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Liban - Événement

Le temps d’un match, ministres et députés se sont approprié le stade Camille Chamoun

Pour marquer les trente-cinq ans de la guerre du Liban, ministres et députés ont disputé hier un match amical de foot au stade Camille Chamoun à la Cité sportive.

Ministres et députés étaient divisés en deux équipes, rouge et blanche, aux couleurs du drapeau libanais.Mohammad Azakir/Reuters

C'est sous le slogan « Nous appartenons tous à une même équipe », et pourtant partagés en deux équipes, rouge et blanche, et arborant des maillots frappés du drapeau libanais et d'un sigle présentant toutes les couleurs des partis politiques, que députés et ministres se sont retrouvés pour un match amical, sous les yeux amusés du président de la République, Michel Sleiman, et de divers députés et ministres ayant préféré rester sur les gradins, ainsi que de plusieurs diplomates.
L'idée de marquer le 35e anniversaire de la guerre du Liban par un événement sportif regroupant députés et ministres de tous bords est celle de la commission parlementaire de la Jeunesse et des Sports, présidée par Simon Abiramia, qui a fait appel à Samy Saab et Georges Najm, de l'agence de publicité Clémentine, pour organiser l'événement.
Effectivement, c'est sous un autre angle, hier, que les Libanais ont découvert leurs députés et ministres qui ont voulu faire de leur mieux en jouant au foot sur un stade olympique, construit pour de véritables sportifs. Mais au lieu de jouer 90 minutes coupées d'une mi-temps de 15 minutes, les participants ont disputé un match de trente minutes. À part les officiels et les journalistes, il n'y avait pas de spectateurs au stade pour des raisons de sécurité, mais le match a été retransmis en direct à la télévision.
Les arbitres étaient des professionnels libanais reconnus par la FIFA. Ils avaient promis d'être impartiaux, quelle que soit leur tendance politique « Pour une demi-heure, nous serons les seuls juges et arbitres dans ce pays », avait indiqué, amusé, l'arbitre principal Radwan Ghandour.

Symbolique et fun
La plupart de nos responsables ne sont pas de très grands sportifs, mais ils ont tenu quand même à participer à ce match pour sa symbolique et pour le fun...
Parmi les premiers arrivants, le député Ammar Houri qui a indiqué qu'il marche tous les jours sur un tapis roulant et qu'il fait du ping-pong. Houri jouait durant sa jeunesse au basket-ball.
Arborant son maillot blanc, Ali Bazzi a affirmé qu'il s'est préparé au match... en fumant deux paquets de cigarettes.
Ali Ammar, ancien footballeur, a parlé en arabe littéraire pour raconter à la presse comment il s'est préparé au match.
Alain Aoun et Serge TorSarkissian sont arrivés ensemble au stade. Le premier portait un bandage à la cheville à cause d'une opération alors que le second avait mis l'accent sur l'amitié entre députés malgré les divergences politiques. Plus tard, il s'est plaint, en plaisantant, qu'il n'était pas satisfait de la composition de son équipe. Il s'est exclamé : « J'ai Gebran Bassil avec moi ! »
Akram Chehayeb, qui a joué la dernière fois au foot « il y a trente ans », portait des espadrilles neuves, alors que Michel Pharaon, arrivé en retard, arborait des mocassins noirs. « Je ne peux pas mettre des espadrilles, je porte des semelles orthopédiques », explique-t-il.
Ghassan Moukheiber indique qu'il n'est pas du tout préparé physiquement au match et qu'il a peur de s'écrouler au bout de quelques mètres.
D'un air résolu, Sélim Sayegh note qu'il s'est préparé « psychologiquement », rappelant que Pierre Gemayel, fondateur des Kataëb qu'il représente au gouvernement, était joueur de foot et était le premier arbitre libanais à statuer dans des matchs internationaux.
Tarek Mitri est arrivé directement de l'aéroport au stade. Le dernier match de foot qu'il avait joué, c'était à l'âge de 17 ans, raconte-t-il, notant qu'il faisait de la natation avant qu'il ne devienne ministre.
Samy Gemayel, qui joue au tennis et au foot et qui fait de la natation, a indiqué qu'il ne s'est pas entraîné depuis les élections en juin dernier. Son cousin Nadim Gemayel ne s'est pas non plus préparé au match. Il fait pourtant un kilomètre de natation par jour.

La composition des équipes
L'équipe rouge était formée du Premier ministre Saad Hariri, des ministres Ali Abdallah, Akram Chehayeb (gardien de but, deuxième mi-temps), Gebran Bassil, Mohammad Jawad Khalifé, Michel Pharaon et Sélim Sayegh, et des députés Samy Gemayel, Ammar Houri, Mohammad Rahhal, Serge TorSarkissian, Simon Abiramia, Ghassan Moukheiber, Ali Mekdad et Okab Sakr (gardien de but, première mi-temps).
L'équipe blanche était constituée des ministres Tarek Mitri, Youssef Saadé et Sélim Wardé et des députés Ali Ammar, Ali Bazzi, Alain Aoun, Khaled Zahraman, Ibrahim Kanaan, Nadim Gemayel, Kassem Hachem, Imad el-Hout, et Khodr Habib.
Même si l'équipe rouge était formée de quinze membres et l'équipe blanche de douze, il y avait sur le terrain, comme dans tous les matchs de foot, onze joueurs par équipe, mais probablement dans ce match le taux de remplacement des joueurs a battu un record mondial. C'est que certains jouaient cinq minutes, se faisaient remplacer pour se reposer, pour rejouer encore une fois...
Il était pénible à nos dirigeants de courir aussi vite que le ballon rond. Et souvent celui-ci s'arrêtait, abandonné au milieu du stade, faute de footballeurs capables de le suivre...
Parmi les joueurs les plus en forme, il y avait Samy Gemayel à qui l'équipe rouge doit ses deux buts, Saad Hariri, Gebran Bassil, Ali Bazzi, Ali Ammar, Sélim Wardé qui s'est fait remarquer par son endurance et son agilité, et Akram Chehayeb qui, grâce à son corps souple, a pu sauver son but à plusieurs reprises.
S'adressant aux journalistes, à la fin du match, Samy Gemayel, qui a marqué les deux buts de l'équipe rouge et qui a offert la victoire de son équipe à Joseph Abou Assi, première victime du 13 avril 1975, a indiqué que « la victoire des Rouges prouve que Ali Ammar (équipe blanche) n'a aucune stratégie de défense », faisant allusion à l'appartenance et à la politique menée par le député hezbollahi.
Nadim Gemayel, qui a joué dans l'équipe blanche, a aussitôt renchéri : « Cela prouve aussi que la stratégie de défense de Ali Ammar devrait être revue et corrigée. »
Ce à quoi le concerné a répondu : « Si j'ai joué de la sorte, c'est pour permettre au gouvernement de préserver sa position sur le terrain », faisant allusion à l'appartenance de Saad Hariri à l'équipe des Rouges.
Les physiothérapeutes, Jihad Haddad et Chady Saber, présents hier au stade et qui travaillent normalement avec diverses fédérations libanaises sportives, ont indiqué que, généralement, les joueurs non entraînés souffrent au lendemain des matches de diverses courbatures. Reste donc à savoir dans quel état se réveilleront ce matin nos ministres et députés...
C'est sous le slogan « Nous appartenons tous à une même équipe », et pourtant partagés en deux équipes, rouge et blanche, et arborant des maillots frappés du drapeau libanais et d'un sigle présentant toutes les couleurs des partis politiques, que députés et ministres se sont retrouvés pour un match amical,...

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