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Culture - Concert

Rima Tawil ou la grâce infinie de l’art lyrique à la salle Gaveau

Et puis, au bout de ce vendredi sombre et sanglant, il y eut le chant lyrique de Rima Tawil dans la prestigieuse salle Gaveau. Insufflant dans les cœurs lourds des Libanais de Paris et de leurs nombreux amis français présents la chaleur de l’espoir et le souffle bienfaisant de la vie invaincue.

Rima Tawil, une soprano confirmée. Photo Wissem Triki

Interprétant de manière sublime des airs d’opéra de Jules Massenet, extraits de ses plus grandes œuvres lyriques, comme Le Cid, Werther, Hérodiade, Thaïs, La Vierge, Ariane. Exaltant, de sa belle voix profonde de soprano, la poésie de l’amour ou versant dans les cœurs le baume apaisant d’une prière, tel ce Pie Jesu tout en émotion et en retenue dédié «aux victimes de l’horrible massacre survenu à Beyrouth».


Tout le talent de Rima Tawil, avec sa technicité maîtrisée et sa sensibilité, s’est déployé ce soir-là dans l’élégant écrin de la rue La Boétie, adresse appréciée des mélomanes avertis.


C’est sous le signe de l’hommage à Massenet, à l’occasion de son centenaire, que la cantatrice franco-libanaise avait choisi de placer son année lyrique, sortant au mois de mars dernier son très beau CD Rêve Infini (chez Integral Classic) puis, récemment, un nouvel album de 24 mélodies, toujours de Massenet, intitulé Je t’aime. Mais c’est sans conteste dans le contact direct avec son public, constitué de connaisseurs et de véritables «fans», que la cantatrice atteint au sommet de son art, en déroulant l’infinie palette de sa voix au timbre velouté et puissant. Magistralement accompagnée au piano par le grand Jeff Cohen, par le virtuose Pierre Lénert, premier alto supersoliste de l’Orchestre national de Paris et par la violoncelliste Carine Balit au jeu sensible, Rima Tawil a offert un récital de très grande qualité. Entre elle et ses musiciens l’accord était parfait. Une véritable symbiose. Cette chaude complicité a permis à la cantatrice de dérouler, avec toute la générosité qui la caractérise, l’exceptionnelle agilité de sa voix et toute son amplitude, dans des morceaux aussi variés que difficiles. À travers ces morceaux chargés de beauté et d’émotion (Ariane, «C’était si beau»), mettant en valeur sa voix dramatique, (Hérodiade: «Il est doux, il est bon», Le Cid: «Tu vas mourir, Pleurez mes yeux »), valorisant sa tessiture grave (très bel Ave Maria sur la Méditation de Thaïs) ou nécessitant une performance vocale de grande diva (Thaïs: «Dis-moi que je suis belle», Le Cid : « Pleurez mes yeux»), tantôt grave, tantôt mutine, la soprano a tour à tour dispensé gaieté, mélancolie, exaltation. Quant à l’oratorio sublime de La Vierge (Rêve Infini), où elle chante des pianissimos sur une note aiguë, arrachant des larmes d’émotion à l’auditoire, il démontre à lui seul le degré de perfection technique atteint par Rima Tawil, par la vertu d’un labeur quotidien et d’une solide expérience
internationale.


Le public ne s’y est pas trompé, qui a salué d’une longue ovation et bissé Tawil à l’issue du concert. Il a eu droit à une éblouissante «Sevillana» (Don César de Bazan), exigeant une interprétation de soprano colorature, que Rima Tawil, armée de castagnettes, a rendue avec un brio exceptionnel, achevant de conquérir l’assistance.
Ce soir-là, le public de la salle Gaveau a connu un moment de grande plénitude. La beauté de l’art est une aurore qui se lève toujours, une promesse de bonheur sans cesse renouvelée. La voix de Rima Tawil, où tressaille l’âme biblique du Liban, réveille le printemps dans le cœur des hommes.

Interprétant de manière sublime des airs d’opéra de Jules Massenet, extraits de ses plus grandes œuvres lyriques, comme Le Cid, Werther, Hérodiade, Thaïs, La Vierge, Ariane. Exaltant, de sa belle voix profonde de soprano, la poésie de l’amour ou versant dans les cœurs le baume apaisant d’une prière, tel ce Pie Jesu tout en émotion et en retenue dédié «aux victimes de...

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