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Liban - Droits civils des Palestiniens

De plus en plus de mises en garde contre « une implantation qui ne dit pas son nom »

Les pôles chrétiens appellent à un débat sain et calme pour l'amélioration des conditions de vie des réfugiés.
Boutros Harb a tenu hier, « en raison d'un climat délétère qui met en péril l'unité nationale », à organiser un point presse sur la question des droits civils des réfugiés palestiniens.
Le ministre du Travail a commencé par rappeler que les énormes problèmes nés de la présence armée palestinienne sur le sol libanais a failli transformer les deux peuples en irréductibles ennemis, « ce qui a poussé le peuple libanais toutes tendances confondues à refuser d'une même voix n'importe quel projet d'implantation des Palestiniens au Liban », un refus inscrit en noir et blanc dans le préambule de la Constitution et partagé par les Arabes au cours du sommet de Beyrouth en 2002.
« Je voudrais insister sur le fait que ce refus ne reflète pas une quelconque peur des Libanais par rapport à leur identité nationale ou leur unité, mais qu'il est plutôt le signe de leur détermination à défendre jusqu'au bout le droit au retour des réfugiés palestiniens », a-t-il dit, rappelant aussi que la déclaration ministérielle du gouvernement Hariri stipule clairement tout cela, sans compter un travail main dans la main avec la communauté internationale « pour assurer à ces réfugiés une vie digne, ainsi que l'octroi de leurs droits sociaux et humanitaires jusqu'à leur retour ».
Il est temps, pour Boutros Harb, que commence un débat « fraternel et sincère », surtout que les pages noires « sont désormais derrière nous ». Un débat qui permettrait de « faire le point sur les doléances des réfugiés sur les plans humanitaire et social, le tout dans le respect de la Constitution », a-t-il indiqué, avant de rentrer dans les détails des propositions de lois concernant les droits civils des Palestiniens avancées il y a quelques jours place de l'Étoile par Walid Joumblatt.
« Il est désolant qu'un tel débat sur lequel nous sommes tous d'accord provoque une pareille division au sein des Libanais, un pareil clivage communautaire à cause du caractère de double urgence dont ces propositions ont été revêtues », a relevé le ministre du Travail, mettant en avant l'urgence d'être « objectifs et calmes ». Et de poursuivre : « Il est encore plus désolant que les divergences sur le fond de ces propositions entraîne un ouragan de prises de position les unes plus crispées que les autres et qui mettent en péril l'unité nationale. »
Boutros Harb a également insisté sur la nécessité du respect concomitant « et dans les deux sens des droits et des devoirs » dans la relation entre l'État libanais et les réfugiés palestiniens, ce qui signifie « le règlement du problème éminemment souverainiste des armes palestiniennes hors et dans les camps, ce qui impose aux Palestiniens, à tous les Palestiniens au Liban, le respect des lois libanaises : ils devront ainsi remettre leurs armes à l'État, censé assurer à ces réfugiés stabilité, sécurité et défense », a expliqué le ministre du Travail.
Ce dernier a réclamé en outre un plan diplomatique qui protégerait le Liban de l'éventualité de l'implantation sur laquelle « insistent les Israéliens », surtout que le Liban « peut profiter du fait qu'il est membre non permanent du Conseil de sécurité » jusqu'en décembre 2011.
Interrogé sur l'acquisition de biens-fonds par les Palestiniens, Boutros Harb a préféré éluder la question, rappelant que la commission parlementaire de l'Administration et de la Justice est en plein débat sur le sujet.

Abou Nader et Pharaon
Cette question des biens-fonds, le patron du Front de la liberté, Fouad Abou Nader, l'a évoquée du perron de Bkerké. « Tout ce débat autour des droits civils des Palestiniens regorge de points d'interrogation, ne serait-ce que par le timing de cette proposition, à l'heure où le Liban ploie sous une dette phénoménale », a-t-il commencé par dire. « Tout ceci est suspect et il y a de mauvaises intentions », a-t-il insisté, rappelant que les chrétiens ont « soutenu » les Palestiniens « depuis le début, il y a 60 ans ; ils les ont reçus : Michel Chiha, le président Sleimane Frangié, les étudiants Kataëb, etc. Voilà pourquoi il est impératif d'éviter les surenchères au sujet de la cause palestinienne », a-t-il dit, s'étranglant contre ceux qui appellent à l'octroi du droit au travail « alors que nos fils émigrent pour trouver un emploi et que le taux de chômage dépasse au Liban les 36 % ». Et Abou Nader de résumer : « Tout ceci est une implantation qui ne dit pas son nom. »
Un avis partagé par une grande partie de la classe politique du 14 Mars. Le ministre d'État chargé des Relations avec le Parlement, Michel Pharaon, qui a insisté sur le fait que le lieu idéal pour la prise de décisions concernant les réfugiés palestiniens reste le Conseil des ministres, a rappelé le consensus sur la nécessité d'améliorer les conditions de vie des réfugiés et sur le refus absolu de l'implantation. « Arrêtons les surenchères, arrêtons de faire croire que les chrétiens sont contre les mesures visant à cette amélioration ; c'est juste que ces mesures doivent être prises progressivement, dans un climat consensuel et calme. Toute autre proposition serait suspecte et malsaine », a affirmé le ministre Pharaon, alors que le député Nadim Gemayel jugeait, à l'issue d'une audience avec le métropolite de Beyrouth Mgr Élias Audeh, que ce dossier est éminemment « délicat et critique ».
Boutros Harb a tenu hier, « en raison d'un climat délétère qui met en péril l'unité nationale », à organiser un point presse sur la question des droits civils des réfugiés palestiniens.Le ministre du Travail a commencé par rappeler que les énormes problèmes nés de la présence...

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