Rechercher
Rechercher

Liban - Reportage

Une pléthore de candidats à Tripoli, mais pas de véritable bataille en vue

En dépit des mouvements de protestation nés au lendemain de la décision prise par les représentants locaux de former une liste de coalition à Tripoli, la capitale du Nord ne connaîtra finalement pas de bataille. La raison en est simple : la liste de 24 candidats concoctée par les dinosaures de la ville, incarnés par les Hariri, Safadi, Mikati et Karamé, l'emportera haut la main dans la mesure où elle regroupe, du moins théoriquement, les principaux courants politiques. Ses parrains affirment qu'elle est en outre représentative des deux grands pôles politiques, à savoir les forces du 14 Mars aussi bien que celles du 8 Mars, d'où son label de liste de « l'Unité de Tripoli ».
Cela ne veut pas pour autant dire que le processus de l'« entente » mis en place n'a pas soulevé d'opposition au sein des forces actives de la ville. Bien au contraire. Dès le départ, plusieurs objections ont été formulées à l'encontre de ce que certains ont considéré être une politique de distribution de « quotes-parts », sur lesquelles ont convenu les principales figures politiques de la ville. Plusieurs voix se sont élevées pour exprimer leur refus du principe consistant à réduire l'opinion publique de Tripoli à une seule et unique liste dont ont été écartées certaines personnalités qui s'estiment « représentatives » de courants moins influents certes, mais qui ont tout autant leur mot à dire dans le cadre d'une échéance qui est, après tout, purement locale. Il en va ainsi de l'ancien député Misbah Ahdab, qui, dès le départ, a contesté le principe du « bulldozer » et refusé de rejoindre la liste de coalition en tentant de soutenir une liste d'opposition formée de plusieurs jeunes cadres et activistes. Mais devant la pléthore de candidats issus de cette opposition, M. Ahdab a fini par baisser les bras, affirmant ne pas vouloir « avoir tout ce monde sur les bras ». L'ancien député ne se prive pas pour autant de critiquer la manière dont a été formée la liste de l'Unité de Tripoli, et le fait notamment que deux candidats « sérieux », Kamal Tarchichi et Ahmad Marj, des candidats du Courant du futur, en ont été écartés en dernière minute. Tout en reconnaissant que la liste principale finira en définitive par l'emporter, il n'en estime pas moins qu'elle manque de « crédibilité », soulignant que le Courant du futur « en paiera le prix » en termes de nombre de voix acquises car « ses candidats ne sont pas bien placés sur la liste ».
Pour lui, le seul atout de la liste de l'Unité est le fait qu'elle est confortée par des moyens financiers importants. Elle n'en est pas moins « déséquilibrée » en termes de représentation et surtout « en matière de programmes de développement, quasi inexistants ».
D'autres mécontents se sont également prononcés, tels que la Jamaa Islamiya, bien qu'elle ait bénéficié d'une candidate au sein de la liste, Hiba Mrad. Cette dernière s'est abstenue ces derniers jours de rejoindre l'équipe en place, son mouvement réclamant deux candidats. Il en va de même pour les alaouites, représentés par Rifaat Eid qui réclame trois candidats dont la vice-présidence du conseil, au lieu des deux obtenus, Mohammad Chamsine choisi par Omar Karamé, et Leila Taychouri, choisie par Mohammad Safadi. Le leader des alouites affirme d'ailleurs qu'il boycottera les élections.
Également dans les rangs des mécontents, la communauté arménienne, peu représentative dans la capitale du Nord, qui, dans un communiqué publié mercredi dernier, a dénoncé le fait qu'elle ait été ignorée.
Enfin, cinquième et dernière objection, celle de l'ancien député Abdel Magid Rafeï qui, joignant l'acte à la parole pour dénoncer le jeu des quotes-parts, a fini par mettre en place une liste de 15 candidats (sur 24), baptisée « la liste de la Décision de Tripoli » et regroupant en son sein tous les « contestataires », représentant notamment « la société civile, certaines forces dites actives de la ville et quelques personnalités ». Cette liste vise bien plus à marquer une prise de position en faveur du jeu démocratique qu'à gagner les élections, ayant peu de chances sinon aucune de percer la liste de l'Unité. En effet, cette dernière a d'autant plus de poids qu'elle regroupe des candidats relevant de personnalités de proue de la capitale du Nord. Elle inclut d'une part un candidat du Front de l'action islamique, un autre du parti de la Libération arabe, un troisième du PSNS, ainsi que quatre autres alliés de Omar Karamé qui, en tout, aura choisi 7 candidats représentatifs du camp du 8 Mars. Par ailleurs, le Courant du futur représenté par Samir Jisr a désigné 6 candidats dont le président, Nader Ghazal. Le ministre Mohammad Safadi a eu droit à 3 candidats, l'ancien Premier ministre Nagib Mikati également à 3 candidats, le député Mohammad Kabbara à 2 candidats, le député Robert Fadel ayant désigné le candidat grec-orthodoxe, et Georges Chattini, ancien candidat aux élections parlementaires, le candidat maronite.
En tout, 147 candidats dont plusieurs indépendants, 16 femmes et 17 membres sortant du conseil municipal brigueront les 24 sièges disponibles. Selon les observateurs, seule la liste de l'Unité a des chances de l'emporter, à moins d'une ou de deux percées exceptionnelles.
Cela ne veut pas pour autant dire que le processus de l'« entente » mis en place n'a pas soulevé d'opposition au sein des forces actives de la ville. Bien au contraire. Dès le départ, plusieurs objections ont été formulées à l'encontre de ce que certains ont considéré être une politique de distribution de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut