Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Russie

Boutyrka, un pénitentier qui veut prendre un air de sinécure

Les détenus n'ont pas d'eau chaude, mais pourront avoir accès à un solarium et à Skype.
Les terribles conditions de détention de la prison moscovite de la Boutyrka vont être améliorées, ont affirmé hier les autorités. Ces conditions ont été mises en exergue en 2009 par la mort en détention de Sergueï Magnitski, juriste du fonds d'investissement Hermitage Capital Management. À 37 ans, le détenu n'avait pas reçu les soins nécessaires dans cette prison construite en 1879 et qui a toujours inspiré la peur en Russie. Son décès avait provoqué de vives réactions dans le monde et poussé le président russe Dmitri Medvedev à annoncer des réformes du système carcéral.
Le juriste avait raconté avant sa mort, dans son journal publié par le journal d'opposition Novaïa Gazeta, les conditions épouvantables de sa détention, marquée par l'insalubrité, le froid, la faim et la promiscuité, et ses efforts pour obtenir un accès aux soins alors qu'il souffrait des reins. Emblématique d'un système pénitentiaire russe aux conditions de détention réputées terribles et où la tuberculose notamment fait des ravages, la prison de la Boutyrka, qui accueillit notamment des opposants politiques dès la période tsariste, doit maintenant bénéficier d'améliorations radicales, selon les autorités.
Les détenus pourront notamment bénéficier de séances de bronzage par rayons ultraviolets, d'un meilleur accès aux soins médicaux et même à la téléphonie via l'Internet par le réseau Skype, a précisé Sergueï Tsygankov, porte-parole des prisons de Moscou. Les prisonniers devront faire une demande préalable aux autorités pénitentiaires pour avoir accès au solarium, et seuls ceux d'entre eux ayant déjà été jugés pourront avoir accès à la téléphonie, a-t-il souligné. « Ce sont des pratiques normales », a estimé le porte-parole.
Des voix se sont cependant élevées contre des annonces jugées dérisoires, les prisonniers n'ayant pour l'heure pas même accès à l'eau chaude. « Presqu'un an après la mort de Magnitski, la prison fait tout ce qu'elle peut pour prouver qu'elle a amélioré ses conditions » de détention, commentait hier le site Internet d'opposition Kasparov.ru, dirigé par l'ancien champion d'échecs Garry Kasparov. « La première chose qu'ils doivent faire est d'allumer l'eau chaude », a déclaré pour sa part Zoïa Svetova, spécialiste des prisons, travaillant pour l'hebdomadaire russe New Times. La prison est connectée au réseau d'eau chaude, mais ses dirigeants refusent aux détenus le droit d'y accéder, a-t-elle précisé. « Ils expliquent qu'il y a vingt détenus par cellule (...) et si tout le monde commence à utiliser l'eau chaude, l'endroit va être inondé », a ajouté Mme Svetova.
Elle a indiqué s'être entretenue de ces nouveautés avec un détenu. « Il m'a dit que ce qu'ils devraient plutôt faire, c'est laisser les gens utiliser les douches plus d'une fois par semaine », a-t-elle raconté. Selon Mme Svetova, les détenus se plaignent également d'une chaleur insupportable en été et, au contraire, d'un froid glacial dans la prison en hiver. « Notre système d'exécution des peines n'a pas changé depuis des décennies », avait admis Dmitri Medvedev en janvier dernier, affirmant sa volonté de faire changer les choses. Mais « un solarium n'est pas un besoin prioritaire. Cela ressemble à une blague », a relevé Zoïa Svetova.
Les terribles conditions de détention de la prison moscovite de la Boutyrka vont être améliorées, ont affirmé hier les autorités. Ces conditions ont été mises en exergue en 2009 par la mort en détention de Sergueï Magnitski, juriste du fonds d'investissement Hermitage Capital Management. À 37 ans, le détenu n'avait...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut