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Liban - Rencontre

Machnouk : un œil sur la Turquie, l’autre sur la Syrie, et l’Iran reste en plan…

Pour comprendre ce qui se passe dans la région, il faut suivre des yeux la Turquie. C'est un peu en ces termes que le député membre du bloc Liban d'abord, Nohad Machnouk, résume les développements politiques actuels. Selon lui, l'accord syro-turc n'a pas occupé la place qui lui revenait de droit dans les analyses des experts régionaux, alors qu'il s'agit d'un tournant stratégique dans la politique des deux pays. Il estime ainsi que la Turquie a un projet de stabilité pour la région et sa politique d'établir des relations étroites avec tous ses voisins (notamment sa spectaculaire réconciliation avec l'Arménie) et même au-delà s'inscrit dans ce cadre. Avec sa nouvelle direction islamique modérée, ce pays a instauré une dynamique de paix dans la région et tous ceux qui se rapprochent de lui doivent adhérer à cette vision des relations entre les États de la région.
Contrairement à l'idée prédominante au Liban, M. Machnouk considère que la Turquie a sans doute pris ses distances avec Israël, mais elle conserve des liens importants avec ce pays. Il rappelle que le Premier ministre turc s'est même rendu dans une synagogue en 2007. Ce pays affiche en plus une réussite économique stupéfiante avec un PNB de 800 milliards de dollars, c'est-à-dire deux fois celui de l'Arabie saoudite. Il est aussi le premier pays exportateur vers l'Irak et a pour 20 milliards de dollars d'investissements en Syrie. En 2003, la Turquie a interdit aux États-Unis le survol de son territoire pour bombarder l'Irak. En d'autres termes, ce pays mène une politique équilibrée et mise sur la stabilité.
En se tournant vers la Turquie, ajoute Nohad Machnouk, la Syrie a initié un changement stratégique et s'inscrit désormais dans une vision de stabilité après cinq années de perturbations. Elle a ainsi rétabli un équilibre perdu dans la région entre la prédominance iranienne et la suprématie turque, qui oubliait quasiment les Arabes. Selon le député, ce changement ne se fait pas sans un froid avec l'Iran, la République islamique continuant à évoluer dans une spirale de violence. Il rapporte à cet égard un échange un peu acerbe entre le président syrien Bachar el-Assad et le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki, qui aurait voulu rappeler à la Syrie que l'Iran veut bien lui laisser plus ou moins le champ libre au Liban, notamment dans la formation du gouvernement d'union nationale, mais que la Syrie ne doit pas oublier que la République islamique tient la situation en main en Irak. À quoi le président syrien aurait répondu en rappelant à son interlocuteur iranien que la Syrie et l'Irak sont tous les deux des pays arabes, qu'ils ont la même langue, la même vision et le même passé et que la Syrie considère l'Irak comme partie intégrante de sa sécurité stratégique. En d'autres termes, la politique de la Syrie reste attachée à l'avènement d'un régime axé sur la réconciliation entre sunnites et chiites en Irak, Damas ne pouvant pas accepter un régime chiite en conflit avec les sunnites à ses frontières, alors que l'Iran considère que l'Irak doit être gouverné par un régime à prédominance chiite.
Selon Nohad Machnouk, cette divergence entre Damas et Téhéran sur l'Irak n'atteint certes pas la rupture et les relations entre les deux pays sont bien trop profondes pour être remises en cause par ce dossier. Toutefois, elle marque le début d'un processus irréversible de rapprochement de la Syrie du camp arabe et de la vision stable des développements dans la région. Dans ce contexte, il estime que ce changement provoque une certaine inquiétude chez le Hezbollah, tiraillé entre les deux tendances, syrienne et iranienne. M. Machnouk estime qu'en définitive, le Hezbollah ne peut que se rallier à la Syrie, puisque sans l'appui de ce pays, aucune aide ni militaire ni autre ne peut lui parvenir. En stratège pragmatique, le secrétaire général du Hezbollah ne peut qu'être conscient de cette réalité et agir en conséquence. Jusqu'à présent, il a appliqué une politique d'équilibrisme assez réussie, naviguant avec sagesse dans les eaux troubles des deux pays et évitant les écueils. Son envergure personnelle lui permet aussi d'avoir une certaine marge de manœuvre qu'il utilise à fond, mais cela n'empêche pas le fait qu'au sein du parti, les cadres sont plus ou moins perdus.
Le député membre du bloc Liban d'abord considère que la probabilité d'une attaque israélienne contre l'Iran est très faible. Car, selon lui, les États-Unis se livrent depuis des années à une politique visant à éloigner les pays arabes, notamment ceux du Golfe, de l'Iran. Dans ce contexte, une attaque israélienne aurait pour première conséquence de ressouder les pays arabes et l'Iran face à un ennemi commun, Israël. Et tous les efforts accomplis par les administrations américaines (celle de Bush et l'actuelle) seraient ainsi balayés. Il est d'ailleurs convaincu qu'Israël ne peut pas prendre seul une telle décision, tant que les soldats américains se trouvent dans la région. La seule possibilité d'une attaque contre les installations nucléaires iraniennes serait celle qui serait menée par les Américains eux-mêmes, mais même cette éventualité est à écarter pour l'instant, au moins jusqu'au retrait des troupes américaine d'Irak, puisque l'Occident aussi bien que la Turquie et les pays arabes privilégient le dialogue avec Téhéran sur son dossier nucléaire. De plus, Nohad Machnouk estime que les Américains trouveront une formule pour maintenir 50 000 hommes en Irak, ce qui signifie qu'une attaque contre l'Iran ne serait pas envisageable même dans un avenir proche. Il pense aussi que les Américains ne seraient pas non plus favorables à une attaque israélienne contre le Liban, ainsi que la Turquie d'ailleurs qui cherche la stabilité. Pour toutes ces raisons, le député voit une période de stabilité s'ouvrir devant le Liban, mais aux Libanais de savoir en profiter...
Pour comprendre ce qui se passe dans la région, il faut suivre des yeux la Turquie. C'est un peu en ces termes que le député membre du bloc Liban d'abord, Nohad Machnouk, résume les développements politiques actuels. Selon lui, l'accord syro-turc n'a pas occupé la place qui lui revenait de droit dans les analyses des experts régionaux, alors qu'il...

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