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Lifestyle - Une libanaise à Paris

Un petit air du Liban dans l’illustration au féminin

Tout petits, on a tous eu des crayons de couleur entre les doigts. Sauf qu’en grandissant, on les a mis de côté. D’autres ont choisi d’en faire leur métier. Rencontre avec trois illustratrices qui ont gardé cette spontanéité et cette fraîcheur du regard enfantin pour nous faire rire, rêver, réfléchir ou nous émouvoir avec leur coup de crayon.
La presse écrite fait de plus en plus appel aux illustrateurs. Cela donne une touche personnalisé au support. L’illustration et la mode sont aussi indissociables : Christian Dior a d’abord été illustrateur au Figaro avant de lancer sa maison de couture, et son ami, l’illustrateur René Gruau, est entré dans la légende Dior en dessinant les Parisiennes des années 1950...
L’idée de cet article m’est venue en découvrant l’illustration du tarbouche de Habiba Machrouh. Illustratrice marocaine basée à Marrakech, Habiba aime beaucoup ce qui touche à la femme et au monde arabe. À une époque, le tarbouche représentait une sorte d’autorité mais ce n’est plus le cas maintenant. Dans cette illustration, le tarbouche est purement esthétique. En Occident, les femmes s’habillent avec des vêtements masculins, utilisent des accessoires masculins, alors pourquoi en Orient ne pourraient-elles pas faire de même ? « Je trouve le tarbouche plus élégant sur une femme que sur un homme... », confie Habiba Machrouh. Avec un dessin, on peut dire les choses les plus personnelles aussi : Habiba considère sa double culture franco-marocaine comme une richesse et à travers ses illustrations elle essaie de montrer que le mélange des deux cultures peut très bien fonctionner.
Lorraine Pastré, illustratrice franco-suisse qui a déjà collaboré avec de grandes maisons françaises, commence progressivement à s’orienter vers des sujets plus politiques. « Mon sujet de mémoire est un film qui dresse le portrait d’une jeune activiste tunisienne, Lina Ben Mhenni », précise-t-elle. Pour illustrer « Une Libanaise à Paris », sa première approche a été de trouver les mots forts qui captent l’attention : « Une libanaise m’a dit que le propre de Beyrouth est de se retrouver bloquée dans les embouteillages, surtout dans un taxi, vieille Mercedes blanche des années 1970. » À partir de ces mots, les images lui viennent progressivement à l’esprit et la finesse du coup de crayon se charge d’exprimer son imaginaire.
La créativité ne connaît pas d’horaires de travail. La naissance du premier enfant de Hala Salem Achillas a été le déclic : elle quitte son agence de publicité, se met à son compte et commence à illustrer pour la presse féminine et pour le compte de clients. Elle se diversifie et se lance dans l’illustration jeunesse. Hala Salem Achillas impose son style : un coup de crayon très féminin dans un univers ingénu. Son inspiration, elle la trouve dans son enfance et l’esthétique des années 1970. Elle n’est pas dans la revendication, son objectif est le « beau ». À l’occasion d’une exposition, on lui demande d’illustrer ce qu’elle aime à Beyrouth. Pas besoin de grands discours pour le dire : son journal préféré, L’Orient-Le Jour, une Almaza bien nationale et des authentiques « liwan »... Pour cette férue de photographie, « Je ne compte plus le nombre de photos que je fais par jour », l’illustration laisse encore plus de place à l’imagination car elle est complètement inventée et irréelle par essence.
À la question « comment arrivez-vous à concilier votre créativité et les contraintes professionnelles » ? Les réponses sont unanimes. Il n’est pas toujours facile de concilier les deux, mais elles sont patientes, car leur travail consiste aussi à satisfaire la demande d’un client. Mais il est hors de question de changer de style, leur marque de fabrique. Nos trois illustratrices s’inspirent des lieux et des objets qui les animent. Elles se nourrissent des rencontres et utilisent des couleurs pour donner un point de vue. Quentin Blake est le grand maître de Lorraine, le compositeur Hossam Ramzy apaise Habiba pour dessiner dans le silence de la nuit et l’univers du chanteur Mika émerveille Hala. Il n’est pas toujours facile de mettre un texte en image, une touche personnalisée à un concept, et un univers à une marque, mais nos illustratrices travaillent à l’ancienne : à la main, au crayon et aussi à l’aquarelle.
Hala Salem Achillas aimerait illustrer l’univers de Christian Louboutin mais imagine aussi des sets de vaisselle pour enfants. Le nouveau défi de Habiba Machrouh est de dessiner ce qu’il y a dans nos assiettes, le « fooding » comme on l’appelle. Quand à Lorraine Pastré, son nouveau challenge sera d’illustrer le Women’s Forum, l’événement ainsi que les intervenants. Tout un programme de coloriage !
Tout petits, on a tous eu des crayons de couleur entre les doigts. Sauf qu’en grandissant, on les a mis de côté. D’autres ont choisi d’en faire leur métier. Rencontre avec trois illustratrices qui ont gardé cette spontanéité et cette fraîcheur du regard enfantin pour nous faire rire, rêver, réfléchir ou nous émouvoir avec leur coup de crayon. La presse écrite fait de plus en...

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