Rechercher
Rechercher

Tous contre Ahmadinejad ? - Iran

Tous contre Ahmadinejad ?

Qu'ils soient conservateurs ou réformateurs, les trois candidats à l'élection présidentielle du 12 juin fustigent le bilan du président sortant.

Un vent de changement souffle sur le Moyen-Orient. Passera-t-il par l'Iran ? Les élections présidentielles qui auront lieu cette semaine dans la République islamique seront déterminantes pour savoir quelle direction prendront ce pays et la région, surtout après la politique d'ouverture entreprise récemment par le nouveau président américain Barack Obama.
Près de 46 millions d'électeurs iraniens sont appelés aux urnes, ce vendredi 12 juin, pour élire leur président. Candidat à sa propre succession, Mahmoud Ahmadinejad fera finalement face à trois adversaires, Mir Hossein Mousavi, Mehdi Karoubi et Mohsen Rezai, qui fustigent tous le bilan du président sortant. 485 candidats s'étaient déclarés le 10 mai dernier, mais le Conseil des gardiens de la Constitution n'a invalidé que trois nouvelles candidatures.
Le président sortant, candidat représentant le courant ultraconservateur, avait créé la surprise en remportant l'élection présidentielle de 2005. Il est resté inflexible sur le dossier nucléaire, sans oublier ses déclarations provocatrices et polémiques farouchement hostiles à Israël.
Mir Hossein Mousavi est un revenant. Premier ministre pendant la guerre Iran-Irak, il avait pratiquement disparu de la scène politique ces vingt dernières années. Soutenu par l'ancien président réformateur Mohammad Khatami, il affiche une image de modéré. Mousavi est considéré comme le candidat le plus sérieux face au président sortant.
Le religieux Mehdi Karoubi est l'un des deux candidats qui représentent le camp réformateur. En 2005, il avait été éliminé dès le premier tour du scrutin.
Enfin Mohsen Rezai fut le tout-puissant commandant des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique de la République islamique. Considéré comme « conservateur », il critique néanmoins vigoureusement le bilan d'Ahmadinejad.
Les quatre candidats ont axé leur campagne autour du thème de l'économie, un dossier qui domine dans un pays miné par l'inflation et le chômage alors que l'Iran est le quatrième exportateur mondial de pétrole. Les trois rivaux de Mahmoud Ahmadinejad ont sciemment dirigé leurs critiques contre le bilan économique et social du président sortant.
La relation conflictuelle entre l'Iran et l'Occident sur le programme nucléaire est évidemment l'autre enjeu de cette présidentielle. Les quatre candidats affirment unanimement vouloir le poursuivre. La question est de savoir si le prochain président iranien trouvera ou non une sortie de crise négociée pour éviter le durcissement des sanctions internationales ou même une frappe israélienne contre les installations nucléaires iraniennes.
Malgré l'importance des enjeux sur les plans interne, régional et international, certains observateurs considèrent que tous les scénarios sont ouverts quant aux résultats du scrutin qui reste extrêmement incertain, car tous les candidats sont en fait proches, cherchant « l'unité nationale » tout en se livrant à des surenchères verbales sur les grands dossiers du nucléaire, Israël et la  normalisation avec les États-Unis, même si leurs avis divergent sur les méthodes.
Selon Thierry Coville, chercheur associé à l'IRIS et spécialiste de l'Iran,  « il y a de véritables différences entre les candidats, mais tous évoluent à l'intérieur du régime ».
Une affirmation qui confirme le point de vue d'autres analystes considérant qu'un petit nombre de personnes se partagent le pouvoir en Iran. Et tant que le système n'en souffre pas, les ambitions personnelles ou entre les différents clans peuvent s'exprimer plus ou moins librement.
Dans ces conditions d'incertitude, le soutien du guide Ali Khamenei pourrait jouer un rôle décisif. Pour le moment, le guide semble soutenir Mahmoud Ahmadinejad, mais il ne se déclarait pas clairement, car tous les autres candidats sont « acceptables ». Il cherche surtout à être en position de « choisir son président » en fonction des résultats provisoires pour ne pas se couper de la volonté populaire. Politiquement, le guide préfère avoir un président qui soit sensible à ses idées, et ne veut pas renouveler la situation de 1997-2005 qui l'avait opposé à M. Khatami.
L'élection de tout autre candidat qu'Ahmadinejad est cependant présentée comme offrant des perspectives de « discussion rationnelle et d'ouverture » pouvant aboutir à des accords possibles avec la communauté internationale, sans croire toutefois à un changement brutal, mais « la société iranienne change de manière inexorable, sanctions ou pas », affirme M. Coville.
Les jeunes Iraniens pourraient jouer un rôle décisif dans la présidentielle du 12 juin, nombre d'entre eux se mobilisant pour soutenir le candidat Mir Hossein Mousavi, un soutien crucial dans un pays où les jeunes de moins de 30 ans représentent 60 % de la population. « Si les jeunes et les femmes se mobilisent, cela diminue les chances d'Ahmadinejad. Les pasdarans auront sans doute pour consigne de voter pour le président sortant », ajoute Thierry Coville.
L'enjeu principal d'un nouveau président serait-il sur le plan des réformes démocratiques ou bien des réformes économiques ? « La population attend des solutions à la crise économique actuelle. Néanmoins, la répression politique devrait diminuer avec un président plus modéré, Mousavi a annoncé qu'il voulait que des institutions (fédérations, syndicats) de la société civile puissent travailler normalement », affirme M. Coville qui ajoute que les enjeux internationaux (le nucléaire, Israël, les USA) pèseront « moins que les enjeux économiques. Cependant, les élites reprochent à Ahmadinejad l'extrémisme de sa politique étrangère ».

Un vent de changement souffle sur le Moyen-Orient. Passera-t-il par l'Iran ? Les élections présidentielles qui auront lieu cette semaine dans la République islamique seront déterminantes pour savoir quelle direction prendront ce pays et la région, surtout après la politique d'ouverture entreprise récemment par le nouveau président...