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Europa Jaratouna: l'action de l'Europe dans 8 pays sud-méditerranéens - Coopération

Pour mieux favoriser le dialogue et la coopération entre les villes et les sociétés civiles

Avec MED'ACT, puis MED-PACT et enfin CIUDAD, l'Union européenne joue la continuité sur un vaste programme visant à établir des partenariats durables entre les villes et les sociétés de l'UE et de son voisinage.

Le groupe PACEM lors d’une réunion à Aqaba en Jordanie, en avril 2009.

D'aujourd'hui à mercredi se tient à Bruxelles la réunion finale de MED-PACT. Durant ce séminaire consacré aux leçons retenues de ce programme qui a duré trois ans (de 2006 à 2009) et couté près de 5 millions d'euros doit également avoir lieu le lancement formel de CIUDAD, un programme qui s'inscrit dans la continuité de MED-PACT et qui est doté d'un budget de 14 millions d'euros. Ces deux programmes viennent en outre compléter l'action d'un premier projet appelé MED'ACT (un budget d'un million d'euros) qui s'est achevé en 2004.
Ces programmes visent à établir des partenariats durables entre les villes et les sociétés de l'Union européenne (UE) et de son voisinage (au Sud et à l'Est). Cette action fait partie intégrante de la Politique européenne de voisinage (PEV) et de l'esprit du processus de Barcelone qui encourage le dialogue autour du bassin méditerranéen.
MED-PACT comprenait initialement 9 projets, donc 6 restent en cours d'exécution jusqu'à la fin de l'année 2010. Près de 30 villes méditerranéennes partenaires et 25 villes européennes ont participé à ces différents projets (SHAMS, GEMM, PAMLED, STREAM CITIES, PACEM, APUDUI, GUIFORMED, MEDACCESS et ARCHIMEDES). Cette coopération a privilégié « les domaines en rapport avec les stratégies de développement durable en milieu urbain, la mise en œuvre d'une politique spécifique de la ville et le renforcement de la gouvernance locale ».
« Les Européens tentent de transmettre leur propre expérience en matière de décentralisation aux pays du Sud. En effet, la décentralisation est l'une des clés du succès de l'UE. La mise en place de ce système de gouvernance a permis de grandes avancées en donnant plus de pouvoirs aux régions concernant des plans de développement locaux, sans passer par le pouvoir central dans la capitale. Les modèles de réussite sont nombreux, à l'instar de Barcelone en Espagne, de la région PACA en France, etc. », affirme Ziad Moussa, responsable de l'assistance technique pour les bénéficiaires du programme MED-PACT.
Le défi ici étant, selon M. Moussa, d'appliquer la décentralisation dans des régimes centralisés. Pour ce faire, l'UE utilise une méthode « soft » qui consiste à traiter entre les villes pour introduire un concept nouveau dans ces pays. C'est le cas au Liban, en Syrie, en Algérie ou en Tunisie. L'idée est d'introduire des objectifs dans l'action des collectivités locales, dépassant les simples « activités de routine », affirme-t-il, ajoutant que « le rôle des municipalités n'est pas uniquement l'asphaltage des routes et la gestion de l'eau. Les municipalités sont la première ligne de démarcation entre le peuple et le pouvoir ».
À ce niveau, M. Moussa cite deux programmes en exemple. Le projet APUDUI, qui vise à créer une agence d'urbanisme et de développement local en Algérie et en Tunisie. « C'est un service novateur qui vise à centraliser les informations afin qu'elles puissent devenir des outils d'aide à la décision », explique-t-il. Dans le cadre du projet PACEM, une étude d'un niveau international a été réalisée pour la ville de Tripoli au Liban, pour la promotion du tourisme à court moyen et long terme. « Ce fut un apport d'une grande valeur », assure Ziad Moussa.

