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Liban - Le commentaire

Armement : le torpillage du dialogue est en bonne voie, via la proposition Joumblatt

Walid Joumblatt accélère son virage, à gauche toute, vers Damas et le 8 Mars. Il prie le comité de dialogue national de rayer de son ordre du jour la question de l'armement de la Résistance. Ce qui vide pratiquement de son contenu le processus de débat. Quand il s'affichait comme fer de lance du 14 Mars, il qualifiait le potentiel militaire du Hezbollah d'instrument « de traîtrise », pas moins. Et il précisait que cet arsenal, « qui affaiblit l'État, doit nécessairement, progressivement, fusionner avec l'armement de l'armée, pour édifier une stratégie de défense sur cette base ». Mais, bien entendu, sa nouvelle proposition divise les participants au dialogue.
Joumblatt fait ainsi d'une pierre deux coups. Il surprotège le Hezbollah, qui n'en a pas vraiment besoin, ainsi que la ligne syrienne. Et il compromet le devenir du comité de dialogue qui, une fois de plus, se trouverait forcé de mettre un terme à ses réunions. Pour le même motif, l'armement du Hezbollah, qui l'avait contraint à arrêter ses travaux en 2006.
On voit mal, du reste, comment la dissolution du comité pourrait être évitée, du moment qu'il est clair, désormais, qu'il ne peut se réunir sans querelle explosive sur l'ordre du jour. Car le 14 Mars, et certains indépendants, ne peuvent en aucun cas accepter qu'un problème aussi crucial que l'armement du Hezbollah, et le pouvoir de décider de la guerre et de la paix que cela induit, soit mis de côté.
Plus avant, le heurt risque d'entraîner l'éclatement du gouvernement dit d'union et, partant, une crise aiguë de pouvoir et de système. À la grande satisfaction des opposants et de l'axe syro-iranien, qui ne veut pas d'un État libanais digne de ce nom, indépendant et souverain. Il faut rappeler, de plus, que les prosyriens ont poussé les hauts cris à l'annonce de la composition du nouveau comité de dialogue, parce que certaines figures de proue de leur bord en ont été écartées.
Il convient de souligner, en outre, que le plus grave des dangers, pour la paix civile, réside, comme toujours, dans le fait que la césure, une fois confirmée, prendrait vite une vilaine coloration confessionnelle. Tout comme cela s'était produit au sujet de l'armement des Palestiniens, au début des années soixante-dix, puis à propos de l'occupation militaire syrienne. La confrontation entre la majorité de la composante chrétienne et la majorité de la composante musulmane avait causé une série de guerres intestines, meurtrières et dévastatrices, ainsi que l'entrée du loup dans la bergerie. On sait en effet qu'au bout du premier round, 1975-1976, le Front libanais chrétien avait dû faire appel aux Syriens. Pour neutraliser les Palestiniens, qui avaient fondé un État dans l'État. Puis pour donner, en 1982, après les Israéliens, le deuxième coup de pouce chassant Arafat de Tripoli et le forçant à se réfugier en Tunisie.
La logique des armes veut, fatalement, qu'aucune partie ne peut admettre de s'en priver indéfiniment quand une autre en dispose. Une fois les milices reformées, le choc pourrait survenir à tout moment. Et il ne serait pas exclu que, comme jadis, le tout finisse par une rentrée en jeu syrienne d'ordre militaire, sur base d'un accord incluant les Saoudiens et même les Américains.
Pour le moment, la plupart des observateurs estiment qu'un tel scénario reste hautement improbable. Dans la mesure, surtout, où la Syrie peut gagner la mise, sans se mettre martel en tête, à travers une nette victoire politique de ses alliés du cru. Et avant que les souverainistes aient eu le temps, ou même l'envie, de s'armer. Car, englués dans leurs contradictions internes, affaiblis par la défection de Joumblatt, et d'autres, ils ne voudraient certainement pas prêter le flanc à une frappe préventive du Hezbollah, une réédition en plus large du 7 mai. Cependant, au rythme où va l'offensive politique des prosyriens, et de leurs nouveaux supporters, la majorité risque de basculer du côté du 8 Mars. Et le président de la République se trouverait dans l'obligation d'en tenir compte et de confier les rênes de l'Exécutif à ce camp.
Walid Joumblatt accélère son virage, à gauche toute, vers Damas et le 8 Mars. Il prie le comité de dialogue national de rayer de son ordre du jour la question de l'armement de la Résistance. Ce qui vide pratiquement de son contenu le processus de débat. Quand il s'affichait comme fer de lance du 14 Mars, il qualifiait le potentiel militaire du Hezbollah...

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