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Lifestyle - Société

Le « bordel de l’Europe » veut changer d’image

Maisons closes, prostitution au bord des routes : la région de La Jonquère, bourg espagnol près de Perpignan, attire chaque jour un flot de Français en quête de sexe bon marché.

L’affiche d’un « puticlub » de La Jonquère. Raymond Roig/AFP

Autorisés en Espagne, les «puticlubs», ou maisons closes, abondent et «donnent une mauvaise image de La Jonquère», bourg espagnol près de Perpignan, qualifié du «bordel de l'Europe», regrette un patron de bar qui préfère rester anonyme. L'ouverture en octobre d'un nouvel établissement pouvant accueillir jusqu'à 600 clients a provoqué une levée de boucliers des habitants. Le maire de cette localité de 3000 habitants située au bord de l'autoroute Perpignan-Barcelone, Jordi Cabezas, a cherché pendant quatre ans à empêcher sa construction. La justice a récemment autorisé l'implantation de cette maison de tolérance au cœur de la commune, à quelques mètres du supermarché fréquenté par les villageois.
À l'écart du village, le Dallas est l'une des plus grandes maisons closes de la région. Nico, le gérant, qualifie l'établissement d'«hôtel pour femmes», récusant les termes de maison close ou de bordel. Roumaines, Bulgares, Russes et Latino-Américaines, les femmes louent la chambre 80 euros par nuit. «Le proxénétisme étant interdit en Espagne, je ne touche aucune commission, elles sont indépendantes», assure Nico, qui se rattrape sur le droit d'entrée et le tarif des consommations. Selon lui, 500 clients fréquentent chaque soir le Dallas.
Autour du bar, une centaine de jeunes femmes en string à strass, perchées sur des talons de 15 cm, accostent les clients directement en français, avec un « bonjour, ça va?» accompagné de caresses dans le cou. De fait, du sud, de l'ouest ou de la région parisienne, 90% des clients viennent de l'Hexagone. «Dans mon quartier, tout le monde connaît le Dallas», explique Mohammad, 18 ans, venu de Béziers (Sud). «En France, ça se fait dans la rue, c'est sale. Ici, on nous fournit un kit avec un drap à usage unique, un préservatif, du savon et du shampoing pour la douche», apprécie le jeune homme. «Les filles sont moins chères qu'en France», ajoute Eddy, habitant de la banlieue parisienne, âgé de 26 ans.
Le maire de La Jonquère lutte aussi contre un autre type de prostitution: sur les immenses parkings pour camions ou au bord de la route nationale, des prostituées venues d'Europe de l'Est et du Nigeria aguichent automobilistes et routiers. En juillet 2009, le maire a lancé un plan de répression punissant d'une amende de 300 euros les clients et prostituées pris en flagrant délit de transaction sur la voie publique. Quelque 300 personnes ont ainsi été verbalisées l'an dernier.
«Les clients paient tout de suite car ils n'ont pas envie de recevoir l'amende à leur domicile», mais pas les filles, relève le maire de La Jonquère.
Dans les chemins sinueux des alentours, les préservatifs usagés au sol témoignent de la prostitution massive dans ce bourg traversé chaque jour par 6000 camions et par les Français venus chercher de l'autre côté des Pyrénées alcool, tabac, carburant... ou sexe à moindre coût.
«Ces femmes sont contrôlées par des mafias et des maquereaux», assure Jordi Cabezas, qui dénonce également le trafic de drogue et les problèmes de violence engendrés par la prostitution. «Je ne fais pas ça pour le plaisir», témoigne Lola, prostituée bulgare arrivée en Espagne il y a quatre semaines. «J'ai deux crédits sur les bras et un fils de 5 ans, resté au pays», glisse-t-elle avant de s'esquiver.
Autorisés en Espagne, les «puticlubs», ou maisons closes, abondent et «donnent une mauvaise image de La Jonquère», bourg espagnol près de Perpignan, qualifié du «bordel de l'Europe», regrette un patron de bar qui préfère rester anonyme. L'ouverture en octobre d'un nouvel établissement pouvant accueillir...

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