« Toute action unilatérale défera la trame des accords passés et entraînera des actions unilatérales d'Israël », a toutefois averti M. Netanyahu, qui a appelé à nouveau l'Autorité palestinienne à reprendre la négociation, stoppée depuis plus d'un an, « sans condition préalable ». Plus explicites, des ministres de son parti, le Likoud (droite), ont énuméré toute une série de mesures de rétorsion qu'Israël pourrait prendre, y compris l'annexion unilatérale de blocs de colonies en Cisjordanie, ce qui reviendrait à annuler les accords de paix d'Oslo de 1993. Le ministre de l'Environnement Gilad Erdan a accusé les dirigeants palestiniens de « jouer avec le feu » sur la question d'un État indépendant. Mais il a estimé qu'il pourrait s'agir d'une « tempête dans un verre d'eau » et d'« une manœuvre interne destinée à rehausser l'image de Mahmoud Abbas », le président affaibli de l'Autorité palestinienne. « Les Palestiniens auraient eux-mêmes beaucoup à perdre en cas de proclamation unilatérale d'indépendance », a ajouté ce proche de M. Netanyahu, évoquant la possibilité qu'Israël « stoppe les transferts d'argent » dus à l'Autorité palestinienne en vertu des accords signés sur les tarifs douaniers. Israël, qui occupe la Cisjordanie, pourrait également, selon lui, rétablir un certain nombre de barrages routiers retirés dernièrement et - plus sérieux - « procéder à une annexion formelle d'une partie des implantations » juives en Cisjordanie.
Le ministre travailliste du Commerce et de l'Industrie Benyamin Ben Eliezer a reconnu que l'initiative palestinienne « traduisait la frustration d'une population qui ne voit pas d'issue à une occupation qui dure depuis près de 43 ans ». S'inquiétant d'un « isolement croissant d'Israël sur la scène internationale », le ministre travailliste a exhorté le gouvernement « à faire tous ses efforts pour relancer au plus vite la négociation », y compris en annonçant un gel total mais temporaire de la colonisation.
Du côté palestinien, le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina, a accusé Israël de « chercher des prétextes et des excuses pour s'opposer à l'établissement d'un État palestinien ». « La réponse du Premier ministre est un aveu que l'actuel gouvernement israélien ne veut pas la paix », a commenté M. Roudeina.
Les Palestiniens, qui ont suspendu les négociations il y a près d'un an après des années de tractations infructueuses, accusent les Israéliens d'être les premiers à mener « une action unilatérale » en créant des faits accomplis de colonisation, 500 000 Israéliens s'étant désormais installés en Cisjordanie (dont 200 000 à Jérusalem-Est). Hier, l'Autorité palestinienne a sollicité l'appui de l'Union européenne à son projet. « La réponse initiale de l'UE est positive », s'est félicité le négociateur palestinien Saëb Erakat. Toutefois la France a fait savoir qu'« une démarche unilatérale pourrait être préjudiciable à l'établissement de cet État (palestinien) que nous appelons de nos vœux ».
De son côté, le sénateur américain Joe Lieberman, en visite à Jérusalem, a prédit que Washington opposerait son veto à toute tentative palestinienne de porter l'affaire devant le Conseil de sécurité - une « perte de temps », a-t-il dit.
La négociation entre Israël et les Palestiniens est « le meilleur moyen » de faire naître un État palestinien, a réaffirmé de son côté la diplomatie américaine.
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