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Lifestyle - Événement

Talents émergents, jeunesse et dynamisme au Beirut Art Fair

La troisième édition de la foire internationale d’art moderne et contemporain Beirut Art Fair se déroule jusqu’au 8 juillet au BIEL. Sous un chapiteau de 4 000 m2 (dont 3 000 réservés aux expositions) s’expriment trois cents artistes tous azimuts et de tous crins, à travers 2 000 œuvres. En dépit de la morosité régionale, de l’absence de la fée électricité et des pneus qu’on brûle, un événement marquant, délibérément hybride, d’une créativité diversifiée, qui renforce la visibilité et la place phare culturelle de Beyrouth et du Liban.

Edgar DAVIDIAN

Quatorze pays pour quarante-trois galeries venant du Moyen-Orient, d’Europe et d’Afrique du Nord pour le rayonnement d’une culture qui bouscule les horizons et ignore les frontières. Une culture qui reflète les préoccupations sociales, les aspirations esthétiques, le sens de la créativité, la notion critique, le besoin d’échange, la soif des collectionneurs, la solidarité des artistes et les attentes du public.
Riche représentation de toutes les facettes de la création plastique à travers la peinture (dans toutes ses combinaisons de matériaux divers), le dessin, la sculpture, l’installation, la vidéo, la performance, le « street art », la bande dessinée et, cette année, innovation avec le « design » qui s’invite entre palettes, pinceaux, burin et toiles.
Vingt galeries battant pavillon libanais pour une kyrielle d’autres venant de Dubaï, de l’Arabie saoudite, de la Tunisie, de la Syrie, de Bahreïn, du Pakistan, de l’Allemagne, de l’Espagne, de la France, du Brésil, du Portugal, de la Belgique...
Pour les plus de 12 000 visiteurs attendus, afin de mieux appréhender l’art contemporain issu de tous ces pays, proches ou lointains, s’ajoute aussi une série de conférences et de tables rondes.
Dans cet espace déclinant l’art sous toutes ses coutures, ses formes et formulations, un kaléidoscope d’images, d’émotions et de sensibilité qui s’aimantent, se repoussent et se télescopent. Du figuratif à l’abstrait, on retrouve les grandes signatures locales ou étrangères, celles des ténors et des maîtres (pourtant pour certains déjà surexposés et médiatisés !), mais aussi les traits et les mondes inventés de nouveaux talents qui interpellent. Surtout la voix des jeunes qui flirtent avec les techniques électroniques de pointe.
Des noirs et gris de Chawki Chamoun qui semble revisiter les vases de Kutahya aux structures fantaisistes et finement élaborées entre passé et futur de Mohammad el-Rawass en passant par les immeubles en gruyère, tels des vaisseaux abandonnés, d’Ayman Baalbaki, et les aciers certes joyeux mais tranchants de Hussein Madi, on débouche sur des univers inconnus. Tel celui du peintre néo-expressionniste portuguais Miguel Barcelo, prix du Prince des Asturies, ou celui, hiératique, pharaonique et imposant, des Anges de la révolution, arrivé en droite ligne de la place Tahrir du Caire, de Reda Abdel Rahman, respirant la colère et les demandes de libération de citoyens longtemps brimés... Découverte de l’art iranien avec l’impression digitale greffée de broderie de Rozita Sharafjahan, le minimalisme élégant sur chrome du Bahreïni Rashid al-Khalifa, les écritures polymorphes de la Pakistanaise Simeen Farhat, les photographies hyperréalistes de Jean-François Rauzier.

 De la peinture au design
Le design a ici le vent en poupe et affirme sa présence avec pertinence. Lustre ou chaises de Ramy Boutros en tête de liste. Avec les bijoux fins et étincelants de Christina Debs.
Pour ce qui est ludique, un monde enchanté mais faussement doux ou gentil, comme dans tous les contes où sévissent les ogres et les sorcières... Initiation à l’univers, un peu inégal, d’Alice au pays des merveilles sous la férule de Ziad Abichaker et des compères complices qui se nomment Rita Awn, Samar Mogharbel, Anita Toutikian, Katya Traboulsi (avec une image aux confins du morbide « alien » quand toutes les autres sont radieuses avec leur vol d’hirondelles) et les statuettes en résine d’Alain Vassoyan, toujours charmant avec sa charade de mitraillettes guitares.
Le coin « comics » groupe des plumes et des calames de toutes les tranchées. On reconnaît Mazen Kerbaj, Michèle Stanjofski, et on découvre avec plaisir Chongrui Nie, Gyps et Mohammad el-Sharkawi. Pour les non-avertis, pour comprendre que l’art, même dans les bandes dessinées, atteint des chiffres astronomiques, sait-on qu’un dessin des Schtroumpfs vaut 60 000 euros et qu’une couverture originale de Tintin atteint plus d’un million d’euros ?
Le « Street Art » et les performances audiovisuelles ont pour noms Ashkman, groupe fondé par les jumeaux Omar et Mohammad Kabbani, groupe pionnier d’un art entre rap et graffitis arabes, et Ceasar K qui mélange hip-hop, breakbeat et dubsteps.
Entre témoignages, réflexions sociales, politiques ou humaines, contestation sociale ou états d’âme et poésie, treize vidéo-box se partagent la vedette. Pour un regard et des considérations toujours pointues. La guerre en Irak sur une chanson d’Oum Kalsoum avec Alfred Tarazi, succession d’images de la Chine à travers un miroir brisé avec Qiu Shijie, et ainsi s’évident ces boîtes aux ressources inépuisables et souvent surprenantes, véritables lanternes magiques modernes.
Un espace est dédié à la correspondance entre l’écrivain saoudien Abdel Rahman Munif (auteur de La cité de sel) et le peintre Marwan Kassab Bachi. Écriture de l’un et illustration de l’autre dans des lutrins qui révèlent l’univers croisé de deux artistes à l’expression devenue complémentaire. Mots tracés en toute nervosité et aquarelles étalées sur les feuilles, voilà que l’art d’écrire et celui de peindre, à travers une relation épistolaire, signent un manifeste qui se conjugue à deux afin de traduire la pensée et la vision des artistes appartenant au monde arabe.
Si dans ce grand charivari patiemment orchestré, on retrouve certaines redites ou œuvres déjà largement appréciées (ou décriées) par le public, on découvre par contre une inspiration nouvelle et des techniques originales, notamment avec l’invitation et la participation étrangère. Et cela du côté des jeunes qui n’ont pas froid aux yeux et encore moins au pinceau, à la palette ou au clavier d’ordinateur.
Pour tous ceux qui en veulent plus, un nouveau rendez-vous de Beirut Art Fair est déjà annoncé pour les 19-22 septembre 2013. Sauvez la date dans votre agenda pour une manifestation qui s’avère incontournable et acquiert graduellement plus d’ampleur, d’écoute et de présence.
Edgar DAVIDIANQuatorze pays pour quarante-trois galeries venant du Moyen-Orient, d’Europe et d’Afrique du Nord pour le rayonnement d’une culture qui bouscule les horizons et ignore les frontières. Une culture qui reflète les préoccupations sociales, les aspirations esthétiques, le sens de la créativité, la notion critique, le besoin d’échange, la soif des collectionneurs, la...

commentaires (1)

L'art est la mission la plus sublime de l'etre humain puisque c'est l'exercice de la pensee qui cherche a comprendre le monde, et a le faire comprendre, Auguste Rodin. L'art est un domaine qui ne disparaitra jamais, la seule trace qui restera indefiniment, le but ultime et la symbiose du travail et de l'energie humaine. Et l'on est bien fier nous Libanais de nos propres poetes, ecrivains, musiciens, peintres et autres esprits artistes createurs et innovatifs.

Fady Challita

03 h 03, le 06 juillet 2012

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Commentaires (1)

  • L'art est la mission la plus sublime de l'etre humain puisque c'est l'exercice de la pensee qui cherche a comprendre le monde, et a le faire comprendre, Auguste Rodin. L'art est un domaine qui ne disparaitra jamais, la seule trace qui restera indefiniment, le but ultime et la symbiose du travail et de l'energie humaine. Et l'on est bien fier nous Libanais de nos propres poetes, ecrivains, musiciens, peintres et autres esprits artistes createurs et innovatifs.

    Fady Challita

    03 h 03, le 06 juillet 2012

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