Le gouvernement a reconnu de fait la crise et assuré prendre des mesures, créant notamment une commission officielle.
C'est dans la Vieille ville de Homs (centre), assiégée depuis six mois par l'armée, que la situation est la plus dramatique.
"Nous devons utiliser de la farine périmée pour faire du pain. Mais nous avons dû en jeter un tiers, infesté de vers, et il n'y a pas de levure. Quant à l'eau, nous devons filtrer de l'eau stagnante car nous n'avons plus d'eau courante", raconte à l'AFP via Skype Abou Khaled, 30 ans.
Pour Abou Bakr, un autre habitant de Homs, "le pire, ce sont les gens qui ont des problèmes de santé, comme du diabète ou des insuffisances rénales".
"Ils mangent du blé concassé et des tomates séchées, mais pour combien de temps encore? Même la nourriture que nous trouvions dans les maisons abandonnées par ceux qui ont fui commence à manquer".
Dans la banlieue de Damas, où les combats font rage entre l'armée et les rebelles, c'est aussi une bataille quotidienne pour l'accès au pain. A Daraya, les habitants tentent de sauver les stocks de farine, selon Abou Kinan, un militant joint via Skype par l'AFP.
"L'armée avait installé un barrage près d'une boulangerie empêchant l'accès des clients. Quand elle s'est retirée, nous sommes allés chercher de la farine avant que l'armée ne revienne pour bombarder ou brûler la boulangerie et détruire ses stocks comme à son habitude", raconte-t-il.
Même à Jaramana, une banlieue pro-régime, Mohammed affirme attendre "deux à trois heures" devant la boulangerie. "Je fais la queue la nuit pour ne pas perdre des heures de travail", explique ce chauffeur de taxi à l'AFP.
"J'achète un sac d'une quinzaine de pains pour 15 livres syriennes (0,16 USD au marché noir). Il y a des gens qui en achètent pour les revendre aussitôt devant la boulangerie à 50 livres", ajoute-t-il.
Flambée des prix
Dans la province de Raqa (nord), "la situation humanitaire est très mauvaise", estime Thaër al-Raqqi, un militant joint via Skype par l'AFP.
"Le pain, quand on peut en trouver, coûte aujourd'hui deux dollars", affectant les habitants de la région mais aussi les dizaines de milliers de déplacés qui s'y sont réfugiés, souligne-t-il.
Plus à l'ouest, les habitants d'Alep --déchirée par plus de quatre mois de guérilla urbaine-- et de sa région ne trouvent plus de pain depuis près d'une semaine, pour la première fois depuis le début du conflit il y a près de 21 mois.
Daoud, la vingtaine, du quartier de Seryane al-Qadim, affirme à l'AFP que "la boulangerie du quartier n'a pas fonctionné depuis samedi à cause d'une pénurie de farine et de carburant, affectant les nombreux habitants du quartier et tous les déplacés".
Lui qui vit seul avec sa mère dit ne pas trop en souffrir, mais "les familles nombreuses (...) manquent de cette denrée de base".
En outre, souligne Moustafa, père de cinq enfants, "même s'il reste une boulangerie étatique qui vend du pain près de chez moi, il est impossible d'y accéder à cause des combats".
Lui aussi fait état d'une flambée des prix. Il rapporte que "l'arrêt des boulangeries a permis à quelques commerçants de proposer à 200 livres les sachets vendus officiellement à 15 livres".
Pour Abou Samer, propriétaire d'une boulangerie à Alep, cette hausse s'explique par "le prix du carburant multiplié par quatre sur le marché noir" et la hausse du prix de la farine, importée de Turquie et vendue aussi au marché noir.
Il craint par ailleurs que la crise dure "car des hommes armés ont pris des silos au sud et à l'ouest d'Alep".
Outre la crise du pain, les habitants doivent aussi faire face depuis des mois à des pénuries d'électricité, de gaz et surtout de médicaments.
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