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Liban

Nasrallah : Israël est incapable d’imposer une paix ou de lancer une guerre

Ce qui n'était l'an dernier qu'une impression est devenu aujourd'hui une certitude : le Hezbollah est bien plus tranquille désormais, tant sur le plan de sa propre force que sur l'évolution de la situation interne et sur les capacités d'Israël.

Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah : Israël ne peut plus nous attaquer quand il le souhaite.  Joseph Eid/AFP

Pour le deuxième anniversaire de l'assassinat de Imad Moghniyé et pour la commémoration de ceux de Abbas Moussaoui et de  cheikh Ragheb Harb, Hassan Nasrallah a prononcé un discours d'une rare précision, dans lequel il a exposé la nouvelle équation qui se résume comme suit : Israël ne peut plus lancer une attaque quand il le souhaite. S'il bombarde l'aéroport de Beyrouth, le Hezbollah bombardera celui de Ben Gourion, et Nasrallah a ajouté que la réponse à l'assassinat de Moghniyé sera à la hauteur de la perte, non par souci de vengeance, mais pour protéger la cause et les cadres.
Devant une foule particulièrement motivée et des officiels représentant les responsables du pays, ainsi que de nombreux courants politiques, le secrétaire général du parti est apparu dans un décor différent, avec un fond bleu évoquant le paradis où se trouvent désormais les martyrs de la résistance. Le système a beau être rodé, il comporte toujours une faille : il n'y avait pas de place définie pour les journalistes, surtout de la gent féminine, qui se sont retrouvés dans l'aile réservée aux femmes, sous l'œil vigilant d'un cerbère qui faisait penser à une surveillante dans un pensionnat de jeunes filles.
La cérémonie commence par des vidéoclips version Hezbollah, présentant de nouvelles œuvres musicales dédiées à la gloire des martyrs. Dans la salle ornée de portraits de Moghniyé, Moussaoui et Harb, ainsi que de deux portraits des imams Khomeyni et Khamenei, l'atmosphère se veut festive... jusqu'à l'apparition sur grand écran de Nasrallah. Le silence est alors total dans la foule.
Le secrétaire général du parti commence par faire l'éloge des martyrs. Il s'empresse ensuite de les rassurer en évoquant les milliers de jeunes qui souhaitent suivre leur exemple.
Il aborde ensuite la situation actuelle en réfutant les positions de ceux qui critiquent la résistance par le biais de questions indirectes. Il a ainsi demandé si les promesses des États-Unis et de la communauté internationale peuvent protéger le Liban, avant de répondre par la négative. Il s'est aussi interrogé sur la neutralité et si celle-ci protège les eaux du Liban des ambitions israéliennes. Il rappelle ensuite les propos du ministre des AE israélien lorsqu'il a expliqué qu'il n'est pas question pour Israël de restituer une terre ou d'accepter le retour des Palestiniens. Il conclut que la force est le seul moyen de protéger la terre et la patrie. À la question de savoir si le Liban peut être fort, il répond : « Oui, il l'a prouvé et il l'est aujourd'hui plus que jamais. »
Nasrallah rend ensuite hommage à la position officielle libanaise et à celle de l'armée et d'une grande partie de la population et des courants politiques. Il répond ensuite à ceux qui restent sceptiques, affirmant qu'Israël n'a jamais eu besoin de prétexte pour lancer une attaque. Or, selon lui, dire qu'il ne faut pas donner de prétexte à Israël est une façon détournée de justifier une attaque future et d'en faire assumer la responsabilité au Hezbollah. Nasrallah se demande à ce sujet s'il s'agit pour certains de rééditer les circonstances ayant précédé l'invasion de 1982, comme si, dit-il, certains projets ne peuvent se réaliser qu'en misant sur une agression israélienne...

