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Liban - Le commentaire

Un dilemme : régulariser ou pas l’arsenal du Hezbollah

La face cachée de la lune : un ancien ministre, bien informé, révèle que l'une des raisons du retard pris dans la formation du gouvernement est qu'on se perd en conjectures sur le sempiternel problème de l'arsenal du Hezbollah. Et qu'on débat en coulisses sur le point de savoir s'il vaudrait mieux le placer sous la coupe de la légalité, pour asseoir l'autorité de l'État ou le laisser hors de la sphère publique, afin que le Hezb en assume seul la responsabilité. Pour que, le cas échéant, le Liban ne soit pas tenu responsable de son utilisation, et puisse limiter l'étendue et les dégâts d'une attaque israélienne. En termes politiques, cela revient également à dire qu'on éviterait, en s'abstenant d'intégrer l'armement au potentiel public, que le Hezbollah paraisse faire corps et âme avec l'État libanais, et inversement.
Ainsi en juillet 2006, l'État avait pu se laver les mains de la responsabilité de la guerre, car le Hezbollah avait agi de son propre chef, sans en référer au gouvernement ni l'informer. Ce qu'il aurait été obligé de faire si son armement avait été légalisé, donc placé sous système de coordination avec l'armée. Conséquences manifestes : les raids de l'aviation israélienne avaient certes ciblé des ponts et des routes, mais pas les centres névralgiques de la vie civile, l'eau, l'électricité, le téléphone, les ports et les aéroports. Cette prévention est survenue à la demande des États-Unis, qui n'auraient pas pu intervenir si le Hezbollah et l'État libanais étaient bonnet blanc et blanc bonnet.
Il faut cependant souligner que la position israélienne a évolué : aujourd'hui, les dirigeants israéliens menacent de frapper tout le Liban, voire de le détruire, si le Hezbollah bouge de nouveau. La question est de savoir si le gouvernement pourrait, cette fois, se démarquer du Hezb, en cas de malheur. De plus, on se demande si la décision d'action, pour ne pas dire de guerre, ne resterait pas aux seules mains du Hezbollah, même une fois son armement légalisé.
L'ancien ministre rappelle que le Liban a subi une série d'agressions et deux invasions israéliennes en riposte aux opérations des fedayin menées à partir du Sud. Quand le gouvernement libanais a approuvé la convention du Caire, donnant libre cours aux fedayin, Israël y a vu une dénonciation, et une résiliation, de la convention d'armistice de 1949, en faisant assumer au Liban la responsabilité des hostilités dirigées contre son territoire par les combattants palestiniens. Ironie cruelle du sort : cette convention du Caire qui a tant coûté à ce malheureux pays, les organisations palestiniennes ne l'ont même pas appliquée.
C'est là un précédent qui montre que ce pays subit les conséquences dévastatrices de la légalisation d'un armement parallèle utilisé à partir de son territoire. Et, en même temps, combien il faut se méfier d'un accord avec des parties non officielles puissamment armées. Mais est-ce que la suite éventuelle serait cette fois la même ? On sait en effet que les Libanais s'étaient divisés sur la question des fedayin, et qu'il en avait résulté une guerre civile de deux ans qui a fait bien des petits ensuite, pendant quatorze ans.
Il faut également se rappeler que si les Palestiniens de l'époque avaient pu tenir tête à l'État libanais, c'était, en bonne partie, grâce aux appuis arabes dont ils bénéficiaient. Mais ils avaient finalement tiré les marrons du feu pour la Syrie, entrée pour les mettre au pas et restée pendant près de trente ans. Cette même Syrie qui soutient actuellement l'armement du Hezbollah, mais qui ne s'est manifestée que verbalement lors de la guerre de juillet.
La question est dès lors de savoir si l'histoire va repasser les mêmes plats, si le Liban va subir à cause de l'armement parallèle ce qu'il avait enduré à cause des fedayin palestiniens et de la convention du Caire. On craint dès lors que le prochain gouvernement n'affronte, à travers un accord tacite ou pas sur l'arsenal du Hezb, les mêmes épreuves que le cabinet Karamé à travers la susdite convention.
La face cachée de la lune : un ancien ministre, bien informé, révèle que l'une des raisons du retard pris dans la formation du gouvernement est qu'on se perd en conjectures sur le sempiternel problème de l'arsenal du Hezbollah. Et qu'on débat en coulisses sur le point de savoir s'il vaudrait mieux le placer sous la coupe de la légalité,...

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