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Liban - Liberté de la presse

Le prix Samir Kassir distingue l’Égyptienne Safaa Saleh et le Libyen Mustafa Fetouri

Hier, la Délégation de la Commission européenne au Liban et la fondation Samir Kassir ont récompensé les meilleurs articles arabophones dans les catégories enquête-reportage et article d'opinion.

Les lauréats accompagnés du chef de la Délégation de la Commission européenne au Liban Patrick Laurent.Photo Nasser Traboulsi

Depuis 2005, le 2 juin rappelle à tous les journalistes la mort de Samir Kassir, éditorialiste à an-Nahar et ancien rédacteur en chef de L'Orient-Express, dans l'explosion d'une bombe sous le siège de sa voiture à Achrafieh. Depuis cette date, chaque année, l'Union européenne, représentée par le chef de sa délégation au Liban, Patrick Laurent, et Mme Gisèle Khoury-Kassir, veuve du journaliste et présidente de la fondation éponyme, remettent le prix Samir Kassir pour la liberté de la presse à deux journalistes du monde arabophone. Un prix qui veut aussi rappeler la mémoire de tous les journalistes, morts alors qu'ils exerçaient leur métier. La 5e édition de la cérémonie s'est tenue hier après-midi à l'hôtel Phoenicia à Beyrouth.
150 journalistes ont proposé leurs articles à la sélection du jury, composé de professionnels arabophones et d'une représentante de la fondation, Maha Yahya. Le jury s'est attaché à récompenser l'honnêteté, l'éthique professionnelle, mais aussi le courage qui ont motivé ces articles. Et c'est bien de courage dont a fait preuve Safaa Saleh, récompensée dans la catégorie « meilleur reportage » pour son article, « Les filles du tabac », publié en arabe dans l'hebdomadaire al-Ousbouh al-arabi en décembre 2009. Elle avait choisi, pour son article, de s'infiltrer parmi les quelque 200 jeunes femmes, entre 9 et 22 ans, qui travaillent dans les usines de tabac de la région de Shebeen al-Koum, au sud de l'Égypte. Elle se fait alors passer pour l'une de ces jeunes travailleuses qui prennent le bus tous les matins avant le lever du soleil pour se rendre à leur usine. « J'avais peur que ma mission échoue et que mon identité soit dévoilée. » Beaucoup sont malades de respirer les vapeurs nocives de la pâte de tabac qui rendent l'air des bâtiments particulièrement toxique. Elle étaye tout au long de ce long reportage les portraits de ces petites mains du tabac, envoyées par leur famille pour gagner le pain quotidien ou forcées de travailler pour acheter leur trousseau. Parmi elles, certaines ont des diplômes, comme Naema qui lance à la journaliste incognito : « Je ne suis pas une illettrée », mais qui a dû sacrifier ses études pour ses petits frères. Dans un paragraphe final très épuré, elle rappelle les grèves qui, en 1914, ont permis aux ouvrières du tabac de Beyrouth de profiter d'avantages sociaux et lâche : « Quand les ouvrières du tabac acquerront-elles des droits ? »
La Fondation Samir Kassir a également récompensé l'audace du commentateur politique libyen Mustafa Fetouri, lauréat dans la catégorie « article d'opinion », pour son article « Profiter et laisser les autres en profiter : la recette de la Libye pour endiguer le progrès », publié en anglais en novembre 2009 dans le quotidien The National. Il y pointe conflits d'intérêts et corruption dans la manière dont sont gérées les infrastructures dans son pays, après avoir constaté que les travaux qui étaient entamés dans son propre quartier ne prenaient jamais fin et ironisant sur cet état de fait, écrivant notamment : « Bienvenue au pays du développement des infrastructures, façon libyenne. » Pour lui, le système se résume à une vieille expression argotique qu'un chef de chantier lui a un jour glissée et que l'on pourrait traduire en français par « arroser et aider les autres à arroser ». Une maxime qui gouverne, selon lui, l'essentiel des secteurs de l'économie à l'exception du bâtiment et du pétrole, détenus pour l'essentiel par des entreprises étrangères.
Deux jours après l'assaut meurtrier de l'armée israélienne sur la flottille battant pavillon turc et qui devait forcer le blocus imposé à Gaza par Israël, Gisèle Khoury-Kassir a tenu à rappeler dans son discours le sang qui a coulé en mer, « un sang qui a imprégné notre mer de la couleur de la liberté ». C'est également à ces morts que la journaliste Safaa Saleh a souhaité dédier son trophée.
Depuis 2005, le 2 juin rappelle à tous les journalistes la mort de Samir Kassir, éditorialiste à an-Nahar et ancien rédacteur en chef de L'Orient-Express, dans l'explosion d'une bombe sous le siège de sa voiture à Achrafieh. Depuis cette date, chaque année, l'Union européenne, représentée par le chef de sa...

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