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Liban - Élections

Une ultra-indépendante à la tête de l’ordre des avocats de Beyrouth : Amal Haddad

Pour la première fois dans l'histoire du Liban, une femme a été élue à la tête de l'ordre des avocats de Beyrouth.

Un nombre record d’avocats ont participé à l’élection, hier au Palais de justice, d’Amal Haddad, première bâtonnière de l’ordre des avocats de Beyrouth.             Photo Nasser Traboulsi

La première partie de l'élection au sein de l'ordre des avocats de Beyrouth, hier, était purement politique, certes bien moins âpre que les précédentes (elle s'est soldée par un match nul entre le 14 Mars et le 8 Mars, avec un avantage en nombre de voix pour le 14 Mars) ; la seconde nettement plus corporatiste, avec l'élection d'Amal Haddad, une candidate autoproclamée ultra-indépendante et qui tient absolument à le rester, et avec le retrait du Conseil de l'ordre de l'ancien bâtonnier Ramzi Joreige au profit de Hussein Zbib pour que, a-t-il expliqué, « la représentation soit la plus large possible sur le plan communautaire ».
Cinq membres ont donc été élus hier par leurs pairs au Conseil de l'ordre des avocats de Beyrouth : Toufic Noueiry (Courant du futur), Georges Jreij (Kataëb), Georges Baroud (CPL), Hussein Zbib (Amal) et Amal Haddad, avant que cette dernière ne soit élue d'office à la tête de l'ordre, une fois que le candidat Kataëb, Georges Jreij, eut annoncé son retrait de la course.
Cinq membres ont également été élus au sein du comité d'administration de la caisse de retraite de l'ordre : Saïd Mohammad Alama, Pierre Assaad Haddad, Maurice Youssef Diab, Saad Khalil Renno et Joseph Boutros Sfeir.
L'assemblée générale s'était tenue hier à 9h00 sous la présidence du bâtonnier sortant Ramzi Joreige, qui a commencé par dresser un bilan public des réalisations faites au cours de son mandat, tant sur le plan national que corporatiste. Les bilans financiers ont également été rendus publics, avant que les différents budgets ne soient votés à main levée - cette procédure a provoqué l'ire de certains avocats qui ont alors exigé que ce vote se fasse dans les urnes...
C'est ensuite peu avant 10h00, et après une minute de silence à la mémoire des quatre juges assassinés, que les votes en tant que tels ont débuté et se sont terminés vers 13h00. Il est à noter que 4 367 avocats (sur 6 267 inscrits) ont participé à ce scrutin, dont l'ancien chef de l'État Amine Gemayel, le ministre de l'Intérieur Ziyad Baroud, le président de la commission parlementaire de l'Administration et de la Justice Robert Ghanem, ainsi que les députés Georges Adwan, Sami Gemayel et Nadim Gemayel.
Sur les 4 367 votants (un record d'affluence), 39 bulletins blancs ont été recensés et 27 annulés. Et à l'issue du décompte, 2 393 voix ont été dévolues à Amal Haddad (indépendante), 1 828 à Toufic Noueiry (Courant du futur), 1 825 à Georges Jreij (Kataëb), 1 715 à Georges Baroud (CPL), 1 665 à Hussein Zbib (proche du mouvement Amal), 1 382 à Antonio Hachem (proche du 14 Mars), 701 à Mtanios Eid et 483 voix à Élias Bou Eid.
Immédiatement après l'annonce des résultats, le bâtonnier Joreige a décidé de présenter sa démission du Conseil de l'ordre au profit du premier perdant, Hussein Zbib. « Je fais cela parce que je souhaite que la représentation au sein du Conseil soit la plus large possible et que toutes les communautés y soient présentes », a expliqué Ramzi Joreige dans un geste d'une grande dignité.
Le candidat Antonio Hachem a pris la parole pour défendre un ordre des avocats « toujours libre et jamais dépendant » de quelque pôle politique que ce soit. Ensuite, le candidat Georges Jreij a annoncé le retrait de sa candidature au profit d'Amal Haddad. « L'ordre des avocats de Beyrouth restera à jamais une école pour la libre expression, un exemple de démocratie et d'alternance du pouvoir, a commencé par dire l'avocat soutenu par les Kataëb. Je sais qu'en fin de compte il y a toujours un gagnant et un perdant... Il a été répété à maintes reprises que la candidate Amal Haddad est indépendante et qu'elle a bâti sa campagne électorale uniquement sur son indépendance, je lui dis mabrouk pour son élection à la tête de l'ordre des avocats. »

La nouvelle bâtonnière
C'est alors qu'Amal Haddad, première bâtonnière dans l'histoire du Liban depuis la naissance de l'ordre des avocats de Beyrouth en 1919, a pris la parole pour insister sur trois points - il est à noter que c'est la deuxième fois qu'un bâtonnier est élu d'office ; le premier ayant été Samir Abillama, en 1991.
« Peu importe pour qui vous avez voté ; nous sommes tous frères. Ce qui compte, c'est que vous avez montré que l'ordre des avocats est libre et démocratique, cet ordre qui n'a aucun intérêt s'il ne reste pas un bunker pour la liberté et la loi », a-t-elle commencé par dire, félicitant ses pairs d'avoir « transcendé tous les complexes et démenti tous les mythes en élisant une femme et en s'élevant au-dessus des différences communautaires. Je suis fière d'être la première femme élue au poste de bâtonnier de Beyrouth », a-t-elle répété, visiblement émue.
« Vous avez prouvé que cet ordre est un symbole de l'unité du Liban, qu'il regroupe en lui toutes les factions et toutes les parties sans être du tout un ordre politisé ou confessionnel. C'est un ordre professionnel, missionnaire, au service de l'avocat, pour défendre ses droits et se poser en rempart contre les intimidations en tout genre », a poursuivi la nouvelle bâtonnière. « Voilà pourquoi je prie les médias que je respecte d'éviter de se précipiter pour affirmer que tel ou tel parti a remporté la victoire à l'ordre des avocats. Encore une fois, cet ordre est libre, indépendant et le restera. Personne ne peut contrôler l'ordre des avocats à l'exception des avocats et du Conseil de l'ordre », a-t-elle martelé, avant de rendre hommage à ses prédécesseurs, dont Ramzi Joreige et, surtout, son père, l'ancien bâtonnier Fayez Haddad, et son grand-père, Fouad Khoury, également ancien bâtonnier.
Interrogée par L'Orient-Le Jour peu après son élection, Amal Haddad a évoqué « la victoire de la démocratie, de l'ordre et de l'unité nationale », expliquant qu'elle doit le nombre important de voix qui lui ont été accordées à son « indépendance » et à son « attachement à la ligne corporatiste ». Priée de commenter le fait qu'elle soit la première femme à assurer cette mission, elle a rappelé que l'ordre des avocats de Beyrouth a « toujours été pionnier en tout ; il est donc naturel que, comme dans les pays civilisés, il donne la part belle aux femmes ».
Et de conclure : « L'important n'est pas ma victoire aujourd'hui ; l'important est que je réussisse mon mandat de bâtonnière. Demain, le travail va commencer et nous sommes tous au service de l'ordre, tous au service des avocats et tous au service du Liban. »
La première partie de l'élection au sein de l'ordre des avocats de Beyrouth, hier, était purement politique, certes bien moins âpre que les précédentes (elle s'est soldée par un match nul entre le 14 Mars et le 8 Mars, avec un avantage en nombre de voix pour le 14 Mars) ; la seconde nettement plus corporatiste, avec l'élection d'Amal...

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