Rechercher
Rechercher

Liban - La situation

Même cuisinier, même recette

La subtile et délicate relation établie il y a quelques semaines entre le Premier ministre, Saad Hariri, et le régime syrien n'empêche pas ce dernier de continuer à utiliser à l'égard du Liban des procédés éculés et longtemps dénoncés comme étant à l'origine même de l'empoisonnement des rapports entre les deux pays.
Faisant part de son refus de laisser désarmer les bases palestiniennes hors des camps, Abou Moussa, patron de Fateh-Intifada, a certes affirmé d'une voix forte hier son autonomie par rapport à Damas. Il reste que sur ce point, il ne s'en trouverait pas beaucoup pour le croire.
On se souvient, en effet, de cette organisation palestinienne dissidente du Fateh créée de toutes pièces par le régime syrien dans les années quatre-vingt pour combattre le chef de l'OLP, Yasser Arafat, et le pourchasser dans les rues de Tripoli.
Depuis cette époque, coulant des jours tranquilles dans la capitale syrienne, Abou Moussa n'a pas beaucoup fait parler de lui, sinon pour joindre de temps à autre sa voix au plus actif des chefs palestiniens prosyriens au Liban, Ahmad Jibril. Jusqu'à hier, lorsque son apparition chez le président du Conseil municipal de Saïda, Abdel Rahman Bizri, et les propos qu'il a tenus à cette occasion ont créé la surprise.
Ainsi donc, la Syrie fait fi, une fois de plus, non seulement de la souveraineté libanaise, mais aussi de ce qui, en apparence du moins, avait été décidé à l'unanimité des Libanais, à savoir le désarmement des Palestiniens hors des camps. C'est-à-dire, en clair, des Palestiniens recevant leurs ordres de Damas et non de Ramallah, ni même de Gaza.
Pour nombre d'observateurs, le choix de Saïda n'est pas le fruit du hasard. C'est là d'abord que se trouve la plus forte concentration de Palestiniens du Liban et, ensuite, c'est bien sûr la ville natale de M. Hariri.
Mais au-delà de la symbolique, on relève que le nouveau message syrien a été envoyé au Premier ministre à la veille d'un important périple diplomatique qui le conduit d'abord aux Émirats arabes unis, puis en France et en Égypte, et quelques jours avant l'arrivée à Beyrouth d'une délégation officielle syrienne que M. Hariri aura à rencontrer.
D'autre part, ce message est survenu au milieu de grandes manœuvres diplomatiques au Liban même, après la visite du vice-président iranien Mohammad Reza Tajeddine et celle du conseiller américain à la Sécurité nationale, James Jones, et à la veille de l'arrivée à Beyrouth de l'émissaire de Barack Obama pour le Proche-Orient, George Mitchell.
Ce dernier entame en effet par le Liban sa nouvelle tournée régionale destinée à relancer les efforts de paix.
Rappelons que M. Tajeddine était venu participer vendredi au Forum international de soutien à la résistance au cours duquel le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'était exprimé pour menacer Israël d'anéantissement.
Le lendemain, à l'issue d'entretiens avec les responsables libanais, M. Tajeddine a clairement signifié la volonté de son pays de continuer à « parrainer » les mouvements de « résistance », c'est-à-dire le Hezbollah en particulier, tout en affirmant respecter l'indépendance et la souveraineté du Liban.
Pour ce qui est de M. Jones, le quotidien al-Hayat indiquait hier que ce dernier s'était inquiété lors de ses entretiens avec les responsables libanais de la persistance du flux d'armes à travers la frontière libano-syrienne.
Selon al-Hayat, le président de la République, Michel Sleiman, avait répondu en affirmant que le Liban s'efforce de contrôler sa frontière avec l'aide de l'Union européenne et en coordination avec l'ONU, mais aussi qu'il y a une « entente » entre le Liban et la Syrie sur cette question.
Toujours selon le journal, M. Sleiman a, en outre, pressé les États-Unis de fournir à l'armée libanaise les équipements qui lui permettraient précisément de renforcer le contrôle de la frontière, et demandé à Washington d'aider le Liban en faisant pression sur Israël pour l'amener à se retirer des portions de territoire occupé et à cesser ses violations de la résolution 1701 du Conseil de sécurité.
À ce propos, les affirmations d'un responsable américain au journal koweïtien al-Raï hier méritent d'être relevées.
À en croire al-Raï, ce responsable qui a requis l'anonymat estime peu probable l'éclatement dans un futur prévisible d'une guerre au Liban-Sud car, selon lui, les « lignes rouges » posées par Israël sont actuellement respectées par les autres acteurs.
Même le flux d'armes à travers la frontière syrienne à destination du Hezbollah reste en deçà de ces « lignes rouges », dans la mesure où Damas s'abstient jusqu'ici de livrer au Hezb des missiles SA-2 (sol-air), précise-t-il.
Cependant, si la Syrie changeait d'avis et livrait de tels missiles, alors il y aurait certainement une guerre et Israël irait jusqu'à bombarder des positions à Damas même, soutient ce responsable pour lequel l'erreur commise par l'État hébreu en 2006 était d'avoir épargné le territoire syrien.
La subtile et délicate relation établie il y a quelques semaines entre le Premier ministre, Saad Hariri, et le régime syrien n'empêche pas ce dernier de continuer à utiliser à l'égard du Liban des procédés éculés et longtemps dénoncés comme étant à l'origine même de l'empoisonnement des...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut