Israël a essuyé une sévère défaite diplomatique lorsque le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a adopté à une large majorité le rapport Goldstone vendredi dernier à Genève. Commandité par l'ONU et présenté par le juge sud-africain Richard Goldstone, ce rapport accuse l'armée israélienne, ainsi que les groupes armés palestiniens, d'avoir commis « des crimes de guerre » durant l'offensive israélienne à Gaza l'hiver dernier au cours de laquelle 1 400 Palestiniens et 13 Israéliens ont été tués.
Des voix se sont élevées, en Israël et en dehors, pour réclamer la constitution d'une commission d'enquête israélienne sur les événements de Gaza. Mais une majorité de ministres du gouvernement de droite est hostile à cette initiative. Les dirigeants israéliens redoutent que le rapport Goldstone soit adopté par le Conseil de sécurité de l'ONU puis transmis à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, qui pourrait alors engager des poursuites contre des hauts gradés de l'armée ou des dirigeants politiques israéliens. Le vice-Premier ministre et ministre du Développement régional Syvlan Shalom a ainsi déclaré que « le rapport (Goldstone) est biaisé et mensonger. Il n'y a donc aucune raison d'appliquer une de ses recommandations, à savoir la création d'une commission d'enquête israélienne ». Tzipi Livni, qui était ministre des Affaires étrangères au moment de l'opération israélienne, a expliqué qu'elle était favorable à une telle commission uniquement « si elle permet de défendre les soldats et officiers israéliens contre toute poursuite à l'étranger ».
Le juge Goldstone a pour sa part critiqué l'attitude du gouvernement israélien. Lors d'un discours prononcé aux États-Unis devant des rabbins et diffusé hier par la radio publique, le juriste a qualifié d'« argument superficiel » le discours des dirigeants israéliens selon lequel l'adoption de son rapport va porter atteinte au processus de paix. « De quel processus de paix parlent-ils ? Il n'y en a pas. Le ministre israélien des Affaires étrangères (Avigdor Lieberman) n'en veut pas », a estimé le juge, en appelant le gouvernement israélien à ouvrir une « enquête transparente » pour mettre fin à la polémique.
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