Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Analyse

La patience des États-Unis envers le nucléaire iranien pourrait payer

Les six puissances ont rédigé un projet de résolution sur l'Iran.
Le choix de l'administration Obama d'attendre une réponse claire de l'Iran à l'offre des grandes puissances sur son programme nucléaire est judicieux et pourrait s'avérer payant, selon des experts. Le département d'État a répété mardi qu'il continuait d'espérer que l'Iran acceptera l'offre de l'ONU d'enrichir son uranium à l'étranger, une proposition que le régime de Téhéran avait acceptée en principe il y a plus d'un mois.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) avait proposé que l'Iran expédie son uranium faiblement enrichi en Russie, puis en France pour qu'il soit transformé en combustible pour la centrale expérimentale de Téhéran. Conséquence pratique : cet uranium ne pourrait plus avoir un usage militaire, qui est la principale crainte des grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) qui négocient avec l'Iran.
L'Iran a indiqué il y a quelques jours son refus de l'offre, avant de sembler l'accepter à nouveau sous condition. L'opposition à l'accord est le fait de hauts responsables qui craignent que les grandes puissances ne respectent pas leur part du contrat et ne ramènent jamais en Iran l'uranium enrichi. « Étant donné la confusion au sein du régime, les grandes puissances ont raison d'attendre une réponse officielle plutôt que de réagir à des articles de presse », explique à l'AFP l'analyste Deepti Choubey.
Tant la Russie que la Chine ont été, jusqu'à présent, plus réticentes que les États-Unis et les Européens à imposer de nouvelles sanctions à l'Iran. Cela pourrait changer, dit Mme Choubey, une spécialiste de la non-prolifération au sein de l'institut Carnegie. « Les grandes puissances sont unies dans leur désir de voir l'Iran accepter l'offre originelle, qui est une extraordinairement bonne affaire pour l'Iran. » « Il est possible que la Russie et la Chine essaient de persuader l'Iran d'accepter l'accord, afin d'éviter le désagrément de prendre des sanctions », ajoute-t-elle.
Les États-Unis attendent maintenant « le prochain événement important » que sera, aujourd'hui, la réunion des directeurs de l'AIEA afin de débattre de l'évaluation du programme nucléaire iranien par le directeur de l'Agence, Mohammad el-Baradei, a expliqué Ian Kelly, le porte-parole du département d'État. Selon Mme Choubey, le directoire pourrait juger que l'Iran a failli à ses obligations internationales. Il est même possible que Moscou et Pékin, à la différence de 2005, soutiennent une telle motion. L'affaire pourrait alors être renvoyée devant le Conseil de sécurité de l'ONU. « L'Iran doit réaliser que le contexte est différent de celui des années précédentes, et que la patience des Russes, à coup sûr, et peut-être des Chinois est arrivée à bout », juge Mme Choubey.
L'annonce iranienne consistant à réclamer un échange simultané en Iran en vue de contrôler que les Occidentaux tiennent leurs promesses est « un grand pas en arrière », estime le spécialiste Patrick Clawson. Cet échange d'uranium sur le territoire iranien « n'est pas une option », a martelé hier à Vienne le directeur général de l'AIEA, Mohammad el-Baradeï.
La manifestation de défiance envers la Russie « rend l'argument de nouvelles sanctions beaucoup plus porteur ». Washington semble en tout cas décidé à prendre son temps pour donner à la situation des chances de s'éclaircir, dit Trita Parsi, chercheur et président du National Iranian American Council. L'administration Obama avait donné à l'Iran jusqu'à décembre pour répondre formellement à la proposition de l'AIEA. Le gouvernement américain pourrait bien décider en janvier, in fine, de pousser à des sanctions renforcées, malgré « une répugnance de l'administration à choisir la voie des sanctions », conclut M. Parsi.
Dans ce contexte, les six grandes puissances mondiales négociant sur le dossier iranien ont rédigé un projet de résolution à soumettre à l'AIEA condamnant l'Iran pour avoir caché un deuxième site d'enrichissement d'uranium, ont affirmé des diplomates mardi. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France) plus l'Allemagne ont rédigé un projet de résolution qu'ils soumettront aux 35 membres de AIEA à partir d'aujourd'hui, a indiqué à l'AFP un diplomate occidental sous le couvert de l'anonymat.
Par ailleurs, le président du Parlement iranien Ali Larijani a répété hier que les États-Unis cherchaient à « duper » l'Iran. « Si nous analysons le rôle des États-Unis dans le dossier nucléaire iranien, il s'avère qu'il y avait une ruse dans cette proposition », a-t-il ajouté. Le guide suprême iranien l'ayatollah Ali Khamenei, a déclaré pour sa part que l'Iran fait face à une « guerre masquée » de la part de ses ennemis de l'étranger, estimant que les troubles postélectoraux entraient dans ce cadre.
Le choix de l'administration Obama d'attendre une réponse claire de l'Iran à l'offre des grandes puissances sur son programme nucléaire est judicieux et pourrait s'avérer payant, selon des experts. Le département d'État a répété mardi qu'il continuait d'espérer que l'Iran acceptera l'offre de l'ONU d'enrichir son uranium...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut