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Lifestyle - Rencontre

Caroline Pigozzi : Notre métier, c’est d’observer

Pour elle, le pape Jean-Paul II, Bernadette et Jacques Chirac et 20 cardinaux, ces « princes de l’Église », ont accepté de sortir de leur silence sacré. De même que de nombreuses personnalités interviewées pour « Paris Match » où elle s’épanouit depuis de nombreuses années. Caroline Pigozzi a passé quelques jours au Liban pour recueillir les impressions du patriarche maronite Béchara Raï. À lire dans le dernier numéro de l’hebdomadaire français.

Caroline Pigozzi, grand reporter à « Paris Match », lors de son passage au Liban. Photo Michel Sayegh

Le poids des mots de Caroline Pigozzi est le fruit d’une « complicité respectueuse » qu’elle installe avec ses interlocuteurs. Qu’ils soient des hommes d’église, des présidents ou leurs épouses, ou encore des people, elle les aborde avec le sérieux, l’angoisse et le bonheur des premières fois. Un bonheur qui dure...
Journaliste politique puis grand reporter au Figaro Magazine de 1981 à 1992, Caroline Pigozzi est grand reporter à Paris Match depuis vingt ans. « Je suis une tactile, confie-t-elle. Je regarde, je souligne ». Puis elle rédige.
Quelques heures avant sa première rencontre avec le patriarche Béchara Raï à Bkerké – elle le suivra pendant trois jours –, la célèbre journaliste, également auteure de cinq romans devenus des best-sellers traduits en plusieurs langues, prépare encore minutieusement son entretien. Sur de grandes feuilles blanches, les questions sont écrites en rouge, consciencieusement lues et relues. Son feutre vert servira à faire fondre le sucre dans son café et, sans doute, à noter les réponses !
Aujourd’hui, dans ce grand hôtel de Beyrouth, c’est elle qui se plie au rituel des questions. Dans le rôle de l’interviewée, elle se prête au jeu avec franchise, précision et générosité. Là aussi, elle vous regarde droit dans les yeux avant de parler de son métier qui la passionne et de Paris Match, un espace idéal dans lequel elle travaille en toute liberté. « À Match, dit-elle, les gens entrent et n’en sortent plus ! Chaque journaliste y trouve son bonheur. En 20 ans, on ne m’a jamais enlevé cette liberté d’écriture. »
Elle parlera aussi de sa détermination, assortie d’une grande patience, qui lui ont permis de rencontrer le pape Jean-Paul II, de le mettre en confiance et de rédiger deux livres, Le pape en privé (1999) puis Jean-Paul II intime (2005). Elle décrira la relation d’amitié tissée avec les Chirac, ces années de confiance et de confidences dont elle fera un livre, Jacques et Bernadette en privé, et s’arrêtera enfin sur l’extraordinaire force de Jacques Chirac, l’homme et le président. « Je suis quelqu’un de fidèle dans les bons et les mauvais moments... »

L’amour de l’hebdomadaire
Détermination aussi dans son parcours personnel. « Paris Match, c’était le rêve de ma vie. À 12 ans, souligne Caroline Pigozzi, j’étais pensionnaire chez les dominicaines. Il était interdit de lire ce magazine ! » Sans doute le « choc des photos » d’alors, des femmes en bikini, des stars de Hollywood et des chanteurs de variétés qui faisaient rougir ces « mademoiselles âge tendre » !
Elle goûte au fruit défendu en 1992 en acceptant, grand reporter au Figaro Magazine, de n’être, provisoirement, qu’une simple stagiaire à Paris Match. « Vous savez, Match, ça se mérite », lui dira Roger Théron. À l’image des femmes à caractère qu’elle admire, Oriana Fallaci ou Françoise Giroud, elle réussit à le convaincre un an et demi et de nombreux scoops plus tard. « Est-ce que
vous êtes heureuse à Paris Match ? » lui demandera-t-il avant de lui annoncer : « Vous êtes mûre pour cette maison. »
Heureuse, elle l’est encore. Pigozzi, qui signe plus de 40 articles par an, avoue : « Je n’ai plus jamais l’angoisse de la page blanche. Je suis comme le cheval qui rentre à l’écurie. Je pense au début et à la chute... Lorsque je rencontre quelqu’un, je lui pose toujours trois questions : s’il aime le chocolat, s’il aime les enfants, et s’il aime les animaux ! »
Fille d’Henri Théodore Pigozzi, qui fut un grand industriel et le fondateur des usines Simca, décédé alors qu’elle n’avait que 12 ans, elle avoue avoir choisi ce métier pour emprunter une autre voie que lui, mais également pour perpétuer son nom. Elle ne fera pas de sa vie un roman, « l’autoglorification familiale n’est pas dans notre culture », précise-t-elle, mais rêve de rédiger une histoire d’amour aux allures de polar qui aurait lieu au Vatican. « Il n’y a pas de grands sujets, il y a tous les jours un sujet à attaquer et à finir. »
En attendant l’inspiration, qui ne tarde jamais à venir, elle continue, « croyante mais intéressée ! », à prier, demander des choses, remercier pour d’autres et perpétuer l’amour de la presse écrite.
« Je n’ai aucune frustration, on fait un métier merveilleux, conclut-elle. Chaque rencontre est comme une histoire d’amour. Il faut susciter le rendez-vous suivant ! »
Le poids des mots de Caroline Pigozzi est le fruit d’une « complicité respectueuse » qu’elle installe avec ses interlocuteurs. Qu’ils soient des hommes d’église, des présidents ou leurs épouses, ou encore des people, elle les aborde avec le sérieux, l’angoisse et le bonheur des premières fois. Un bonheur qui dure...Journaliste politique puis grand reporter au Figaro Magazine...

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