Les pluies torrentielles prennent le pays en otage

Des routes noyées par les pluies, des piétons peinant à traverser d'un côté à l'autre de la rue, des maisons inondées par l'eau, des voitures en panne, des murs effondrés, des canalisations bouchées, des carambolages, le courant coupé... Ce sinistre tableau se répète malheureusement d'un hiver à l'autre, sans que les autorités concernées ne se décident à trouver des solutions radicales au problème des intempéries.
Samedi et dimanche donc, le pays était noyé sous les eaux, avec un taux de précipitations avoisinant les 90 mm à Beyrouth, selon le service météorologique de l'aéroport de Beyrouth. La quantité de pluie tombée jusqu'à hier matin a atteint 30 mm à Tripoli et 25 mm à Zahlé.
« Ces pluies ne sont pas inhabituelles en cette période de l'année, a expliqué à L'Orient-Le Jour Abdel-Rahman Zawaoui, chef du département des prévisions au service météorologique de l'aéroport. Chaque décennie, nous passons par une période favorable aux pluies. C'est le cas de l'année en cours. Cela est principalement dû au jet-stream, un courant aérien violent qui se produit au-dessus de 10 000 mètres d'altitude et qui s'est déplacé cette année du nord de la Turquie vers le nord de l'Égypte. De ce fait, des masses d'air froid intéressent le Liban. »
Soulignant que la tempête s'est calmée et qu'à partir d'aujourd'hui le soleil brillera de nouveau, M. Zawaoui a remarqué que si ces pluies tant attendues combleront le déficit des années précédentes, il n'en demeure pas moins qu'elles nuisent au secteur agricole.
En effet, à Batroun, les eaux ont dévasté les serres et les fermes, tuant des milliers de volailles et détruisant les plantations. Les vents forts ont de même arraché des arbres. Une vraie catastrophe pour les agriculteurs qui comptaient sur les prochaines récoltes pour joindre les deux bouts, notamment à l'approche des rentrées scolaire et universitaire.
Au niveau de la vie quotidienne, les tempêtes du week-end dernier ont mis en avant la précarité des mesures prises par le gouvernement pour faire face à la saison froide. La même scène se répétait dans les différentes régions du pays avec des gens qui essaient de vider l'eau de leur habitation ou magasin, des chauffards qui s'évertuaient à réparer les dégâts causés à leurs véhicules, ou encore des murs qui s'écroulent, des routes transformées en marées, des canalisations inondées...
Et comme un malheur n'arrive jamais seul, les orages et les éclairs ont apporté leur lot de dommages, causant dans plusieurs régions la coupure du courant électrique ainsi que le réseau Internet, notamment à Tyr où d'importants dégâts ont été notés dans le réseau électrique.