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Culture - Festivals

« Montpellier danse » la Méditerranée aux identités multiples et nomades

Depuis le 22 juin et jusqu’au 7 juillet, Montpellier conjugue le verbe danser au temps (résolument) présent, sur des scènes multiples éparpillées dans le cœur de la vieille ville et à travers des gestes et des mouvements où se lient, se tressent et s’enlacent des accents agonistiques, entre culture pointue et culture populaire.

Droit de photo. Michel Cavalca

Partout, une culture aux couleurs des identités multiples, nomades et colorées de la Méditerranée dont cette 32e édition du Festival «Montpellier Danse» se propose d’en faire (re)découvrir le goût. Elle invite donc des artistes du Maroc, d’Iran, de Turquie, d’Espagne et du Liban aux côtés de compagnies internationales venues des États-Unis, du Japon ou d’Allemagne. Portant l’étendard du pays du Cèdre, deux jeunes femmes au talent sûr: la chorégraphe danseuse Danya Hammoud et la photographe Rima Maroun qui présente trois expositions dont «Murmures», prix Anna Lindh 2008.
Une programmation éclectique et résolument contemporaine donc pour cette 32e édition qui se propose de présenter «Le goût de la Méditerranée», avec Mourad Merzouki, danseur chorégraphe d’inspiration hip hop, au titre d’artiste associé. Le hip hop, cette danse aux saveurs fortement méditerranéennes qui inspire également le logo de Montpellier Danse 2012: ses mouvements enchevêtrés et formant comme une calligraphie orientale, entre courbes arabisantes et élancements ascensionnels japonisants.
Devant 30000 spectateurs – entre passionnés et néophytes, circulant dans les dédalles piétonnes de la vieille ville verdoyante au charme délicatement suranné pour sautiller d’une scène à l’autre – 32 chorégraphes présentent 52 représentations, dont 19 créations. Au total, 120 rendez-vous pour un budget de 3,08 millions d’euros. Ce festival, entre spectacles, projections, ateliers pédagogiques et expositions, a réussi à ne pas en douter à asseoir la réputation de Montpellier comme lieu de création de danse contemporaine.
La thématique de cette année n’a pas été sans provoquer quelques remous chez certains esprits grincheux. Contre ses détracteurs qui l’accusent d’avoir «profité» du «terreau fertile» des postrévolutions arabes et de porter l’alibi politique a un effet de mode, le directeur du festival Jean-Paul Montanari se défend de tout opportunisme et affirme que sa programmation a été concoctée dès 2009.
Créé en 1981 par Georges Frêche et Dominique Bagouet, le Festival Montpellier Danse souhaite montrer toutes les danses au nombreux public qui fréquente ses salles: classique, contemporaine, traditionnelle. Aux grands spectacles répondent des créations les plus pointues qui permettent à chacun de découvrir toute l’étendue et la diversité de cet art: hip hop, danse africaine, flamenco, cirque... les arts chorégraphiques.
Après s’être intéressé aux compagnies vivant à Tel-Aviv en 2011, le festival poursuit le tour de la Méditerranée en invitant les artistes de Tunisie, du Maroc, du Liban, de Turquie... autres œuvres aux esthétiques et imaginaires apparemment disjoints. Apparemment, car liberté et transdisciplinarité ne signifient ni chaos ni incohérence. S’il fallait toutefois chercher une clé de lecture, un dénominateur commun à toutes ces œuvres, on les trouverait sans doute... en France, ce terreau fertile qui a accueilli, à un moment ou un autre, plus ou moins longtemps, les artistes en question.
Les créations originales sont d’ailleurs une fierté du festival. On n’en compte pas moins de dix-neuf cette année, dont Twin Paradox de Mathilde Monnier, directrice du centre chorégraphique national de Montpellier: elle y évoque la notion d’épuisement et les marathons de la danse des années 20 aux États-Unis. Des poids lourds également dans ce festival, avec le Japonais Saburo Teshigawara, l’Américain William Forsythe et l’Espagnol Andrés Marín, un fidèle (Raimund Hoghe) et une découverte (le ballet américain Cedar Lake) complètent cette affiche qui entend conforter Montpellier dans son statut de capitale cosmopolite de la danse contemporaine dans le sud de la France.
La danse africaine n’est pas en reste avec Salia Sanou, sans oublier le Maroc de Bouchra Ouizguen, ou le Liban de Danya Hammoud (dont le travail, ainsi que celui de Rima Maroun seront explorés en profondeur dans un article à suivre), en passant par la Turquie de Mustapha Kaplan et Filiz Sizanli, le festival donnera une idée de cette danse multiple: la diversité des situations, parcours et intentions, interdit toute généralité.
Une édition qui dessine, à ne pas en douter, une passionnante chorégraphie géographique. Pourquoi pas une «chorégéographie» aux frontières des conflits tiraillant le monde d’aujourd’hui.
Partout, une culture aux couleurs des identités multiples, nomades et colorées de la Méditerranée dont cette 32e édition du Festival «Montpellier Danse» se propose d’en faire (re)découvrir le goût. Elle invite donc des artistes du Maroc, d’Iran, de Turquie, d’Espagne et du Liban aux côtés de compagnies internationales venues des États-Unis, du Japon ou d’Allemagne. Portant...

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