Ravie de savourer ce moment privilégié, une fin de journée avec vue sur le centre-ville, de la terrasse d’un grand hôtel local, elle rajoute : « Je ne pourrais jamais quitter le Liban. J’adore l’énergie positive qui y circule. »
De la politique à la mode
Et voilà le mot magique qui revient. Il résume bien le parcours de cette femme qui a beaucoup voyagé, vécu à Londres, Paris et Le Caire. Des études en sciences politiques, arrêt obligé, pour faire plaisir aux parents – son père, le regretté Issam Hajjar, était député du Chouf –. Puis arrêts choisis, une année à la Central Saint Martins College of Art and Design, deux années à Es Mode et une dernière escale à Paris pour décrocher un diplôme en marketing de mode. Tala est presque prête à être entrepreneur et créative. Après un stage chez Lancel, arrêt rêvé, la jeune femme rentre au Liban pour se marier. Elle confie au magicien Rabih Kayrouz la délicate tâche de lui confectionner sa robe. C’est le début d’une longue collaboration fusionnelle, amicale et professionnelle. Elle partagera l’épanouissement du créateur et surtout le lancement de sa carrière internationale et l’ouverture du sublime espace parisien. « Des années merveilleuses », confie-t-elle. Après avoir expérimenté les difficultés du marché libanais de la mode, presque inexistant, et tous ces jeunes talents inexploités, l’idée de Starch s’impose au duo. « L’art me passionne, mais surtout les individus. J’aime la communication », rajoute-t-elle. Et elle le fait bien. Starch, qui signifie amidon, « un ingrédient blanc, très pur, et qui est à la base de tout », est une ONG qu’ils ont fondée en 2008. Chaque année, 4 à 6 designers privilégiés sont choisis. « Nous leur apprenons le métier, leur proposons des ateliers de travail et des rencontres avec des professionnels. Nous nous chargeons de leur communication et de leur image. Nous mettons en avant leur travail et nous leur organisons même des défilés. » Pour mieux les exposer, une boutique, gracieusement prêtée par Solidere, a ouvert ses portes en novembre 2008 à Saifi Village. Chaque année, les designers choisis s’approprient cet espace charmant et y plantent leurs repères. « On les encourage ainsi à développer leur production et la vendre en boutique. » Pour Tala, qui en a fait une vocation, les événements de ces deux dernières années ont été nombreux et tous insolites. Aussi bien une exposition « Starch your summer » au Beirut Exhibition Center qui a réuni tous les designers « strachiens », de mai à juin dernier, cette « grande famille », comme elle l’appelle affectueusement, que des collaborations artistiques avec de grands designers. Cet été, Nada Debs partagera son expérience avec le cru 2011.
Alors, pour Tala Hajjar qui a semé des graines de talents, décrocher le Young Creative Entrepreneur Award, qui lui sera remis par le British Council, en septembre, à Londres, n’est qu’un juste retour des choses. Ce prix honore cette année 23 personnes, les « étoiles du monde de la mode internationale qui contribuent à développer l’industrie de la mode ». Et qui viennent s’ajouter à toutes ces étoiles qu’elle porte bien sur elle et dans sa tête !
« Je ne me sens pas encore designer, en tous les cas pas pour le moment... , avoue-t-elle en toute simplicité. Je trouve que ces deux mots, Creative Entrepreneur, me résument assez bien. »
En tous les cas, pour le moment !
commentaires (5)
Madame Tala Hajjar, Je viens de la même ville que vous. mon grand père était un ami de votre père Mr le député Issam Hajjar et de vos grands parents. je suis fier de vous mais je n'ai pas voulu commenter ça aurait fait tribal. Continuez à nous donner de la fierté pour le Liban tout entier. bravo et félicitations.
alexandre Hage
07 h 36, le 29 juillet 2011