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Moyen Orient et Monde - Reportage

La prison de Bucca ferme, une page de l’occupation en Irak se tourne

En 2007, 22 000 personnes étaient incarcérées dans ce centre situé dans l'extrême sud irakien.
Dans une cour écrasée par le soleil du désert, une dizaine de détenus irakiens marchent en rond : ils font partie des derniers prisonniers de la prison américaine de Camp Bucca qui a fermé ses portes, tournant une page de l'occupation américaine.
Le centre de détention, qui fut le plus grand d'Irak, se trouve au milieu de nulle part, dans l'extrême sud de l'Irak, où les températures dépassent en été les 50 degrés. Autour, il n'y a rien, seulement de vastes étendues désertiques qui s'étirent à l'Est jusqu'aux rives du fleuve Chatt el-Arab desséché et à l'Ouest jusqu'à la frontière avec le Koweït.
Au début, la prison était une succession de tentes. Avec l'augmentation régulière du nombre de détenus, le centre a été modernisé. On y a installé des baraquements en dur et construit différentes sections, entourées de hauts grillages et de fils de fer barbelés. Au plus fort de l'opération « The Surge », qui a permis de défaire el-Qaëda en 2007, 22 000 personnes étaient emprisonnées dans le camp. Celui-ci comprend sa propre usine de traitement de l'eau et même une fabrique de briques.
« Bienvenue à la section 16. Ici se trouvent les derniers et plus dangereux détenus de Camp Bucca », lance le lieutenant-colonel Kenneth King à une vingtaine de journalistes invités à une dernière visite. Dans la nuit de mercredi à jeudi, les 180 prisonniers restants ont été transférés vers les prisons de Camp Cropper, près de l'aéroport de Bagdad, et de Taji, à 25 km au nord de la capitale irakienne. « Un certain nombre sont des membres d'el-Qaëda et de groupes extrémistes », ajoute le lieutenant-colonel, alors que derrière les grillages, une dizaine d'entre eux poursuivent leur promenade quotidienne. Vêtus d'uniformes jaunes et tous barbus, ils tournent en rond, chapelet de prière à la main, sous les yeux d'un maton posté dans un mirador, fusil automatique à la main.
« Une ou deux fois nous avons fait usage de la force. Parfois, nous subissons des insultes, mais les gardiens sont formés à ne pas répondre », explique le lieutenant Latesha Ford, une autre responsable de la section 16. En janvier 2005, des émeutes avaient éclaté dans la prison et quatre prisonniers avaient été tués.
Si l'armée américaine affirme traiter ses détenus « avec le plus grand respect », elle est critiquée depuis longtemps par les organisations de défense des droits de l'homme internationales pour maintenir en détention des prisonniers sans jugement. « Les gens ont la mémoire courte. Les insurgés tuaient nos soldats et des Irakiens innocents, et soudain on est préoccupé parce qu'ils n'ont peut-être pas eu accès à un processus judiciaire », lance, visiblement irrité, le général David Quantock, le commandant des centres de détention américains en Irak. « Vous devez comprendre que nous sommes en guerre, et jusqu'au 1er janvier dernier, nous opérions sous la résolution de l'ONU qui nous autorisait à emprisonner des personnes pour des raisons de sécurité », ajoute l'officier. Il assure aussi que l'armée américaine a entièrement réformé son système pénitentiaire en Irak après le scandale de la prison d'Abou Ghraïb, en 2004. « Toute la doctrine a été revue », dit-il, niant que des abus soient aujourd'hui commis par des soldats américains.
Début 2009, les prisons américaines en Irak comptaient 15 500 prisonniers contre 8 398 aujourd'hui. L'armée américaine a indiqué avoir détenu, au total, depuis son invasion de l'Irak, environ 100 000 personnes. Camp Bucca va devenir une base conjointe américaine irakienne et sera transférée en 2011, date prévue pour le désengagement de l'armée américaine d'Irak, à la marine irakienne.
Dans une cour écrasée par le soleil du désert, une dizaine de détenus irakiens marchent en rond : ils font partie des derniers prisonniers de la prison américaine de Camp Bucca qui a fermé ses portes, tournant une page de l'occupation américaine.Le centre de détention, qui fut le plus grand d'Irak, se trouve au milieu de nulle part, dans...

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