant ses obligations, qui doivent être claires et non sujettes à un quelconque malentendu », a-t-il dit. « Mais, a-t-il souligné, dans les devoirs du Liban, il n'y a aucune place à une quelconque fenêtre qui pourrait favoriser l'implantation des Palestiniens ou toute mesure qui contredirait le droit au retour ou qui les priverait de leur identité palestinienne. »
« Nous nous sommes engagés dans la déclaration ministérielle du gouvernement actuel à résoudre cette question, tout en confirmant notre rejet de l'implantation et notre engagement à trouver une solution aux armes palestiniennes à l'intérieur et à l'extérieur des camps, en plus de notre engagement à protéger les réfugiés palestiniens en vertu de la loi », a encore déclaré le Premier ministre.
« Mais, sincèrement, je dois dire que les devoirs du Liban envers les frères palestiniens sont malheureusement insuffisants. Les problèmes sociaux et humanitaires se sont accumulés durant les dernières décennies, jusqu'à en devenir insoutenables. La situation des camps de réfugiés au Liban est tragique aux niveaux civil, social et sanitaire. Et l'État ne peut rester en spectateur devant cette réalité qui peut s'aggraver d'année en année jusqu'à devenir insoluble », a-t-il ajouté.

La stabilité du Liban
Il a toutefois fait valoir la nécessité d'aller « plus loin que les devoirs sociaux et humanitaires de l'État, pour souligner le devoir de l'État de garantir la sécurité de tous ceux qui habitent sur son territoire, sans exception, et d'étendre sa souveraineté sur tout son territoire, à l'intérieur et à l'extérieur des camps ».
« L'édification de l'État libanais est une priorité. Il faut bâtir la confiance loin des surenchères. Tout le monde sait que la situation sécuritaire dans les camps est tragique et influe sur les devoirs de l'État libanais et sur les positions de plusieurs parties politiques concernant ces camps », a-t-il noté. « Le Liban, depuis l'indépendance, a fait de la Palestine sa principale cause, et ce petit pays a payé pour cela de sa sécurité, sa stabilité, l'intégrité de son territoire, la vie de ses citoyens et son développement économique et social », a souligné M. Hariri.
« Les frères du Liban, et notamment les Palestiniens habitant sur son territoire, doivent comprendre l'importance de la stabilité du Liban pour leur cause, et le fait que toute forme de chaos ne nous fera pas progresser sur le chemin vers la Palestine. Plus nous plongerons dans le chaos, plus nous permettrons la transformation des camps en zones de non-droit, et plus la Palestine s'éloignera de nous. »
« L'expérience du camp de Nahr el-Bared a été un désastre qui ne doit pas se reproduire et qui a fait du tort au Liban et à la Palestine. Nous voulons enterrer ce désastre dans le cimetière de l'histoire, a-t-il lancé. Je suis confiant que les Libanais, de toutes tendances politiques et intellectuelles, ne feront pas obstacle à un quelconque projet digne de la responsabilité du Liban envers ses frères. Les factions palestiniennes, à leur tour, se doivent de préserver la stabilité du Liban et de respecter la loi libanaise. »
« Même si je comprends les réactions qui accompagnent le débat sur ce sujet, je dois souligner que le règlement de cette question est inéluctable et aura lieu dans le cadre des institutions concernées, du dialogue et de l'entente, et loin de toute forme de provocation ou de geste mal calculé », a encore souligné le Premier ministre.
« Le Liban n'a pas besoin, et ne peut plus supporter, d'ajouter un élément conflictuel de plus à son agenda national. Et la cause palestinienne ne doit pas supporter le poids de nouveaux différends. Les réfugiés palestiniens résidant parmi nous au Liban doivent rester à l'écart de cela, et le Liban assumera ses responsabilités jusqu'à la réalisation du droit de retour et l'établissement d'un État palestinien arabe libre et indépendant », a-t-il ajouté.
De son côté, le coordinateur des Nations unies a souligné que le revenu individuel palestinien est de moins de 3 dollars par jour, ce qui signifie qu'il est en dessous du seuil de pauvreté. M. Williams a fait valoir que « la responsabilité d'assurer une vie digne aux réfugiés palestiniens incombe au gouvernement libanais, à la direction palestinienne et à la communauté internationale ».
Enfin, le représentant de l'Autorité palestinienne à Beyrouth a appelé les parties libanaises à se mettre d'accord sur la question de l'octroi des droits civils aux réfugiés palestiniens. « Nous ne voulons pas que ces droits soient soutenus par une partie et refusés par une autre, nous voulons qu'ils fassent l'objet d'un consensus libanais », a souligné Abdallah Abdallah lors d'une conférence de presse après la rencontre.
« Nous espérons que le débat en cours aboutisse à un accord entre Libanais », a indiqué M. Abdallah, qui devait par ailleurs rencontrer le chef du comité exécutif des Forces libanaises, Samir Geagea.
M. Hariri a présidé une réunion au Grand Sérail axée sur le thème des « relations libano-palestiniennes : acquis, vision et avenir », en présence de l'ancien chef de gouvernement Fouad Siniora, des ministres Mohammad Khalifé, Jean Oghassabian, Tarek Mitri et Akram Chehayeb, et de nombreux députés et...

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