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Dossiers Moyen-Orient - Conférence

Les partis islamistes modérés discutent avec les Occidentaux faute de partenaire national sérieux

Lors d'une conférence organisée à Beyrouth par le Centre Carnegie pour le Moyen-Orient, Amel Boubekeur et Rachid Ouaissa ont analysé les politiques étrangères des partis islamistes dans le monde arabe.
Les partis islamistes dans le monde arabe ont-ils une politique étrangère ? Telle est la question à laquelle se sont attelés deux chercheurs rattachés au Centre Carnegie pour le Moyen-Orient, à Beyrouth.
« Il faut savoir que les partis islamistes sont très exigeants et tentent de s'étendre », affirme d'emblée Amel Boubekeur, chercheuse au Centre Carnegie pour le Moyen-Orient. Spécialiste des pays du Maghreb, elle s'intéresse essentiellement aux partis islamistes en Algérie et au Maroc. « Les mouvances islamistes modérées ont commencé à sortir de la clandestinité durant les années 90 après une longue période au cours de laquelle elles étaient stigmatisées par le pouvoir, suite à la réforme constitutionnelle en Algérie », explique la chercheuse. « En 1996, est apparu le MSP (Mouvement pour une société de paix). Au début, les partis islamistes n'avaient pas de politique extérieure, ajoute Amel Boubekeur. Mais depuis, beaucoup de changements ont eu lieu, dont le renoncement à la violence qui a eu un impact considérable sur le terrain, comme l'obligation pour ces mouvements d'entrer en contact avec des parties extérieures. »
De l'autre côté de la Méditerranée, les partis islamistes étaient marginalisés par l'Union européenne (UE). « La victoire de l'AKP en Turquie a changé la politique occidentale vis-à-vis des partis islamistes qui seront désormais divisés entre bons et mauvais », explique Amel Boubekeur. Pour les islamistes, l'Europe était une terre d'exil, notamment la Grande-Bretagne et la France, pays d'accueil pour le FIS (Front islamique du salut) algérien. « Sur place, chacun avait ses propres objectifs. Ainsi certains voulaient réislamiser les musulmans européens, alors que d'autres, à l'instar du FIS, voulaient instaurer la salafiya en Europe. D'autres islamistes trouvaient sur le Vieux Continent une opportunité pour leur activisme politique interdit par leur gouvernement. Enfin, certains partis recherchaient une dynamique internationale pouvant influer sur la situation nationale dans leur pays. »
Selon Amel Boubekeur, les partis islamistes essaient de développer des contacts extérieurs en prévision de leur arrivée au pouvoir dans leur pays. « Ils ont tendance à se considérer comme les vainqueurs des prochaines élections », affirme-t-elle, ajoutant que telle est également la perception des États-Unis. « En développant un réseau extranational, les partis islamistes visent à normaliser leur présence », affirme-t-elle. Ils tissent des liens avec d'autres partis européens et avec certaines institutions étatiques ou régionales, à l'instar du parti islamiste marocain Justice et Développement (PJD) qui, dernièrement, intensifie ses contacts en Espagne et en France. Ils se posent en outre comme partenaire modéré et fiable dans la lutte contre le terrorisme.
C'est dans ce contexte que les États-Unis collaborent avec certains islamistes modérés, déclare Amel Boubekeur, qui considère les Américains comme le principal acteur responsable de la formation de la politique étrangère des partis islamistes. Pour Washington, « promouvoir les partis islamistes aide à calmer les masses populaires, entraînant une diminution du terrorisme », explique-t-elle. Ainsi, l'administration américaine dépense beaucoup d'argent pour soutenir les publications de partis islamistes, pour des think tanks, ou pour organiser des ateliers de travail avec des islamistes. Selon Amel Boubekeur, « les États-unis considèrent leur relation avec les islamistes modérés comme un partenariat idéologique visant à combattre la violence. Et ces derniers jouent le jeu, dans le but d'avoir l'appui des Américains et des Européens pour gagner les élections dans leur pays ».
De son côté, Rachid Ouaissa, professeur de politique du Moyen-Orient à l'Université de Phillips de Marburg (Allemagne), tente d'expliquer la politique étrangère des partis islamistes modérés à travers leur position vis-à-vis du processus de Barcelone. M. Ouaissa compare d'abord les politiques européennes avec les pays de l'Est et avec ceux du Sud. Selon lui, le processus de Barcelone est actuellement dans une situation léthargique parce que « les acteurs du côté sud sont de faux acteurs. Les islamistes sont de meilleurs partenaires pour les Européens que les régimes actuels des pays du sud de la Méditerranée ». Lui aussi considère que les États-Unis ont moins de tabous que l'UE pour discuter avec les islamistes modérés, tout en définissant ces derniers comme étant des islamistes ayant renoncé à la violence et ayant une certaine tradition parlementaire.
Rachid Ouaissa estime en outre que « les gouvernements arabes sont plus ou moins d'accord avec les contacts entrepris par les Occidentaux et les islamistes. Les autorités ont peur seulement s'ils considèrent que ces contacts constituent pour eux un danger, c'est-à-dire, si ces contacts préparent à un changement de régime ».
Selon lui, « les liens qui se tissent actuellement entre les Occidentaux et les islamistes est le prix à payer pour faire sortir ces derniers de leur isolement ». Même raisonnement pour Amel Boubekeur qui considère que « les partis islamistes acceptent aujourd'hui de discuter avec l'UE et les États-Unis car ils n'ont pas d'autres partenaires sérieux. Il s'agit d'une plate-forme transitionnelle jusqu'à avoir un partenaire national ».
Les partis islamistes dans le monde arabe ont-ils une politique étrangère ? Telle est la question à laquelle se sont attelés deux chercheurs rattachés au Centre Carnegie pour le Moyen-Orient, à Beyrouth.« Il faut savoir que les partis islamistes sont très exigeants et tentent de s'étendre », affirme d'emblée Amel...

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Parti...Islamiste...Moderé...cherchez l'erreur!

GEDEON Christian

05 h 33, le 17 octobre 2011

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Commentaires (1)

  • Parti...Islamiste...Moderé...cherchez l'erreur!

    GEDEON Christian

    05 h 33, le 17 octobre 2011

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