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Lifestyle - Objets et histoire

Couleurs explosives...

On les subit tout l’été et même en hiver parfois, mariage, festival, fête foraine, saint du jour (ou de la semaine car on en a droit la semaine durant). Ils nous fascinent et nous dérangent à la fois, quand ces deux minutes s’éternisent, quand les enfants risquent de se réveiller et ne plus s’endormir, quand ils nous interrompent en pleine conversation, quand des souvenirs de jours peu glorieux nous reviennent...
Si, pour certains, c’est le symbole même du luxe inutile, de la fortune dissipée en fumée pour le plaisir de quelques minutes pour d’autres, ils incarnent la somptuosité et la magie, ils « charment l’œil sans le blesser et plaisent à l’oreille sans l’épouvanter ». En tout cas, il est difficile d’imaginer aujourd’hui une fête d’envergure sans... feux d’artifice !
La Chine connaît la poudre et l’art d’en faire des explosions de bruit ou de lumière au moins depuis le VIIIe siècle. Il s’agissait alors d’un mélange déflagrant de salpêtre, de soufre et de charbon de bois, et son application principale était militaire. Cette poudre noire a été rapportée en Europe au XIIe siècle par Marco Polo de son voyage en Chine. En France, elle a d’abord été utilisée pour fabriquer des armes, les bombardes, apparues à la bataille de Crécy en 1346, avant de devenir un outil de divertissement. Les premiers spectacles pyrotechniques ont été appelés feux « d’artifice » pour indiquer qu’ils n’étaient pas naturels, à une époque où ils étaient utilisés pour imiter le feu. On estime que le premier grand feu d’artifice en France fut tiré sur la place Royale en 1615. Il célébrait le mariage d’Anne d’Autriche avec Louis XIII. En 1739, pour célébrer le mariage de Louise-Élisabeth, fille aînée de Louis XV, avec Dom Filipe d’Espagne, les frères Ruggieri, cinq frères artificiers débarqués de Bologne en 1739, donnent l’un des plus beaux spectacles au château de Versailles.
Les réjouissances pyrotechniques vont se multiplier dans les grandes capitales d’Europe. En 1749, le roi George II avait demandé à Haendel une musique festive pour accompagner un grand feu d’artifice tiré sur la Tamise en l’honneur du traité de paix d’Aix-la-Chapelle. Il avait alors composé la célèbre Music for the Royal Fireworks. La représentation officielle du 27 avril 1749 créa un nouvel ordre musical : environ 80 instrumentistes étaient réunis pour interpréter ce chef-d’œuvre de Haendel dans une version « de plein air » ; instruments à vent et percussions étaient à la fête, mais aucun instrument à corde, la puissance sonore devenant ainsi suffisante pour rivaliser avec les détonations. La musique somptueuse qu’il composa fit le plus grand effet sur le public.
Pas de mariages royaux ni de naissances princières, pas de victoires militaires ni de traités de paix que ne rehaussent des feux d’artifice de plus en plus somptueux. Particulièrement sous le règne de Louis XIV. Le Roi-Soleil constate que « les peuples se plaisent au spectacle », et il en fait un instrument de sa politique intérieure. « Par là, dit-il, nous tenons les esprits et les cœurs ». Après la Révolution, à la fin du XVIIIe siècle, les caisses sont vides et les feux d’artifice se raréfient parce que trop coûteux. Ils sont associés aux fastes d’une monarchie abolie. On ne les utilise plus guère que pour les mariages des héritiers directs du roi et pour la naissance du dauphin, en 1782. En 1792, c’est la Convention qui doit acquitter les dettes du gigantesque feu d’artifice tiré en l’honneur du mariage du futur Louis XVI. Un feu dont Louis XV avait été si fier qu’il avait cherché, dit-on, un compliment de son grand argentier : « Que pensez-vous de ma fête ? » lui demanda-t-il. « Impayable, sire », lui aurait répliqué son argentier.
C’est le Premier puis le Second Empire qui vont renouer avec la tradition monarchique de fêtes pyrotechniques. « Les ingénieuses inventions des Ruggieri » font que « l’art pyrique » touche au grandiose en Europe. Ce sont leurs fusées qui célèbrent en 1810 le second mariage de Napoléon Ier et en 1852 la fête du 15 août du futur Napoléon III. La IIIe République va suivre le mouvement en illuminant, en 1880, le jour désormais choisi comme fête nationale (le fameux 14 juillet) par des feux de Bengale des fêtes en plein air. Le succès est au rendez-vous et la fête se renouvelle désormais d’année en année.
Les feux d’artifice se cantonnèrent longtemps aux blancs, aux jaunes et aux orange. Puis les grandes avancées de la chimie moderne au XIXe siècle permirent l’utilisation de nouvelles couleurs. La pyrotechnie est élevée aujourd’hui pratiquement au rang d’art et se célèbre au cœur de nombreuses compétitions internationales. Et s’il y a dix ans, les tirs étaient encore actionnés à la main, aujourd’hui ce sont des ordinateurs, régis par des tireurs, qui donnent les top départs pour les plus beaux effets... Waou ! Mabrouk, félicitations et akbel kil siné !

Sources principales :
artificiers.com
futura-sciences.com
abc-sciences.fr
gralon.net
On les subit tout l’été et même en hiver parfois, mariage, festival, fête foraine, saint du jour (ou de la semaine car on en a droit la semaine durant). Ils nous fascinent et nous dérangent à la fois, quand ces deux minutes s’éternisent, quand les enfants risquent de se réveiller et ne plus s’endormir, quand ils nous interrompent en pleine conversation, quand des souvenirs de jours...

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