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Liban - Social

Un mariage collectif au centre-ville pour dire oui… à un code de statut personnel civil

Des dizaines de couples de « mariés » ont échangé leurs vœux hier au centre-ville, mais c'était pour les besoins d'un mouvement symbolique visant à soutenir une cause qui leur tient à cœur : leur droit à un code de statut personnel civil au Liban.

Un simulacre de mariage pour exiger enfin une loi moderne et adaptée au siècle. Mohammad Azakir/Reuters

Habillées de robes de mariées, vêtus de costumes, ces femmes et ces hommes ont crié haut et fort, lors de cet événement organisé par Chaml (Jeunes citoyens libanais non sectaires et non violents), leur volonté d'une loi civile qui gère la vie des Libanais. Pour ce faire, ils ont transmis au secrétariat du Parlement un document dans lequel ils demandent que la loi sur le code de statut personnel civil sorte enfin des tiroirs et qu'elle soit débattue en vue de son adoption.
Aux jeunes de Chaml se sont joints le député Ghassan Moukheiber, un grand militant de longue date pour cette cause, les militants Ougarit Younane et Walid Slaiby, auteurs du projet de loi présenté au Parlement, qui font campagne depuis de longues années pour faire adopter un code de statut personnel civil, et de nombreux intéressés.
Le mariage collectif avait tout d'une véritable cérémonie : photos, lancer de riz et de fleurs, atmosphère festive, zaffé traditionnelle venue de la Békaa... En descendant vers le Parlement pour présenter le document au secrétaire général, la petite foule a scandé des rengaines populaires dont les paroles ont été adaptées à la revendication principale : celle du droit de contracter un mariage civil au Liban. Leur slogan principal : « Un mariage avec exécution suspendue. »
« Nous revendiquons l'adoption de la loi sur le code de statut personnel civil, explique à L'Orient-Le Jour Diane, coordinatrice de la campagne de Chaml. Nous sommes un groupe de jeunes, fondé par Ougarit Younane et Walid Slaiby. Cet événement est un début. Nous ne prétendons pas que c'est chose facile, mais nous ne reculons pas devant les défis non plus. »
Wissam, un autre militant de Chaml, fait valoir que l'une des principales raisons de ce mouvement, c'est le refus de se soumettre soit à des lois régies par les communautés, soit à des lois étrangères appliquées au Liban. « Une telle loi commencera à habituer les gens à l'idée d'un État civil, où chacun est soumis aux mêmes lois », ajoute-t-il. Il précise que Chaml va poursuivre sa campagne par d'autres événements, des rencontres avec les hommes politiques, etc.
Dans le mot prononcé par Chaml au cours de l'événement, l'accent a été mis sur l'aspect fédérateur d'une telle loi dans la société libanaise, puisqu'elle touche à tous les aspects de la vie des citoyens : mariage, divorce, héritage, famille, garde des enfants... « Nous soutenons tous les responsables politiques qui veulent abolir le confessionnalisme dans tous ses aspects, mais nous sommes contre ceux qui veulent en faire un simple slogan », dit le communiqué.
Mais quelle est cette loi dont parlaient les manifestants ? Ougarit Younane explique à L'Orient-Le Jour qu'une version très récente et très moderne de la loi a été préparée par elle-même et par Walid Slaiby, et que c'est cette version qui sera bientôt présentée au Parlement, sachant qu'un projet de loi plus ancien s'y trouve déjà (rédigé par eux aussi), mais dort dans les tiroirs depuis des années. Elle précise que les détails de ce nouveau projet de loi seront annoncés à la presse et au public au cours d'une conférence de presse en avril. Elle ajoute que la campagne « très réussie » qui a été menée de 1997 à 2002-2003 constitue une infrastructure complète pour un renouvellement de la revendication d'un code de statut personnel civil, ayant formé des milliers de personnes de 75 partis et associations, près de 60 000 individus en tout. Qu'est-ce qui peut, selon elle, faire avancer les choses actuellement ? Ougarit Younane cite trois grands facteurs : un important bloc de civils laïcs, qui ne manquent pas d'audace, l'augmentation des couples ayant contracté un mariage civil et le terrain politique qui a été préparé par la campagne des années précédentes.
Pour sa part, le député Ghassan Moukheiber a déclaré « soutenir ce mouvement », assurant qu'il sera « le premier à signer le projet de loi qui a été préparé ». Il a dit espérer que « cette loi sera un premier pas vers l'instauration d'un État civil au Liban ». Il a précisé qu'« il suffit qu'un seul député présente ce projet au Parlement, mais il est nécessaire que celui-ci jouisse d'un vaste soutien dans l'hémicycle », tout en précisant qu'il n'a pas encore sondé l'opinion de ses collègues. Chaml assure de son côté que le projet de loi sera transmis officiellement au Conseil des ministres par le ministre Adnane Sayyed Hussein, qui en a pris l'engagement.

Habillées de robes de mariées, vêtus de costumes, ces femmes et ces hommes ont crié haut et fort, lors de cet événement organisé par Chaml (Jeunes citoyens libanais non sectaires et non violents), leur volonté d'une loi civile qui gère la vie des Libanais. Pour ce faire, ils ont transmis au secrétariat du Parlement un document...

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