La nouvelle équation
Nasrallah passe ensuite aux menaces israéliennes, et là, dans un développement d'une grande précision, il relève l'évolution du discours israélien qui commençait par promettre une victoire décisive, rapide et éclatante, alors qu'aujourd'hui il se contente d'objectifs plus modestes. Il rappelle qu'Israël n'est plus en mesure de lancer une guerre contre le Liban, et même contre Gaza, s'il faut en croire les propos de l'ancien Premier ministre Ehud Olmert dans ses Mémoires. Aujourd'hui, affirme Nasrallah, Israël ne peut plus imposer une paix sans rendre des terres, dont Jérusalem, et sans accepter le droit au retour des réfugiés. Il ne peut plus aussi mener une guerre sans être sûr de l'emporter, car il ne peut plus se permettre d'essuyer le moindre revers. « Je ne cherche pas à minimiser la force de l'entité sioniste, précise-t-il, mais nous sommes aussi forts. » Comment Israël affronte-t-il cette nouvelle réalité ? Nasrallah répond par plusieurs points : l'État hébreu cherche d'abord à renforcer son potentiel militaire, mais il doit faire face à de nombreux problèmes dont celui de l'enrôlement au sein de l'armée dont le règlement prend du temps. Nasrallah annonce aussi que le bouclier de fer installé récemment est plus une fiction qu'une réalité. Selon lui, Israël cherche dans le même temps à stopper le renforcement de ses ennemis, en cherchant à leur faire peur avec des menaces du genre : « Si vous amenez ces missiles, nous vous détruirons. » « Or, je les rassure, nous les amènerons, si ce n'est déjà fait », clame-t-il sous les cris « Abou Hadi » de la foule enflammée... Selon Nasrallah, Israël a aussi recours aux assassinats et aux opérations sécuritaires, comme celui de Mohammad Mabhouh à Dubaï, et dans le même temps il cherche à semer la discorde. C'est ce qu'a essayé de faire Liberman, dit-il, en accusant le Hezbollah d'être derrière l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri. Au sujet des menaces contre la Syrie, Nasrallah affirme qu'Israël et même les pays arabes ont été surpris par la réponse ferme de la Syrie, venue du ministre des AE et non de parties militaires. C'est dire, selon lui, combien la Syrie se sent forte, et les responsables israéliens se sont rapidement rétractés.
Enfin, Nasrallah définit une nouvelle équation en cas de guerre ; ce n'est plus seulement le bombardement de la banlieue sud qui entraînera celui de Tel-Aviv, mais aussi celui de l'aéroport de Beyrouth, qui entraînera le bombardement de l'Aéroport international Ben Gourion ; le bombardement d'usines au Liban, a-t-il ajouté, provoquera celui d'usines en Israël et ainsi de suite ; en relevant le fait que l'infrastructure israélienne est plus importante que celle du Liban. « Au Liban, martèle Nasrallah, la résistance, la population et l'armée sont en mesure de défendre le territoire sans avoir besoin de qui que ce soit », déclenchant les cris de la foule. Il rappelle toutefois que le Hezbollah ne cherche pas la guerre, et il ne l'a, selon lui, jamais cherchée, se contentant de vouloir défendre sa terre et son peuple.
Nasrallah conclut en parlant de la réponse à l'assassinat de Moghniyé, révélant que le Hezbollah a eu, au cours de ces deux ans, plusieurs possibilités de mener des opérations à objectifs modestes, mais que la résistance a refusé ces objectifs car elle veut une action qui soit à la hauteur de la perte, non pas par souci de vengeance proprement dit, mais pour protéger ses cadres et la cause défendue par son chef militaire Imad Moghniyé. Il se réserve donc le choix de l'heure et de la nature de cette opération, ajoutant que rien ne presse et souhaitant aux martyrs de dormir en paix, car la relève est assurée.
Pour le deuxième anniversaire de l'assassinat de Imad Moghniyé et pour la commémoration de ceux de Abbas Moussaoui et de  cheikh Ragheb Harb, Hassan Nasrallah a prononcé un discours d'une rare précision, dans lequel il a exposé la nouvelle équation qui se résume comme suit : Israël ne peut plus lancer une attaque quand il le...

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