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Liban

L’effet Placebo (sur l’intelligence de certains Libanais)...

Brian Molko, le leader des Placebo, sur scène...

Le ridicule est ce qu'il est : il ne tue plus. Il faut donc s'adapter. Essayer la pédagogie, on ne sait jamais ; la patience, le sourire, tant que le degré zéro d'intelligence n'a pas encore été atteint, comme pour Gad Elmaleh. Comme, surtout, pour Anne Frank.
Un journal libanais s'est posé une question sinon vicieuse, du moins oiseuse : faut-il ou ne faut-il pas prohiber le concert de Placebo à Beyrouth demain mercredi sous prétexte que le groupe britannique s'est produit il y a quelques jours à peine, dans le cadre de sa tournée 2010, à Tel-Aviv, et qu'il est impératif de boycotter Israël après le massacre qu'il a commis contre la flottille de la liberté la semaine dernière ?
Un groupe a été créé sur Facebook appelant également au boycottage du concert de Brian Molko et de ses copains, incitant les gens à ne pas y aller et à se faire rembourser illico. Pire : un allumé, néanmoins avocat de son état et fils d'un ancien député, a multiplié les attaques au vitriol contre le producteur du show, Jihad Murr, assurant que « la MTV n'aurait pas dû rouvrir, que c'est un nid prosioniste. On doit prendre notre revanche contre la MTV », écrit ce brillant cerveau, conseillant lui aussi aux amateurs de rock de « ne pas aller au concert », prédisant même que « les sionistes vont y placer une bombe ».
Enfin, cerise sur le gâteau de la bêtise et de la confusion de tous les genres, les autoproclamés The Lebanese Campaign to Boycott Zionism, les fans déçus de Placebo, ainsi que Haraket el-Shaab - youth and students ont décidé de tenir aujourd'hui une conférence de presse dans un pub de Hamra pour hurler que non, ce n'est pas seulement de la musique, et qu'il n'est pas normal d'interagir avec l'apartheid et l'occupation.
Il ne s'agit plus là, devant autant d'aveuglement, de défense de la liberté d'expression, de l'art, de la culture, de l'humanisme. Il est juste désormais question de bon sens. Le discours de ces activistes pour l'instant plus bêtes que méchants et qui ont décidé, encore une fois, d'être infiniment plus royalistes que tous les rois (sur les 7 000 spectateurs du concert de Placebo à Tel-Aviv, il y avait certainement des dizaines et des dizaines de Palestiniens et de juifs arabes qui ont pu profiter de cette bouffée d'oxygène et de normalité), ce discours-là n'est pas seulement primaire, faux et réducteur : il est fascisant.
Placebo est un groupe de rock britannique qui a autant d'atomes crochus avec la politique, l'État hébreu, le gouvernement israélien et surtout le sionisme que des talibans avec Maria Callas ou la filmographie de Marlene Dietrich. Qu'Elvis Costello ou les Klaxons aient décidé d'annuler leur escale en Israël les honore peut-être, mais n'engage qu'eux. Les Placebo ont joué pour les habitants d'Israël : ni pour le gouvernement Netanyahu ni pour le lobby sioniste. Et confondre les Israéliens avec leur gouvernement ou avec le sionisme, c'est confondre les Syriens avec le régime des Assad et toutes les exactions commises au Liban pendant trois décennies : une grossière, une stupide erreur.
Un conseil : au lieu de s'exciter pour un rien, il serait nettement plus judicieux d'aller se faire plaisir. Bruise Pristine, Nancy Boy, Without You I'm Nothing, Taste In Men, Black Eyed, This Picture, Infra-Red ou Julian ne feront pas qu'adoucir des mœurs, ils rendront certainement plus lucides. Le gouvernement israélien a fait montre une énième fois de sa gigantesque barbarie la semaine dernière, Placebo n'y est pour rien et, surtout, Placebo ne cautionne rien.
Le ridicule est ce qu'il est : il ne tue plus. Il faut donc s'adapter. Essayer la pédagogie, on ne sait jamais ; la patience, le sourire, tant que le degré zéro d'intelligence n'a pas encore été atteint, comme pour Gad Elmaleh. Comme, surtout, pour Anne Frank.Un journal libanais s'est posé une question sinon vicieuse, du moins oiseuse : faut-il...

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