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Culture - Street art

Des sculptures carrément scotchantes !

Les mises en scène bizarres et insolites du facétieux Mark Jenkins subvertissent le paysage urbain des Souks du centre-ville de Beyrouth où l’artiste américain réserve deux bonnes surprises aux passants.

Scène pour le moins insolite se déroulant dans les Souks de Beyrouth. Photo Michel Sayegh

Allongée sous un banc, une femme a l’air de dormir. Silhouette inerte, en jean, sweat-shirt rouge et chaussette blanche, chevelure rousse et visage tourné vers le sol. Est-elle tombée? Victime d’une attaque? D’un malaise? Ou est-ce une SDF? Mais au fait, y a-t-il des «sans domicile fixe» dans les Souks de Beyrouth, cet îlot de boutiques luxueuses quadrillé par les agents de la sécurité? Ces questions et bien d’autres sans doute passent à cent à l’heure dans l’esprit du passant dont la réaction passe le plus souvent de la surprise à la stupéfaction, laissant le voyeur désorienté, troublé, ou tout bonnement amusé lorsqu’il réalise (enfin!) qu’il s’agit de personnages non réels, des «sculptures» réalisées avec du scotch.


Deux autres clones humains, en suspension sur le toit des Souks, ne passent pas inaperçus non plus. Des situations bizarres et hilarantes, mises en scène par l’artiste Mark Jenkins. Un véritable théâtre de rue, scotchant, à plus d’un niveau...


À l’évidence, le street art prend de plus en plus d’ampleur à Beyrouth (une pensée pour le Beirut Street Festival qui, semble-t-il, ne sera pas des nôtres cette année, pour des raisons logistiques et financières. Dommage...). Un essor qui doit beaucoup à l’heureuse initiative de « White Wall » (exposition de graffitis au Beirut Art Center et dans la ville en collaboration avec la Fondation Saradar), qui a doré le blason du graffiti. Adopté, durant les événements, comme langage de guerre entre les différentes factions ennemies, le graffiti s’est transformé en «guerre des signatures» puis en véritable art de la rue, coloré, pensé, codé et admiré. 
Dans la lignée de ce White Wall, les sculptures incongrues de Jenkins, exposées aussi au BAC, notamment une fille assise sur une cuvette de toilette et un graffeur bombant le mur d’un «This is not art» tonitruant. Mark Jenkins, qui s’est en effet spécialisé dans l’art d’installer des personnages grandeur nature dans les positions les plus inhabituelles, en a déposé deux dans les Souks de Beyrouth. Très important à signaler : l’Américain utilise du simple ruban adhésif transparent pour créer ses œuvres en 3D.

 

 

 


Jenkins a étudié la musique, le saxophone et le rap électronique. Il a obtenu un diplôme en géologie et ne s’est intéressé à la sculpture que plus tard en voyant l’exposition de Juan Munoz au Hirshhorn Museum de Washington en 2001.


À mi-chemin entre sculpture, happening et street art, ses installations fragiles (elles sont laissées sur le site jusqu’à leur érosion naturelle) s’opposent aux autres formes de sculptures officielles, mémorielles. 
Pour s’assurer qu’elles ne vont pas s’effondrer, il utilise plusieurs centaines de mètres pour chaque sculpture... et s’arme de patience. Toutes les sculptures de Jenkins sont modélisées à partir de son propre corps et de celui de son assistante Sarah. Cela fait maintenant cinq ans qu’ils scotchent inlassablement, à quatre mains. Jenkins est venu au tape art par hasard. Il n’a fait aucune école d’art et n’a jamais appris les bases de la sculpture. Ses œuvres ont déjà été exposées en Amérique, en Europe et en Asie, et elles ont fait de lui un artiste mondialement célèbre. 
De temps à autre, l’artiste filme les réactions suscitées par son travail d’un bout à l’autre du monde, observant les différences d’appréhension de ce concept selon les cultures. Mais le but de ces installations n’est pas de provoquer. «C’est avant tout une expérience sociale d’altération de la réalité», affirme-t-il. Alors qu’une première monographie, «The Urban Theatre», regroupe l’essentiel de ses projets, son site Web propose un «tutorial» ainsi qu’une courte vidéo dévoilant la technique de fabrication de ses moulages. Il enseigne également son processus de collage lors des conférences et ateliers qu’il anime au fil de ses voyages.


En plus de ces installations urbaines éphémères, l’artiste commence à exposer dans les galeries des capitales européennes. Après Berlin en février, Mark Jenkins dévoile actuellement son travail à Rome.
À signaler, pour l’anecdote, que l’artiste avait installé une sculpture d’un homme pendu sur le toit du BAC. Mais les FSI sont vite intervenues, croyant avoir affaire à une tentative de suicide réelle !

Allongée sous un banc, une femme a l’air de dormir. Silhouette inerte, en jean, sweat-shirt rouge et chaussette blanche, chevelure rousse et visage tourné vers le sol. Est-elle tombée? Victime d’une attaque? D’un malaise? Ou est-ce une SDF? Mais au fait, y a-t-il des «sans domicile fixe» dans les Souks de Beyrouth, cet îlot de boutiques luxueuses quadrillé par les agents de la...

commentaires (1)

Bravo pour le talent de Mark Jenkins mais malheureusemnent les souks de Beyrouth restent toujours timides par rapport au passé. Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

07 h 16, le 03 octobre 2012

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Commentaires (1)

  • Bravo pour le talent de Mark Jenkins mais malheureusemnent les souks de Beyrouth restent toujours timides par rapport au passé. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    07 h 16, le 03 octobre 2012

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