 La société civile
Pour le responsable, le programme MED-PACT a aussi permis aux responsables de « prendre conscience de la place primordiale de la société civile. Dans tous les projets accomplis dans le cadre de MED-PACT, sans exception, rien n'a été fait en prenant uniquement comme référence les rapports d'experts. Tous les projets ont été soumis à la consultation populaire, à un travail de consensus et à des réunions de validation, etc. ». À l'instar de M. Moussa, Katharina Erler, la responsable du programme MED-PACT/CIUDAD à Bruxelles, estime « qu'à travers MED-PACT, on a fait un pas en avant concernant un rôle plus actif de la société civile ».
Mme Erler souligne également les retombées positives du programme au niveau de la gouvernance. « La bonne gouvernance est l'un des buts principaux de la coopération entre les partenaires européens et méditerranéens, et dans les projets qui ont bien marché, il y a eu des retombées très positives dans ce domaine », note la responsable. Mais en même temps, ajoute-t-elle, « il faut être clair sur le fait qu'un projet de coopération de cette envergure, avec des capacités limitées, ne peut pas renverser tout un système, et ce n'est pas le but non plus d'ailleurs. Il s'agit de prendre des idées pour un travail pratique et quotidien plus efficace dans le cadre local ».
Même son de cloche chez Ziad Moussa. Selon lui, il y a deux approches pour le changement : ou bien un chambardement radical, ou bien un travail de longue haleine pour arriver au but visé. « MED-PACT est parvenu à créer des incidences qui, cumulées, ont abouti à des changements, à une nouvelle dynamique irréversible. Tous les partenaires du Sud ont appris à travailler en se pliant à la rigueur usitée par les partenaires du Nord. C'est une évolution considérable », estime-t-il.
En ce qui concerne les projets qui ont moins bien fonctionné, Mme Erler estime que « la cause principale des déboires serait un mauvais fonctionnement au niveau de la communication interne et externe entre les partenaires, c'est-à-dire entre les villes chargées de l'exécution du projet et les villes bénéficiaires ».

 Continuité et nouveauté
Katharina Erler estime néanmoins que globalement, « ce programme a construit, ou tout au moins a contribué à construire, une coopération entre les villes européennes et méditerranéennes ». Ce qui a créé des liens qui vont continuer et s'approfondir avec le nouveau programme CIUDAD qui s'inscrit dans la continuité de MED-PACT. « Les partenaires qui ont été bien impliqués dans le premier programme et qui ont eu un suivi rigoureux du projet ont été choisis dans d'autres projets inclus dans le nouveau programme », explique-t-elle.
Par ailleurs, Mme Erler affirme que la société civile sera encore plus impliquée dans CIUDAD que dans MED-PACT, où l'accent était encore fortement placé sur les autorités locales. CIUDAD, qui comprend déjà plus de 21 projets, comporte en outre une composante qui n'existait pas dans MED-PACT. « MED-PACT concernait uniquement les pays du bassin méditerranéen voisins de l'UE, alors que CIUDAD concerne tout le voisinage de l'UE, incluant donc les pays de l'Europe de l'Est (Biélorussie, Ukraine, Moldavie, Géorgie, Azerbaïdjan, Arménie et Russie) », explique Mme Erler. Le nouveau programme permettra en outre une coopération entre les pays méditerranéens et les pays de l'Europe de l'Est. L'on peut ainsi imaginer un partenariat entre Ukraine et Tunisie, par exemple.
CIUDAD prévoit également d'accentuer l'importance accordée au développement durable en matière d'environnement. Globalement, CIUDAD sera divisé en trois thèmes : durabilité environnementale et efficacité énergétique, développement économique durable et réduction de la disparité sociale et enfin bonne gouvernance et planification urbaine durable. En outre, un site Internet sera bientôt lancé.
Pour Ziad Moussa, « tous les projets déjà réalisés ont créé des dynamiques qui vont se poursuivre au-delà du programme MED-PACT. Ils ont créé une synergie et une base de réflexion qui seront non seulement utilisées dans CIUDAD, mais aussi dans d'autres projets indépendants ». D'où le véritable succès de ce programme européen.

Europa Jaratouna est un projet médiatique initié par le consortium L'Orient-Le Jour, al-Hayat, LBC, et élaboré avec l'aide de l'Union européenne. Il traite des actions de l'UE dans 8 pays du Sud de la Méditerranée. Pour en savoir plus, visitez le site www.eurojar.org. Le contenu de cette publication relève de la seule responsabilité de L'Orient-Le Jour et ne peut aucunement être considéré comme reflétant le point de vue de l'Union européenne.
D'aujourd'hui à mercredi se tient à Bruxelles la réunion finale de MED-PACT. Durant ce séminaire consacré aux leçons retenues de ce programme qui a duré trois ans (de 2006 à 2009) et couté près de 5 millions d'euros doit également avoir lieu le lancement formel de CIUDAD, un programme qui s'inscrit dans la...